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Trois Bleus en F1

Ils sont dans le vent. Ils sont frais. Ils sont Français et s'attaquent à la F1 le couteau entre les dents. Absents de la discipline phare du sport-auto depuis quelques années, les pilotes tricolores ont récupéré trois baquets. Comme les places sont chères, il va falloir faire vite et bien pour y rester plus d'une saison.
Article rédigé par Xavier Richard
France Télévisions
Publié
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Romain Grosjean, l'expérimenté

CV : Le dernier français en F1, c'était lui. Arrivé très tôt dans le saint des saints grâce à la filière Renault, Romain Grosjean a connu une trajectoire en dents de scie. Surtout, il est arrivé en F1 pour remplacer un Nelsinho Piquet sur les ruines du "crashgate" (accident volontaire du Brésilien à Singapour 2009 pour favoriser Alonso). Monoplace limitée et ambiance délétère, Grosjean a vécu un calvaire pendant sept courses. Il n'y a rien récolté hormis une image brouillée. Après deux années de purgatoire en endurance et en GP2, il fait son retour chez Renault devenu Lotus. Soutenu par Genii Capital, le Franco-Suisse n'a toutefois pas perdu son temps, notamment en 2011 où il est devenu champion de GP2.

Les + : Il a déjà eu sa chance mais ce n'était pas le bon moment. Dès lors, Romain Grosjean a cravaché pour capitaliser de l'expérience et revenir encore plus fort. La maturité, l'analyse technique, le travail avec les ingénieurs, le pilote Lotus les a montrés tout au long de sa saison de GP2. Impressionnant lors des essais libres du vendredi à Abou Dhabi et au Brésil en 2011, Grosjean a définitivement convaincu Lotus de lui faire confiance. Sur sa lancée, il a effectué d'excellents essais hivernaux.

Bianchi en embuscade
A cause d'une 3e place finale en GP2 l'an dernier et du coût prohibitif d'un poste de pilote d'essai (150.000 euros la séance d'essais libres du vendredi), Bianchi, réputé le plus doué de la bande des quatre, est toujours pilote de réserve chez Ferrari, sur liste d'attente. Avec en prime un autre poste de 3e pilote négocié cet hiver par son manageur Nicolas Todt, le fils du président de la FIA, chez l'ambitieuse Force India. A suivre. 

Les – : On a rarement droit à une deuxième chance en F1. Romain Grosjean le sait et c'est pour cette raison qu'il n'a pas le droit de se louper sous peine de laisser sa place. Dans un univers ultra-concurrentiel, son baquet fait des envieux… De plus, l'incertitude demeure quant à son entente avec le Finlandais Kimi Raïkkönen, champion du monde 2007, et revenu aux affaires après s'être perdu en rallye.

Jean-Eric Vergne, le poulain

CV : Sera-t-il le Sebastian Vettel français ? C'est tout le mal qu'on peut lui souhaiter. Pur produit de la filière Red Bull, "JEV" a gravi tous les échelons commandés par l'état-major du pool autrichien. Vice-champion de Formule Renault 3.5 mais repêché à cause des erreurs à répétition de son team (l'objectif était le titre), il a pu participer aux essais libres de Toro Rosso en fin de saison et aux rookies days au volant d'une Red Bull. Après deux années passées à limer le simulateur de l'écurie championne du monde, Vergne a tout validé en réel avec le meilleur temps à Abu Dhabi. Le Dr Helmut Marko, l'intransigeant patron de la filière, a sorti Sebastien Buemi pour le placer chez Toro Rosso. A lui de jouer !

Les + : Des débutants en F1, c'est certainement le plus prometteur. Rapide et doté d'une confiance inébranlable, Jean-Eric Vergne est prêt à tout casser. Il arrive avec certaines assurances. Inexpérimenté en F1, il a passé des heures sur le simulateur de Red Bull. Sa première victoire serait de dominer son équipier Daniel Ricciardo, onze grands prix au compteur, et plus un bizut.

Les – : Au-delà de son inexpérience en F1 et la pression qu'elle engendre, JEV va surtout devoir continuer à convaincre ses patrons qu'ils ont bien fait de miser sur lui. Dans l'univers Red Bull, les faibles ne survivent pas. Sébastien Bourdais l'a vécu en 2009, Algersuari et Buemi cet hiver. Avec en ligne de mire le volant de Mark Webber chez Red Bull, Vergne n'a pas le droit à l'erreur.

Charles Pic, l'inconnu

CV : Personne ne l'attendait là, surtout après une bonne saison en GP2 mais sans titre (2 victoires et 5 podiums, 4e au classement final). Charles Pic fût pourtant le premier français à officialiser sa signature en F1 cet automne. Soutenu par le groupe Lagardère, il a obtenu un baquet dans la modeste équipe Marussia (ex-Virgin) moyennant quelques espaces publicitaires sur la voiture. Du classique en fond de grille. Mettre un pied en F1 c'est bien. Il reste à Pic de faire parler de lui autrement qu'en jouant les chicanes mobiles sur les circuits.

Les + : Soutenu par le groupe Lagardère et couvé par Olivier Panis, Charles Pic a quelques atouts dans sa manche. Son style est plutôt celui d'un puncheur et le pilote arrive dans la discipline avec humilité et de bonnes intentions.

Les – : Que peut espérer Pic au volant d'une Marussia-Cosworth, annoncée plus faible voiture du plateau ? Pas grand-chose hormis prendre de l'expérience. Avec une monoplace dont l'entrée en piste a été retardée faute d'avoir réussi le crash-test FIA et en manque de développement, l'année s'annonce difficile. C'est évidemment le gros hic de sa saison. Son contrat a beau courir sur deux ans, son avenir reste en pointillé si les résultats et donc la visibilité viennent à manquer…

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