Julien Simon, quand la victoire se joue à 900 mètres
Une grosse boule dans la gorge. En descendant du bus de l'équipe
Sojasun juste après la fin de l'étape, le manager de la formation
française Stéphane Heulot a du mal à retenir des sanglots. Jamais, depuis le début du Tour, Sojasun n'était passé aussi près d'une
victoire d'étape, leur objectif sur ce Tour. Et la victoire, ou
plutôt la défaite, s'est jouée à moins d'un kilomètre de la
ligne.
Présent dans la bonne échappée – la seule qui est arrivée au
bout depuis le début du centième Tour de France – Julien Simon a
attaqué ses compagnons de vadrouille à 15 kilomètres de l'arrivée.
Une attaque millimétrée au pied de l'avant-dernière difficulté de
la journée. Il a compté jusqu'à 20 secondes d'avance sur les 17
autres échappés. Trop peu finalement. Il s'est fait rattraper à
900 mètres de l'arrivée.
"Deux derniers kilomètres trop longs"
"Je suis déçu, et d'abord pour Julien. Cela aurait
concrétisé vraiment beaucoup d'investissement et de travail. On
avait bien travaillé cette solution là. On s'en approche" , soupire Stéphane
Heulot. "Mais Julien n'a rien à se reprocher, il a très
bien joué l'étape" , raconte l'ancien cycliste professionnel
avant de s'interrompre pour embrasser son coureur.
Une fois la première déception avalée, Julien Simon prend la
parole, nommé – maigre consolation – combatif du jour. "Les
deux derniers kilomètres étaient trop longs" , souffle le
coureur breton. "J'avais étudié le road book et j'ai vu que
c'était tout droit. Quand j'y repense...si cela avait été en vir'
vir' (virages) je pense que j'allais au bout ". Une déception
de plus pour lui, qui a manqué d'endosser le maillot jaune en Corse.
Là aussi, cela s'est joué à un rien... à une seconde seulement.
Une tristesse partagée
Et dans cette équipe très soudée, la tristesse du coureur est
partagée par tous. À peine le pied posé à terre, Anthony
Delaplace a hâte de retrouver son "pote". "C'est
mon compagnon de chambre et au-delà de ça c'est mon meilleur ami en
dehors du vélo. À la fin, je croisais les doigts pour qu'il gagne
et je dois dire que les derniers kilomètres ne sont pas passés
vite" , raconte le jeune homme.
Brice Feillu, le grimpeur de la Sojasun, n'avait plus
d'informations en fin d'étape : "Les oreillettes ne marchaient
plus. J'ai dit aux gars : si Julien gagne, on se met tous en fin
de peloton et on passe tous la ligne en levant les bras" . Une
manière de souligner la solidarité qui règne dans cette équipe,
la plus petite du peloton.
"C'était peut-être notre dernière chance" ,
explique Anthony Delaplace avant de se reprendre : "L'étape de
Gap (mardi) pourra donner lieu à une échappée." "On
va retenter encore et encore" , renchérit Stéphane Heulot.
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