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Tony Estanguet : "Paris 2024 aura les clés pour surmonter la crise"

Après la lettre adressée ce mercredi aux membres de Paris 2024, Tony Estanguet, le président du Comité d'organisation des Jeux olympiques (Cojo) de Paris 2024 réaffirme la nécessité pour les Jeux de Paris de s'adapter au nouveau contexte provoqué par la crise du coronavirus, sans pour autant remettre en cause l'intégralité du projet. Si des surcoûts peuvent être à prévoir, Tony Estanguet explique à france tv sport qu'il travaille avec l'équipe de Paris 2024 afin de compenser les conséquences de cette crise.
Article rédigé par Apolline Merle
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 6min
  (THOMAS SAMSON / AFP)

La publication de votre lettre adressée aux membres de Paris 2024 intervient quelques semaines après la tribune publiée par Guy Drut, champion olympique et ancien ministre des Sports, dans laquelle il avait déclaré que le projet actuel de Paris 2024 était "obsolète, dépassé et déconnecté de la réalité". Ces propos vous ont-ils surpris ? Ou du moins, vous ont-ils poussé à avoir une réflexion globale sur l'organisation des Jeux ? 

Tony Estanguet. : "Oui, je crois que les propos de Guy Drut ont généré une incompréhension au sein de l'écosystème Paris 2024 parce que, depuis quelques années, nous faisons tout pour concevoir un nouveau modèle de Jeux différent, plus sobre, plus responsable avec une dimension donner à l'héritage, à la place du sport. On requestionne beaucoup de symboles des Jeux pour les rendre plus forts et être vraiment connectés le plus possible aux attentes de la population.

On a construit des partenariats solides avec des ONG environnementales pour diviser par deux les émissions carbones de Paris 2024. On a quasiment divisé par 10 le nombre d'infrastructures construites pour cette édition. Nous sommes déjà dans cet état d'esprit de construire des JO différents, et aujourd'hui, on a besoin de tous travailler ensemble. Il est certain que cette crise va avoir des impacts majeurs sur notre société et donc sur Paris 2024, mais d'un autre côté, je crois qu'on a tout pour réussir et pour s'adapter. Il faudra qu'on s'adapte. Mais je crois qu'il faut aussi garder la tête froide et ne pas tout remettre en question. Je crois qu'on a des fondamentaux solides, il faut les renforcer. Par contre, il faut requestionner les moyens pour réaliser et organiser ces Jeux."

Les chantiers du village olympique et du Grand Paris express ont été arrêtés à cause de la crise sanitaire du coronavirus. Le chantier est-il reparti ? Un retard de calendrier est-il à prévoir ? 

T. E. : "Les chantiers liés à Paris 2024, comme partout en France, ont été arrêtés pendant cette crise, et sont actuellement en train de repartir. En revanche, les grands chantiers liés aux infrastructures de Paris 2024 ne commenceront véritablement qu'en 2021. Aujourd'hui, on est plutôt sur des phases de démolition. Il n'y a pas de retard à signaler, on reste sur les mêmes calendriers. La Solidéo, qui dirige l'ensemble de ces chantiers, nous a confirmé qu'il n'y avait pas d'incident sur les calendriers."

Le projet des Jeux de Paris 2024 prévoit peu de construction de nouvelles installations. Parmi celles qui seront construites, il y a notamment la piscine olympique. Alors que vous maintenez les engagements pris en matière environnementale et sociale, et alors que des surcoûts sont à prévoir, est-il envisageable de réduire les coûts sur les infrastructures ?

T. E. : "Le projet retenu pour la piscine olympique faisait partie des moins coûteux. On est toujours sur la même ambition environnementale, avec des équipements qui répondent à des besoins pour le territoire. Ce centre aquatique, il a été décidé qu'il soit construit de manière pérenne par les acteurs publics parce qu'il y a un besoin très fort en Seine-Saint-Denis. Il a d'abord été conçu pour l'utilisation pour la population après les Jeux olympiques.

Notre concept repose sur 95% d'équipements existants afin de réduire au maximum les risques de surcoût du budget de Paris 2024. Aujourd'hui, même s'il peut y avoir un surcoût potentiel sur cet équipement, on reste à périmètre constant sur l'enveloppe globale parce que, en permanence, nous essayons d'un côté, de générer des économies sur des choses qu'on peut optimiser et donc de nous donner des marges de manoeuvre sur des éléments imprévus."

Avez-vous déjà des pistes de réflexion sur les économies possibles à réaliser sur l'organisation des Jeux ? 

T. E. : "On travaille depuis quelques mois avec le CIO sur, ce que l'on appelle, les Opérations des Jeux, c'est tout ce qui se passe en coulisses, c'est-à-dire les enjeux technologiques, les enjeux liés aux transports ou encore sur le village des athlètes, dans le but de faire des économies. Sur ce dernier point, on a déjà réduits sa capacité de plus de 2 000 lits.

Sur les transports, on cherche des solutions pour mutualiser les systèmes de transport en fonction des différents publics. Normalement, il y a des systèmes exclusifs de transport pour les athlètes, d'autres exclusifs pour les médias, et d'autres encore pour les représentants et membres du milieu sportif. Aujourd'hui, on se rend compte qu'avec les moyens technologiques, il serait facile de mutualiser l'ensemble des navettes de bus, et ainsi permettre de mélanger ces publics dans les mêmes systèmes de transport. Cela peut générer plusieurs dizaines de millions d'euros d'économies."

La crise du coronavirus a-t-elle un impact sur la recherche de partenaires ?

T. E. : "Dans notre calendrier, il va y avoir un impact direct car on doit laisser les entreprises françaises se concentrer sur leurs relances économiques. En revanche, pour avoir maintenu des discussions pendant cette crise avec quelques patrons, on sent qu'il y a toujours sur le moyen terme l'envie de rejoindre ce projet. L'objectif global de levée de fonds reste le même."

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