Un cru honorable pour les Français
Sur les 18 Français engagés cette année à Roland-Garros, trois d’entre eux se sont retrouvés en deuxième semaine, et un est arrivé aux portes de la grande finale. Tout était réuni, ou presque, pour que Jo-Wilfried Tsonga atteigne la grande finale. Depuis 1988 et Henri Leconte, aucun joueur français était arrivé jusqu’à l’ultime rencontre. Face à un David Ferrer qui semblait à sa portée, et tout juste 30 ans après la victoire de Yannick Noah, le public français osait espérer un exploit du Manceau. Mais les circonstances ont fait que ce dernier a totalement raté son entrée en matière. S’il ne se cherchait aucune excuse, Tsonga savait qu’il était passé à côté d’un énorme coup.
Tsonga, du meilleur au pire
Peut-être perturbé par le scénario du match précédent entre Nadal et Djokovic, sûrement intrigué par le faible nombre de spectateurs en début de rencontre, et surtout incapable de trouver ses repères sur le Central, il s’est écroulé sans vraiment combattre. Asphyxié dans le premier set (6-1), il est parvenu malgré tout à se relancer dans le deuxième. Mais le cri d’un supporter sur une balle de set en sa faveur, une inhabituelle tension de sa part, et l’efficacité de son adversaire ont eu raison de lui. Il n’en demeure pas moins que Tsonga aura réalisé une performance exceptionnelle en quart, en dominant Monsieur Roger Federer en seulement trois sets (7-5, 6-3, 6-3).
Les Suisses bourreaux des Français
Le Suisse avait d’ailleurs eu bien du mal à se débarrasser de Gilles Simon en huitième de finale. Le natif de Nice a été le premier à faire douter l’ancien N.1 mondial. Conscient qu’il avait déjà battu Federer à deux reprises (en cinq affrontements), Simon s’est en effet libéré. Tête de série N.15, il a ainsi mené deux sets à un avant de tomber finalement dans les deux derniers. Simon peut sans doute se dire qu’il n’est pas passé loin d’un quart, tout comme Richard Gasquet. Sorti aussi en huitième de finale -et également contre un Suisse- le Biterrois a livré avec Stanislas Wawrinka un match d’une très grande qualité. Après 4h30 de jeu, c’est bien le Suisse qui a triomphé 6-7 (5/7), 4-6, 6-4, 7-5, 8-6 alors qu’il avait été mené deux manches à rien.
Des regrets
Si Simon et Gasquet ont été battus dans le jeu, ce n’est pas vraiment le cas de Benoît Paire. Véritable révélation française cette saison avec une demi-finale à Rome, le N.4 français s’est sorti tout seul de son match face à Kei Nishikori (6-3, 6-7, 6-4, 6-1). Après avoir d’abord reçu un avertissement pour avoir cassé sa raquette, l’Avignonnais a de nouveau perdu son sang froid lorsque l’arbitre lui a infligé un point de pénalité pour coaching illicite. Son entraîneur Lionel Zimbler lui a en effet fait un signe qui n’a pas échappé à l’arbitre, et le problème, c’est qu’il s’agissait d’une balle de set dans la deuxième manche…
Julien Benneteau a tenu son rang. Tête de série N.30, il s’est simplement incliné face à meilleur que lui, Roger Federer en l’occurrence (6-3, 6-4, 7-5). Quant à Jérémy Chardy, son duel fratricide face à Jo-Wilfried Tsonga a tourné court (6-1, 6-2, 7-5), lui qui rêvait d’atteindre comme en 2008 les huitièmes de finale.
Les quatre balles de match de Monfils
Mais s’il est question de regrets, que dire des quatre balles de match ratées par Gaël Monfils ? Lui qui revenait d’une longue absence en raison de sa blessure au genou, le Parisien affichait depuis quelques semaines une forme qui laissait présager d’un joli parcours Porte d’Auteuil. Au moment du tirage au sort, lorsque le nom de Tomas Berdych est sorti du chapeau, on a craint que les espoirs du demi-finaliste de l’édition 2008 s’étaient déjà envolés. Presque déjà condamné par l’ensemble des observateurs face à la tête de série N.5, Monfils a alors sorti le grand jeu, et fait taire ses détracteurs (7-6, 6-4, 6-7, 6-7, 7-5). Confirmant face à Ernests Gulbis, il est tombé sur un os au troisième tour. Il pensait peut-être avoir fait le plus dur en menant deux sets à rien face à Tommy Robredo. Monfils a même senti le parfum de la victoire avec quatre balles de match, mais l’Espagnol a finalement retourné la situation pour s’imposer 2-6, 6-7(5), 6-2, 7-6(3), 6-2.
Deux Français en finale
Si l’on a longtemps espéré retrouver un Français en finale, ce sont finalement deux Tricolores qui ont atteint la finale, celle du double messieurs. 29 ans après le succès de Henri Leconte et Yannick Noah, Nicolas Mahut et Michaël Llodra sont passés tout près du titre. Dans une chaude ambiance, le double français a bataillé face aux frères Bob et Mike Bryan. Menant même 4-2 dans le dernier tie-break, Mahut et Llodra ont malheureusement fini par céder face aux Américains (6-4, 4-6, 7-6), vainqueurs de leur 14e titre du Grand Chelem. Emu aux larmes, Mahut qui a tenu à remercier Llodra pour sa confiance, a démontré qu’il avait largement les capacités pour se relancer, et tourner la page d’une période compliquée. Tant qu’il y aura de l’émotion comme il y en a eu lors de cette quinzaine, de la victoire de Tsonga sur Federer à cette finale du double, les Français auront rempli une grande part de leur mission. Il suffirait de pas grand-chose pour que la saison prochaine soit encore plus aboutie…
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