Nibali, les Français, les pavés et les SMS dans le peloton : le bulletin scolaire du Tour de France
Francetv info distribue les bons points après l'épilogue de cette édition 2014 de la Grande Boucle. Résultats.
Trois semaines de compétition, 3 657,5 km de course et l'arrivée finale sur les Champs-Elysées : dimanche 27 juillet, le Tour de France s'est terminé avec les victoires de Marcel Kittel au sprint et de Vincenzo Nibali au général. Au-delà du tableau d'honneur habituel, des maillots distinctifs et des bises sur le podium, que retiendra-t-on de cette 101e Grande Boucle ? Francetv info distribue les bonnes et les mauvaises notes de l'édition 2014.
Mention très bien
La première semaine. D'habitude, c'est un pensum d'échappées reprises et de sprints massifs qui mène les coureurs aux premières difficultés. Pas en 2014. Grâce aux collines du Yorkshire, aux pavés du Nord et au brouillard vosgien, on a assisté à un début de Tour très animé. Et on en a presque oublié... que peu d'échappées sont allées au bout. Comme tous les ans, en fait.
Les coureurs français. C'est peu dire qu'on n'attendait pas Jean-Christophe Péraud et Thibaut Pinot sur le podium. Les deux coureurs tricolores ont surmonté leurs faiblesses (en contre-la-montre pour Pinot, en très haute montagne pour Péraud) pour se hisser tous les deux sur le podium, une première depuis 1984. Une des images fortes de cette Grande Boucle, ce sont les larmes de Jean-Christophe Péraud après le contre-la-montre entre Bergerac et Périgueux. Et dire que les favoris français (en ajoutant Romain Bardet, 6e) ne visaient qu'un top 15.
Vincenzo Nibali. Avec 19 jours en jaune, il frôle le record de Bernard Hinault en 1980, qui avait passé 20 jours avec le maillot de leader du classement général. Celui qu'on surnomme le "Requin de Messine" s'est adjugé quatre étapes, a évité tous les pièges du parcours et n'a trouvé personne à sa mesure en montagne. Le patron de l'équipe Sky, Dave Brailsford, a reconnu dans Peloton Magazine que même un Christopher Froome à 100% aurait eu du mal à lutter. Bonus : il est aussi le premier coureur à avoir rendu intéressant la cérémonie du podium. Malgré lui, cela dit.
Rafal Majka. Il est la révélation du Tour, n'en déplaisent aux Tricolores, qu'on connaissait déjà. Le coureur polonais de l'équipe Saxo-Tinkoff, appelé à la dernière minute sur l'épreuve, s'est offert le luxe de décrocher le maillot à pois et de remporter deux étapes... alors qu'il n'avait jamais gagné la moindre course auparavant. Le ministère du Tourisme devrait songer à l'embaucher après sa déclaration : "Le Tour de France est pour moi le meilleur des grands tours car le temps est beau ici."
Mention bien
La météo. Le froid polaire sur la première semaine de course. Un brouillard à couper au couteau dans les Vosges. Et d'un seul coup, la canicule pour la première étape alpestre. "Je ne savais pas que le Tour de France passait par le Sahara", a confié Romain Bardet, écrasé par la fatigue, après la 13e étape. Seul bémol, la seconde partie du Tour s'est avérée beaucoup plus classique, climatiquement parlant. Sur le Tour d'Italie et sur le Tour d'Espagne, ils ont régulièrement de la neige.
Cheng Ji, la lanterne rouge. Le premier Chinois à participer à la Grande Boucle est devenu la coqueluche du peloton. Son travail au sein de l'équipe Giant-Shimano, c'est de rouler sur les échappées, d'où son surnom de "Breakaway Killer". Du coup, fatigué en fin d'étape, il termine dans les profondeurs du classement. Mais ce n'est que sur la fin de l'épreuve que ses équipiers lui ont conseillé de tout faire pour conserver cette "place d'honneur" très médiatisée. Pas sûr que ce statut lui vaille une notoriété au pays : décalage horaire oblige, les étapes se terminent vers minuit en Asie.
Les caméras embarquées sur les vélos. A quand la diffusion des images pendant la course ? Voici l'étape Ypres-Arenberg, celle des pavés, vue des vélos de l'équipe Cannondale.
Peut mieux faire
Les supporters français. En moyenne, le Tour rassemble 12 millions de spectateurs sur le bord des routes. L'Angleterre a pulvérisé cette moyenne, avec un public de 4 à 5 millions de personnes pour les trois étapes outre-Manche, entre Leeds et Londres. Du coup, le retour en France a semblé bien fade aux suiveurs. Même lors des plus belles étapes de montagne, on ne voyait que rarement quatre à cinq rangées de spectateurs au bord de la route. Il a fallu attendre le contre-la-montre décisif pour retrouver la foule des grands jours.
Les politiques. Manque de flair pour François Hollande ? Le président de la République s'est invité sur l'étape Arras-Reims, une des deux plus ennuyeuses de l'épreuve. Venu assister à l'étape de montagne entre Saint-Etienne et Chamrousse, Manuel Valls s'est hasardé à un "Forza Joaquim" pour encourager Joaquim Rodriguez, le grimpeur de l'équipe Katusha. Manque de flair, encore : l'Espagnol termine à 20 minutes du vainqueur de l'étape. Petite consolation pour Manuel Valls, la dernière étape part d'Evry, sa ville, comme il l'avait demandé depuis... 2004, relève Essonne Infos. Plus précisément du boulevard François Mitterrand, histoire de vraiment faire dans le symbole politique.
Peter Sagan. Un maillot vert qui ne gagne aucune étape au sprint, c'est déjà arrivé avec Erik Zabel en 1999 ou à Sean Kelly en 1983, 1985 et 1989, mais ça fait toujours désordre.
Au rattrapage
Les Alpes. Pas gâtées par le parcours (deux malheureuses étapes, contre trois dans les Vosges et dans les Pyrénées), les Alpes n'ont que très peu pesé sur la course. Les Vosges, qui ont bousculé le classement général et offert des étapes dantesques – celle de la Planche des Belles Filles, incontestablement la plus dure – écrasent la concurrence. "On veut du spectacle, les Vosges c'est le meilleur massif pour en proposer", renchérit Thibaut Pinot, originaire de la région. La preuve, lors de l'arrivée des retardataires :
Les archi-favoris. Les trois noms qui revenaient le plus avant le début du Tour étaient Froome, Contador et Cavendish. Aucun d'entre eux n'a passé la première semaine. A ce moment-là, on craint le pire pour le suspense et l'intérêt de la compétition, voir un Tour au rabais comme lors de la victoire de Carlos Sastre en 2008. Finalement, le Tour de France ne s'en est pas plus mal porté : le suspense pour le classement général a été total, et les sprinters rescapés ont dignement animé la fin des étapes.
Conseil de discipline
Luca Paolini. Vous n'avez pas entendu parler de ce coureur, qui ne s'est guère illustré sur le Tour de France... sauf quand il s'est retrouvé téléphone portable en main en plein milieu du peloton, lancé à 60 km/h. Le photographe Graham Watson l'a pris en flagrant délit.
This wouldn't be Luca Paolini texting from his iPhone in today's stage, would it - at about 60-kph..! http://t.co/Spbcz5ZniL
— Graham Watson (@grahamwatson10) 12 Juillet 2014
Réponse de l'intéressé sur son compte Twitter (après l'étape, hein) : "J’avais simplement oublié mon GSM dans ma poche arrière et je voulais simplement le donner à ma voiture suiveuse, dit-il. Mais je présente mes excuses pour cette maladresse. Heureusement, le jury des commissaires m’a simplement infligé une amende."
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