Roland-Garros 2021 : Au terme d'un combat de plus de trois heures, Barbora Krejcikova s’offre Maria Sakkari et une première finale en Grand Chelem
Barbora Krejcikova, tombeuse de Maria Sakkari jeudi, rejoint Anastasia Pavlyuchenkova en finale de Roland-Garros.
Déroutante ! Au terme d’une rencontre davantage marquée par son scénario palpitant que par la qualité du jeu, Barbora Krejcikova, 33e mondiale, est venue à bout de Maria Sakkari (tête de série n°17), battue en trois manches (7-5, 4-6, 9-7) et 3h18 de jeu. La Tchèque a, jusqu’au bout, joué avec ses nerfs, et surtout avec ceux du public du court Central acquis à la cause de la Grecque. Lauréate de Roland-Garros en double il y a trois ans, Krejcikova tentera de réitérer l'exploit, dimanche en finale du simple cette fois-ci, face à la Russe Anastasia Pavlyuchenkova.
Une finale et un titre en double porte d'Auteuil, c'est bien. Mais s'offrir la chance de soulever la Coupe Suzanne-Lenglen, c'est encore mieux. Barbora Krejcikova, titrée à Roland-Garros avec sa compatriote Katerina Siniakova en 2018, est aux anges. Car après avoir coché la première case, elle tentera de valider la seconde samedi. La Tchèque a pourtant mis du temps avant de rentrer dans sa demi-finale face à une Maria Sakkari qui voulait rapidement imposer sa loi en breakant dès le premier jeu. Mais dans la foulée, Krejcikova n’a pas paniqué et a lancé ce qui est finalement le thriller de cette quinzaine parisienne.
10 fautes directes et 0 coup gagnant pour commencer
Car il lui fallait un cœur, et des nerfs très solides pour tenir le rythme haché et le scénario complètement fou de cette demi-finale inédite terminée au couché du soleil. Tendue, tout comme son adversaire, la Tchèque a alterné le très mauvais et le remarquable. D'abord en grande difficulté derrière sa ligne, Krejcikova a arrosé pendant 25 longues minutes pour lancer son match, avec 10 fautes directes et pas le moindre coup gagnant. Heureusement pour elle, Maria Sakkari, elle aussi probablement stressée à l'idée d'être si proche de trouver le Graal, n'a pas réussi à confirmer sa supériorité dans l'échange. Mais sur une succession de cadeaux, Maria Sakkari s'est sabordée, petit à petit, à l'image de ces huit points offerts en fin de première manche et après 58 minutes de lutte intense (7-5).
Le deuxième set, pourtant rondement mené par la Grecque (6-4), ne fut qu'un arbre cachant une forêt noire de démons pour la 18e joueuse mondiale. Son mental en fer forgé s'est ramolli au moment de conclure et alors qu'elle bénéficiait des nombreuses fautes directes de son adversaire (58) et d'un service plus fiable. En face, la Tchèque restait dans sa bulle. Barbora Krejcikova, du haut de ses 25 ans, et alors qu'elle dispute seulement son cinquième tableau principal d'un Grand Chelem, devenait de plus en plus imperméable à toute l'électricité que pouvait générer le scénario improbable du match.
Des ogives et du mental
Car après avoir sauvé une balle de match sur son service à 5-3 dans le 3e set, elle a mis juste ce qu'il fallait d'agressivité pour pousser Sakkari à la faute au moment de servir pour le match. Ce renversement fût décisif. Un déclic. Celui de la championne qui sait s'isoler dans sa bulle au moment de conclure et de viser juste. De rester concentrée sur l'objectif ultime. En trouvant la fameuse "zone" des champions, Krejcikova a ainsi changé son jeu, variant davantage, restant toujours aussi fiable au filet (13 points sur 17 remportés au filet) et surtout abusant, avec insolence, de balles hautes et lobées.
Une stratégie payante puisque ces ogives allaient complètement perturber celle qui n'avait lâché qu'un set jusqu'ici (Elise Mertens au 3e tour). De plus en plus en proie à ses doutes, et surtout moins juste (27 fautes directes dans le seul 3e set !) dans ses frappes qui avaient fait sa force, Sakkari a sombré petit à petit. Après quatre première tentatives, la cinquième balle de match était la bonne pour Barbora Krejcikova.
Après 3h18 d'un thriller intense, la jeune tchèque de 25 ans pouvait avoir des crampes. Des maux qu'il faudra vite panser car une finale rugueuse, contre l’expérimentée, Anastasia Pavlyuchenkova (29 ans, 32e mondiale), tombeuse de la révélation du tournoi, Tamara Zidansek, l'attend. Et nul doute qu'un deuxième sacre ici à Roland-Garros, le plus beau qui plus est, la fera rentrer dans une autre dimension.
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