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Le jour où les sprinteurs sont apparus sur le Tour

Dans le peloton, ils constituent une caste bien particulière. Celle des sprinteurs. Ils sont puissants, "cuissus", savent "frotter" pour faire leur place et se lancer à plus de 70 km/h à quelques dizaines de mètres de la ligne d'arrivée. Le reste du temps, ils sont le plus souvent cachés au sein du peloton, quand ils ne sont pas tout simplement décrochés dès que la route s'élève.
Article rédigé par Baptiste Schweitzer
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (BILLON/SIPA)

Les
sprinteurs sont apparus très vite dans le Tour de France. Dans les
années 1930, ils sont synonymes d'élégance aussi bien sur leur
vélo qu'en ville. Parmi les noms célèbres de l'époque : l'Italien
Raffaele Di Paco, le Français Charles Pélissier qui – outre ses
victoires au sprint – a comme fait de gloire d'avoir lancé la mode
des gants blancs et des socquettes assorties. Il y a également André
Leducq, surnommé "Dédé gueule d'amour et muscles d'acier"
qui remportera les Tours 1930 et 1932.

Après-guerre,
Rik Van Loy devient précurseur du sprint moderne, en profitant
notamment de l'aide de ses coéquipiers pour s'imposer. Mais le grand
nom des années 50 est Français. C'est le "lévrier des Landes"
: André Darrigade. Considéré comme l'un des plus grands sprinteurs
de tous les temps, il remporte notamment 22 étapes du Tour et,
ramène par deux fois le maillot vert à Paris en 1959 et 1961.

La
naissance du maillot vert

Ce
maillot vert, qui récompense le meilleur sprinteur, a été créé en
1953, pour le cinquantenaire du Tour de France. Et c'est le Suisse
Fritz Schaer qui le remportera pour la première fois. Depuis, il
donne lieu à une féroce bataille entre toutes les équipes. Et à
ce jeu là, ce sont les Belges qui gagnent avec 19 victoires loin
devant les Français et les Allemands.

L'ère
moderne est peuplée de véritables spécialistes de la discipline.
Les cuisses épaisses, ils font valoir toute leur puissance et leur
explosivité sur une très courte distance. Parmi ces rois du sprint,
il y a l'Ouzbek Djamolidine Abdoujaparov – l'express de Tachkent –
(trois maillots verts). L'Allemand Erik Zabel (six maillots verts),
l'Australien Robbie McEwen (trois maillots).

Et
dans cette liste, l'un fait presque figure de caricature du sprinteur
moderne, Mario Cipollini. L'Italien compte 12 victoires d'étapes sur
le Tour mais n'a jamais emmené le maillot vert à Paris. Il a
presque tout le temps mis pied à terre dès les premiers cols de
haute-montagne quand il ne finissait pas hors délais.

Ces
sprinteurs sont d'ailleurs parfois accusés d'uniformiser les étapes
de plaine avec un scénario écrit à l'avance. L'étape part, des
coureurs s'échappent puis peu à peu le train des équipes de sprint
rattrape le retard pour permettre à leurs champions de s'affronter.

La
légende dans la douleur

Mais
comme souvent avec le Tour, la légende s'est écrite à travers des
drames. Car sprinter est dangereux. À deux cents mètres de la ligne
d'arrivée, les coureurs sont au coude à coude, les roues se
frottent, les champions frôlent les barrières. En 1958 lors du
sprint final, André Darrigade percute ainsi le jardinier du Parc des
Princes  qui mourra quelques heures plus tard.

En
1991, là aussi lors des derniers hectomètres du Tour, Abdoujaparov
est victime d'une terrible chute sur les Champs Élysées : il heurte
une barrière et tombe. Il conservera néanmoins
son maillot vert.

Terrible
également, la chute de Laurent Jalabert à Armentières en 1994. Le
Français tombe en heurtant le Belge Willfried Nelissen qui avait
 lui-même percuté un policier imprudent qui voulait prendre
une photo. Laurent souffre de multiples fractures. Et il le racontera
plus tard, cet accident a bouleversé sa carrière; Après 1994,
Laurent Jalabert ne participera plus qu'à des sprints occasionnels
devenant un vrai grimpeur.

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