Townsend, la révélation
"Elle a vraiment le niveau pour figurer dans les 50 meilleures joueuses mondiales". Alizé Cornet, déçue après son élimination au 2e tour, rend hommage à son adversaire, Taylor Townsend. Inconnue avant le début de ce Roland-Garros, la jeune Américaine a fait une entrée fracassante dans la lumière. A la vitesse de son revers de gauchère "très fort", selon sa victime. Saoulée de coups (Townsend a réalisé 43 coups gagnants contre Cornet), la Française n'a pu que constater les dégâts et s'incliner malgré tout le soutien du public du Central, qui ne s'en est toujours pas remis. Qui est cette américaine au physique qui change de celui des athlètes du circuit féminin?
Numéro 1 mondiale junior
Pourtant, pour ceux qui s'intéressent au tennis, retrouver cette native de Chicago à ce niveau n'est pas vraiment une surprise. Vainqueur chez les juniors de l'Open d'Australie 2012 et finaliste à Wimbledon en 2013, elle était numéro 1 mondiale dans cette catégorie d'âge il y a deux ans. Aujourd'hui, 205e joueuse mondiale sur le circuit WTA, elle signe avec ce troisième tour à Roland-Garros sa plus belle performance de sa jeune carrière. Ce qui ne l'étonne pas. "C'est bien, mais je me suis préparée pour ces moments-là. C'est justement là-dessus que j'ai travaillé tous les jours. C'est pour ça que j'ai passé tant d'heures sur le court, tant d'heures dans la salle de gym, et tant d'heures, même en dehors des courts. Je suis contente de ce qui arrive, mais ce sont ces moments-là que toute sportive professionnelle doit préparer, et j'en ai tiré profit aujourd'hui", a-t-elle déclaré en conférence de presse mercredi.
Sa place à Roland-Garros, elle est allée la chercher avec le bout de sa raquette et son envie. La wild-card obtenue auprès des organisateurs, elle ne la doit qu'à elle-même et ces tournois ITF remportés avant le début de la quinzaine. "J'ai gagné deux tournois sur trois. Dans le dernier tournoi, j'ai dû jouer quatre matchs en un jour, et en demi-finale,t il fallait que je gagne ce match pour avoir cette wild card, parce que mon adversaire était avant moi dans les points. J'avais deux balles de match contre moi. Je me suis battue comme une lionne !", a avoué la joueuse. Avant d'insister sur son mérite. "Cette wild card, je l'ai gagnée, on ne m'en a pas fait cadeau. J'ai eu d'autres wild cards dernièrement et je me disais : "Super !". Mais celle-là, je l'ai gagnée. Je me suis dit : "Si je suis ici, c'est parce que j'ai mérité cette wild card." C'est un sentiment tout à fait différent".
Calepin, danse et Zina Garrison
L'image a fait parler. Au moment de rejoindre sa chaise, Taylor Townsend a sorti un petit carnet et lu consciencieusement les notes manuscrites, comme une élève apprenant sa leçon juste avant un devoir. "Tout le monde me demande de dévoiler mes secrets, mais je ne peux pas vous dévoiler mes secrets ! En gros, ce sont simplement des notes que je prends pendant l'entraînement. Et je les utilise pour chaque match", a-t-elle expliquée. Une habitude qu'elle a depuis des années et qui la rassure. "Cela me permet de retrouver un état d'esprit où j'arrive à rester simple. Si je ne le fais pas, ça me manque, c'est plus une habitude qu’autre chose. Cela m’aide surtout dans des situations comme aujourd'hui (mercredi, ndlr)". Mais l'élève studieuse sait se lâcher comme le prouve cette danse de la victoire après son succès sur Alizé Cornet. "Depuis le début du tournoi, je danse ! Ça vient d'Atlanta, a-t-elle indiqué. Je me dis, si je gagne, je vais faire une petite danse ! Alors Zina était dans les tribunes en train de danser, alors j'ai fait la même chose. J'espère que le public a aimé...".
"Zina", son entraîneur, c'est Zina Garrison, ancienne joueuse de tennis américaine, 4e mondiale en 1989 qui a plusieurs fois atteints des demi-finales de Grand Chelem. "C'est fantastique de travailler avec elle. Elle a été à Roland Garros, elle comprend ces moments-là. Elle comprend le tennis. Et c'est justement ça, la clé. Elle m'a vraiment permis de comprendre le jeu. Elle m'a permise d'améliorer mon mental. Elle m'a aidé à être une meilleure personne. Je comprenais bien que le tennis, c'était la vie aussi, mais je n'arrivais pas à rassembler les deux. Elle m'a montré comment faire. Elle m'a dit que ce que vous étiez dans la vie, vous pouviez l’être sur le court aussi et inversement", analyse celle qui adore Martina Navratilova. Mais avant de remporter 18 tournois du Grand Chelem comme la championne américaine, elle est, avec Sloane Stephens, la dernière représentante américaine du tableau féminin après les éliminations surprises des soeurs Williams. Un choc auquel elle ne s'attendait pas et qu'elle a appris en conférence de presse. Pas de quoi toutefois la déstabiliser avant sa rencontre de ce vendredi face à l'Espagnole Carla Suarez-Navarro. "Je suis vraiment impatiente", lançait-elle aux journalistes mercredi. La tornade est de nouveau prête à souffler. Mais sur le court numéro 1 cette fois.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.