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Ça s'est passé un 5 juin 1983 : Yannick Noah vainqueur de Roland-Garros !

Cinquante millions de Noah soutiennent le champion français ce dimanche 5 juin 1983, en finale des Internationaux de France, contre le Suédois Mats Wilander. En trois sets, Noah fait chavirer de bonheur la France entière. Trente-sept ans après Marcel Bernard en 1946, un Français remporte enfin Roland-Garros.
Article rédigé par Alain Vernon
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4min
 

Il s’est agenouillé sur la terre ocre comme Björn Borg, l’année où le champion suédois tire sa révérence à 26 ans seulement. Puis il a sauté au-dessus du filet pour courir vers son père, fou de bonheur et descendu instantanément de la tribune de la porte d’Auteuil. Et enfin, le public a envahi ce court central béni. Yannick Noah, star du tennis français, numéro 6 mondial, vient de gagner ! Dans la chaleur trouble d’un dimanche de juin, le jeune franco-camerounais aux tresses rasta offre enfin au tennis français un succès à Roland-Garros, devenant le cinquième Français à remporter le titre du simple messieurs des Internationaux de France après René Lacoste (1925-27-29), Henri Cochet (1926-28-30-32), Jean Borotra (1931) et Marcel Bernard en 1946.

Ce rêve de minime lorsqu’il est arrivé à Paris pour faire des courts de Roland-Garros sa maison, Titi, devenu Yann, l’a exaucé en trois sets contre le jeune tenant du titre, le suédois Mats Wilander. Le scandinave a souvent du mal à entrer dans ses matches. Alors Yannick cogne au service, monte au filet, impose sa force animale, sa rage de vaincre. 

La première manche est expédiée en 36 minutes. Malgré une défense impressionnante et des relances exceptionnelles du fond du court, Wilander est mené 2-0. La troisième manche pousse Noah dans ses derniers retranchements physiques. Il boit beaucoup, des boissons sucrées, se masse souvent les mollets... La victoire est proche et loin à la fois. D’autant que dans le jeu décisif, le suédois réussit un lob splendide. Mais Noah, étincelant, s’impose quand même. 6-2, 7-5, 7-6 ! A genoux sur la terre battue, Noah fait pleurer tout un pays ! 

Cette communion nationale restera l’un des temps forts du sport français pour longtemps. Son premier réflexe est pour son père, Zacharie, un ancien défenseur élégant qui a fait sa carrière professionnelle à Sedan, où Yannick est né et où son papa a même gagné une Coupe de France avec les Sangliers des Ardennes en 1961 contre Nîmes. Dans les bras de son père, Yannick au large sourire et aux dents écartées, pleure à chaudes larmes. Sa maman, Marie-Claire, une institutrice des Ardennes que Zacharie a rencontré à Sedan, applaudit dans la tribune les larmes aux yeux. Toute sa famille est là et le jeune champion, ivre de fatigue et d’émotion, lâche au micro de Jean-Michel Leulliot : "J’ai gagné pour ma famille, mes amis, pour vous tous, la grande famille du tennis, pour la France et mon deuxième pays, le Cameroun." Tout est dit.

Et Wilander de lui répondre : "Aujourd’hui, Yannick était trop fort pour moi. Je savais que le seul moyen de le freiner, de le bloquer, était d’avoir une réussite de 100% dans mes passings. Or je suis loin du compte."

Yannick Noah reçoit ensuite des mains de Marcel Bernard, dernier vainqueur à Paris et sous le regard ému en tribune d’honneur des Mousquetaires René Lacoste et Jean Borotra, la précieuse Coupe attribuée au vainqueur de Roland-Garros. Noah qui n’a concédé qu’un seul set dans le tournoi, contre Yvan Lendl en quart de finale, n’oublie pas ceux sans qui il n’aurait jamais pu réaliser son rêve : son coach Patrice Hagelauer et Jean-Paul Loth, le directeur technique national de l’époque. Le président François Mitterrand lui adresse des félicitations : "Vous êtes un exemple", lui écrit-il.

Yannick Noah , propulsé à 23 ans parmi les cinq meilleurs joueurs mondiaux, est la nouvelle étoile du sport français et rejoint les monstres de l’époque : Hinault, Rives, Platini, Prost... A ce jour, aucun Français n’a plus gagné à Roland-Garros depuis le triomphe de Noah...

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