"Tess Ledeux a besoin de se mettre en confiance"
Tess Ledeux a ouvert son compteur en Coupe du monde cette saison.
Sylvain Lombard : "Une belle victoire. Elle a réussi à faire un beau run, elle a enchaîné des figures de toute beauté sans faire de faute. Les conditions météorologiques étaient belles donc elle a pu montrer son freestyle chez elle. Être à domicile ne change pas grand chose. On peut dire que ça peut être différent par rapport au terrain si on le connaît mais on n'a pas plus skié que les autres ici. Il y a aussi une petite pression supplémentaire. A domicile on veut toujours montrer le meilleur de nous-même. Tess gère bien cette pression. L’année passée (Tess Ledeux avait aussi remporté la Coupe du monde de Font Romeu), c’était un peu particulier parce que les conditions étaient un peu difficiles donc ils avaient gardé le résultat sur les qualifications. Cette année, les conditions étaient parfaites et on a pu voir le meilleur niveau des filles."
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En freestyle, enchaîner les succès est peut-être encore plus important que dans d’autres sports...
S.L.: "Enchaîner les victoires est important pour la confiance. C’est important pour la progression en elle-même sur le ski freestyle et ça l’est encore plus pour aller chercher des résultats. Il faut emmagasiner de la confiance pour s’entraîner et passer la compétition sans tomber en réussissant ses figures. Moins on tombe, plus on est en confiance. Mais c’est aussi important parce que c’est une discipline à jugement donc les meilleures sont toujours plus observées. Et c’est sûr que le podium ou le top 5 de chaque compétition reste gravé dans la mémoire des juges pour la compétition suivante et ils sont plus attentionnés pour ne pas faire d’erreur."
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En début de saison, Tess Ledeux s’était loupée à Stubai (Autriche). Comment l’expliquer ?
S.L.: "Les conditions étaient dantesques en Autriche pour les qualifications, du vent avec un peu de neige et donc une mauvaise visibilité. Tess a fait des petites fautes qui ont fait qu’elle n’a pas pu enchaîner son run. Après il faut rappeler que le freestyle est un sport très aléatoire. C’est un peu tout ou rien. Les athlètes du haut de tableau tentent toujours des figures difficiles. C’est rare dans notre sport qu’un skieur arrive cinq fois sur cinq en bas sans chuter. S’ils arrivent à faire 4/5 ou 3/5 c’est déjà beau. C’est encore plus dur pour Tess qui n’a que 16 ans."
"Une victoire ne fait que valider des acquis, une défaite permet de se construire pour les autres batailles"
Vous avez dit que cet échec “forgeait le caractère”. Pourquoi selon vous ?
S.L.: "Une victoire ne fait que valider des acquis, une défaite permet de se construire pour les autres batailles. C’est dans ce sens-là que je dis que ça forge le caractère. Quand on n'y arrive pas en freestyle, ça nous remet toujours en question donc on se construit dans la défaite. Avec la victoire, on valide et on se rassure. Il valait mieux que ça nous arrive en début de saison que plus tard juste avant les grosses échéances. On est plus à l’aise dans ce sens-là."
Vous avez débriefé avec elle les causes de cet échec ?
S.L.: "Elle l’a fait elle-même parce qu’elle a envie de gagner et elle est intelligente. Elle n’a pas mis huit jours pour comprendre ce qui avait pêché à Stubai et qu’il ne fallait plus qu’elle refasse pour la suite. Elle n’a pas su s’adapter aux conditions. Quand ça devient difficile, il faut savoir changer ses figures et elle n’a pas su le faire assez vite. Mais je peux vous dire que quand on a organisé l’ordre des figures pour Font Romeu, elle a changé les choses par rapport à Stubai. Elle y a réfléchi et elle a fait le meilleur choix."
Pour vous, c’est mieux si cette remise en question vient d'elle...
S.L.: "C’est un sport très difficile où les athlètes doivent avoir un très gros mental pour réussir et parfois, changer leur plan au dernier moment peut les contrarier, encore plus quand on a 16 ans. Le coaching est là aussi, on ne peut pas tout leur donner de but en blanc, il faut les mettre en situation pour qu’ils trouvent où se situe le problème. C’est souvent très bénéfique que ça vienne d’eux-mêmes."
A moins de 50 jours des JO de Pyeongchang, la sentez-vous différente ?
S.L.: "Non, elle est concentrée à fond. Je la sens avec un besoin de mise en confiance comme à Font Romeu avec des compétitions qui se passent bien où elle peut montrer son meilleur freestyle. C’est ce qui va la mettre le plus à l’aise pour arriver aux Jeux en confiance sur ce qu’elle a bossé cet automne, les nouvelles figures qu’on a bossé depuis le printemps dernier."
Où en est-elle de sa préparation ? Toutes les figures qu’elle fera aux Jeux ont été travaillées à l’entraînement ?
S.L.: "On a déjà commencé au printemps dernier. Je l’ai empêchée de partir en vacances tout de suite après les compétitions pour monter en Suisse et c’est là qu’on a essayé les figures de cette saison. Ensuite, on a eu tout l’été et l’automne pour les travailler et les peaufiner pour être prêt. Comme on dit, aujourd’hui, la messe est dite, il n’y a plus qu’à faire ce qu’on sait faire. Une figure il faut la valider à l’entraînement, l’avoir bien apprise et après faut-il encore la faire correctement le jour J. Toutes ces compétitions servent à ça, faire les runs qu’on a appris en entier sans faire de faute."
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