Thierry Braillard : "Aujourd'hui est un jour important pour le sport français"
Comment est née cette initiative ?
Thierry Braillard : "C'est la fondation du sport que je préside qui en est à l'initiative, avec le soutien des comités olympique (CNOSF) et paralympique (CPSF). L'idée est partie il y a une quinzaine de jours, je l'ai proposée à la ministre des Sports Roxana Maracineanu qui a tout de suite trouvé l'idée séduisante. Cette initiative est née du constat que les clubs avaient parfois des situations tendues, avec des subventions moins importantes, et que la crise du coronavirus a mis en difficulté. C'est inédit, et toutes les institutions, départements, régions… soutiennent cette action. Aujourd'hui est un jour important pour le sport français."
Toutes les institutions vous ont suivi ?
T.B. : "Tout le monde va dans le même sens. C'est très rare. L'essentiel est que l'on a réuni tous les acteurs du sport français. La Fondation du sport français a été créée pour ça et on est dans notre rôle."
En quoi consiste ce projet ?
T.B. : "L'idée est de dire : 'on a un outil qui fonctionne dès aujourd'hui, faites des dons', qui seront défiscalisables à 60%. Et c'est vous mêmes qui dîtes quel club vous souhaitez soutenir. Mais je tiens à dire que c'est important que les clubs s'inscrivent. Si ce n'est pas le cas, on a mis un système d'alerte, mais ils doivent s'inscrire pour percevoir les dons. Si vous voulez par exemple soutenir votre club de badminton, vous pouvez le faire avec un don défiscalisable. 85% iront au club et on prélève 10 % pour un fonds de solidarité affecté à des associations qui n'ont soit rien eu, soit qui en ont vraiment besoin. Je précise aussi que les centres de formations des clubs professionnels ainsi que le sport professionnel féminin peuvent en bénéficier. Personne ne doit être laissé en bord de chemin. L'inscription sur la plateforme est bien sûr gratuite."
Le sport amateur est-il aujourd'hui en danger en France ?
T.B. : "Oui bien sûr. Et le sport amateur n'a jamais été aussi prépondérant dans notre société. Ce n'est pas seulement un réceptacle pour les compétitions. Le sport amateur c'est aussi aussi un lien social, avec des choses qui vont au-delà du sport. C'est le moment de le soutenir. Il ne faut pas oublier que tous ces clubs sont pourvoyeurs d'emplois. Il n'y a rien de mieux que d'avoir dans un club un encadrant diplômé lorsque l'on veut pratiquer le sport."
Le sport amateur en difficulté, c'est un constat que vous faisiez avant-même la crise du Covid-19 ?
T.B. : "Oui car les clubs sportifs dépendent beaucoup des subventions municipales. Le budget du ministère des Sports, y compris quand j'y étais, pourrait être réévalué. Les finances publiques ont tant de contraintes, certains clubs ont vu leur subvention un peu baisser et cette épidémie a accru ces difficultés."
Vous aviez parlé il y a quelques semaines d'un plan Marshall pour soutenir le sport amateur, l'annonce de la campagne "soutiens ton club" en est le début ?
T.B. : "La ministre a déjà présenté des choses extrêmement intéressantes. Cela fait partie des choses pour remettre le sport à la place où il doit être. Je le répète, l'activité physique pour les gamins est bien plus que du sport. C'est un vecteur de lien social, et d'éducation et de santé."
Pourquoi avoir fixé un seuil de don à 50 euros ?
T.B. : "Comme il y a une défiscalisation à partir de 50 euros, il fallait établir une règle pour ne pas entrer dans des calculs trop complexes. Si on ne donnait que 10 euros, au final on ne déboursait que 3,40€… Dans toute opération il y a un règlement. Mais tout le monde peut donner directement à son club. Cette plateforme permet d'être défiscalisé. Si vous faites un don de 100€, vous recevrez un justificatif et il vous en coûtera au final que 34 €."
Vous pensez que l'Etat soutient assez le sport amateur ?
T.B. : "Oui l'Etat le fait. On peut penser qu'il ne le fait jamais assez. Le budget des sports n'est pas à la hauteur de ce qu'il devrait être mais c'est bien pour ça que cette initiative va donner un coup de main à de nombreux clubs qui en ont bien besoin."
Êtes-vous optimiste pour l'avenir du sport amateur en France ?
T.B. : "On ne peut qu'être optimiste. On a la perspective des JO 2024, on n'a pas organisé les Jeux que pour les deux semaines de compétition. C'est aussi pour donner une impulsion au monde du sport en France et montrer ses vertus. Mais l'organisation de ces JO sera d'autant plus efficace si on a des clubs qui ont les moyens de leurs ambitions."
L'opération #soutienstonclub
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.