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Ils étaient gamins quand Yannick Noah a gagné à Roland-Garros : 40 ans après, ces sportifs français se souviennent

Frank Lebœuf, Luc Alphand, Jean Alesi, Raphaël Ibañez, Bruno Marie-Rose : pour ces champions français, la victoire de Yannick Noah en 1983 à Roland-Garros a été une source d'inspiration. Et une émotion qui reste intacte.
Article rédigé par Fabrice Abgrall
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5min
Yannick Noah à Roland-Garros le 5 juin 1983. En bas : Frank Lebœuf, Luc Alphand, Jean Alesi, Raphaël Ibañez et Bruno Marie-Rose. (AFP - MARTIN SYLVEST / RITZAU SCANPIX / AFP - JULIEN DELFOSSE / DPPI VIA AFP - SERGE TENANI / HANS LUCAS VIA AFP - LAURENT THEILLET / SUD OUEST / PHOTOPQR / MAXPPP - PIERRE-PHILIPPE MARCOU / AFP)

Ils n'étaient pas au stade, mais devant leur télévision. Ils étaient tout gamins, adolescents ou déjà presque adultes. Il y a 40 ans, ils ne représentaient rien d'autre que des espoirs du sport français. Mais ce 5 juin 1983, ils ont vu Yannick Noah remporter Roland-Garros. Yannick Noah devient alors le symbole de la réussite et de la France qui gagne.

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Frank Lebœuf, champion du monde de football en 1998, avait quinze ans en 1983. "C'est monumental parce que ça amène beaucoup de fierté, beaucoup d'exemplarité. Quand t'es gamin, tu veux être comme lui, tu veux être grand comme lui, tu veux être beau comme lui. Tu veux être aimé des Français. Il représente la réussite, le gamin qui bosse dur pour y arriver. Et ça, c'est extraordinaire pour un gamin comme moi de quinze ans qui veut être footballeur professionnel. Il faut y croire, il ne faut rien lâcher, il faut se défoncer. Et il a été vraiment un exemple pour notre génération, alors qu'on n'est pas dans le même sport."

Frank Lebœuf, Luc Alphand, Jean Alesi, Raphaël Ibañez, Bruno Marie-Rose... 40 ans après, ils se souviennent de la victoire de Yannick Noah à Roland-Garros

Yannick Noah devient une source de motivation. Et même pour certains, le début d'une inspiration. Luc Alphand a remporté la Coupe du monde de ski en 1997. En 1983, il avait 17 ans. "Je pense qu'on puise une certaine inspiration des Français qui gagnent. Et forcément, ça inspire. Je ne sais pas si on peut servir d'exemple, mais en tout cas, ces moments, ils vous boostent. Je ne sais pas si à l'époque, je réalisais vraiment l'étendue ou la grandeur de l'exploit de Yannick. On ne se rend pas compte de ce que ça peut amener et de ce que ça représente."

"C'était majestueux, en fait"

Cela représentait la force de la détermination. En sport, quand on y croit, tout est possible. C'est ce qu'a retenu à l'époque Jean Alesi, l'ex-pilote de Formule 1. En 1983. Il avait 19 ans. "C'est quelque chose que personne ne peut oublier, surtout ma génération. On était des jeunes plein d'espoir sur notre futur. Yannick Noah, ça a été le grand exploit sportif, mais aussi la victoire de quelqu'un qui veut y arriver et qui arrive."

Et puis, en 1983, Yannick Noah en imposait "tennistiquement" et physiquement. Raphaël Ibañez était le talonneur de l'équipe de France de rugby, vainqueur du Tournoi des Six Nations en 1998 et 2002. En 1983, Raphaël Ibañez avait 10 ans. "C'était d'abord cette ambition dans le jeu, ce grain de folie qui emportait le Central sur certains points disputés. Notamment, cette sorte de service-volée et comment il arrivait à s'étendre et à se détendre pour aller chercher des balles impossibles au filet. Ça, je trouvais ça génial, incroyable. C'était majestueux, en fait."

"Moi, j'ai encore la chair de poule"

Mais aujourd'hui, Yannick Noah a dépassé le simple cadre du sport. Il reste le champion de Roland-Garros, certes, mais aussi un exemple d'une reconversion réussie dans la chanson. Yannick Noah, néanmoins, n'a jamais oublié d'où il venait. Aujourd'hui encore, il continue de véhiculer les valeurs du sport. Bruno Marie-Rose a détenu en athlétisme le record du monde du 4 × 100 m en 1990. En 1983, il avait 18 ans. "Ce qui fait bizarre, c'est que mes enfants le connaissent plus en tant que chanteur qu'en tant que sportif. Mais au-delà de son résultat, ce sont aussi toutes les valeurs du sportif cool qui prend plaisir à la pratique de son sport. Et je pense que c'est important aujourd'hui. Surtout qu'il y a un niveau de performance qui est très difficile à atteindre aujourd'hui. Il ne faut pas que le sportif oublie de se faire plaisir dans la pratique de son sport. Et je pense que Yannick est bien placé pour ça."

La victoire de Noah à Roland-Garros, ce sont des images installées à jamais dans l'histoire du sport. 40 ans après, Luc Alphand, Frank Lebœuf, Jean Alesi et Raphaël Ibañez se souviennent. "C'est le maillot blanc et jaune, commence Luc Alphand. Et les dreads. C'est ça, l'image de Noah. Et la dernière, celle qui a fait le tour du monde, avec la balle qui sort, la balle de Wilander qui est dehors, et Yannick qui s'agenouille". "Moi, j'ai encore la chair de poule quand je vois ça, poursuit Frank Lebœuf. Quand il gagne, qu'il se met à genoux, qu'il se met en face de sa famille, son père qui saute, qui l'embrasse...". "Et tous les deux pleuraient dans les bras l'un de l'autre, enchaîne Jean Alesi. C'était exceptionnel, vraiment un grand moment." "Un des moments les plus émouvants du sport français", conclut Raphaël Ibañez.

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