Un Euro 2012 toujours en chantier !
Des travaux qui prennent du retard
Tant en Ukraine qu'en Pologne, du retard a été pris quant à la construction des nouveaux stades et l'amélioration du réseau autoroutier. Donald Tusk, Premier ministre polonais, ainsi que d'autres autorités de l'Etat, ont tapé du poing sur la table pour accélérer les travaux.
Le match amical du 9 juin dernier opposant la Pologne et la France devait avoir lieu dans le stade de Gdansk, un des huit stades de l'Euro 2012, mais n'a pu être validé faute d'achèvement complet des travaux. Le match avait été déplacé dans l'enceinte du Legia Varsovie, le stade du Legia. Le déplacement de cette rencontre avait déclenché la sonnette d'alarme et les retards de construction avaient jeté un froid et donnaient naissance à des doutes quant à la capacité de la Pologne à s'organiser. Le quotidien 'Polska' lançait même: "L'Euro 2012 était-il au-delà de nos possibilités ?"
Mikolaj Piotrowski, responsable de l'organisation de l'Euro en Pologne, tentait de rassurer tout le monde même s'il est conscient du travail qu'il reste à accomplir. "Il n'y a aucun danger pour l'Euro 2012, avec un an devant nous, nous sommes tranquilles, même si bien sûr il y a encore beaucoup de travail à faire", avouait le Polonais.
Huit stades ont été retenu pour l'Euro: quatre en Ukraine et quatre en Pologne. Où en est l'état d'avancement des travaux ?
Pologne
Le stade National (Varsovie) qui devrait compter 58.145 places, devait être inauguré fin juin mais des défauts de construction au niveau des escaliers d'évacuation ont empêché la validation du stade. L'enceinte, qui accueillera le match d'ouverture, sera finalement opérationnel le 30 novembre prochain.
Le stade Municipal (Poznan, 43.098 places) est l'actuel stade du Lech Poznan (depuis 1980), seizième de finaliste de la dernière Europa League, et du Warta Poznan (depuis 2010). L'enceinte est opérationnelle.
Le stade Municipal (Wroclaw, 42.771 places) sera disponible en octobre prochain.
Le PGE Arena Gdansk (Gdansk, 41.582 places), qui devait initialement accueillir le Pologne-France de jeudi dernier, n'a pu être validé faute d'achèvement complet des travaux. Les travaux devraient être terminés à l'automne prochain.
Ukraine
Le stade Olympique (Kiev, 69.004 places) devait être inauguré le 11 novembre prochain lors de la rencontre amicale opposant l'Ukraine et l'Allemagne mais le chantier a pris deux mois de retard. La rencontre connaîtra certainement le même sort que Pologne-France et devrait être délocalisé.
La Donbass Arena (Donetsk, 50.149 places) a accueilli la rencontre Ukraine-France (1-4) lundi dernier. Le stade du Shaktior Donetsk depuis 2009 est une magnifique et ultramoderne enceinte, qui laisse même Laurent Blanc abasourdi. "Il y a tout: la salle de presse est extra, les vestiaires sont extraordinaires, la pelouse est dans un état magnifique, le surnom de ce stade, je crois que c'est "le diamant", c'est vraiment le cas", commentait le champion du monde 98.
Le stade Metalist (Karkhiv, 41.307 places) a été rénové et, à l'instar de la Donbass Arena, est opérationnel. Le Metalist Kharkiv y évolue.
La Lviv Arena (Lviv, 33.788 places) devrait être prêt pour le 15 novembre prochain, date où doit avoir lieu la rencontre amicale Ukraine-Autriche. Le réel problème serait l'accès. En effet, les routes qui mèneront à ce stade, à 10 kilomètres du centre ville et à 8 kilomètres de l'aéroport, ne seront pas achevées.
Troisième Euro co-organisé (après la Belgique et les Pays-Bas en 2000 et la Suisse et l'Autriche en 2008), l'Euro 2012 ne représente pas seulement un motif de réjouissance sur le plan sportif, mais c'est un vecteur de croissance économique. 30.000 emplois ont été créés en Pologne ces deux dernières années. Mikolaj Piotrowski, responsable de PL.2012, la société organisatrice, s'est félicité des retombées de l'événement. "Beaucoup de gens se réjouissaient parce que la Pologne serait automatiquement qualifiée pour le tournoi. Mais je me réjouissais parce que je savais ce que signifierait le tournoi pour l'économie. Ce qui compte encore plus, c'est ce qui restera après le tournoi. Le pays tout entier va être modernisé", s'enthousiasmait Piotrowski.
Un réseau routier très limité
Hormis la construction de stades, l'Ukraine et la Pologne, doivent s'atteler à régler le problème du réseau routier et autoroutier, absent ou dans un état déplorable. Des centaines de kilomètres d'autoroutes devront relier les deux pays (près de 2.000 kilomètres séparent Gdansk de Donetsk). Pour exemple, la Pologne dispose seulement de 900 kilomètres dautoroutes et d'encore moins de voies express. Chiffre tout à fait dérisoire en comparaison au réseau autoroutier français (plus de 11.000 km) ou allemand (plus de 12.000 km). En dépit des efforts consentis, seuls 45% des autoroutes et 40% du réseau ferroviaire prévus seront prêts en 2012, selon Janusz Piechocinski, membre de la commission parlementaire sur les infrastructures. La route reliant Varsovie à l'Allemagne sera donc difficilement opérationnelle ce qui risque d'être plutôt contraignant pour rejoindre les divers stades
La Pologne, "place forte" du hooliganisme
Le dernier gros chantier des pays hôtes et plus particulièrement de la Pologne sera la violence. Michel Platini a désigné la Croatie, la Serbie et la Pologne comme les trois "places fortes" du hooliganisme en Europe.
En mars dernier, un supporter de Cracovia a été tué à coups de couteau, tandis que la police lituanienne se souvient encore du passage de certains supporters polonais à l'occasion du match amical entre les deux sélections (4 blessés et 60 arrestations).
Quant à la dernière finale de coupe de Pologne entre le Legia Varsovie et le Lech Poznan qui s'est achevée aux tirs au but, le dernier tir à peine transformé, le terrain a été envahi par les supporters, une situation qui s'était produite plus tôt dans le match et avait nécessité l'intervention des forces de l'ordre.
Une situation que le président de la fédération de football polonaise Grzegorz Lato prend très au sérieux puisqu'il a tenu une conférence de presse commune avec Gianni Infantino, secrétaire général de l'UEFA sur ce sujet mercredi dernier, allant jusqu'à s'excuser de ces comportements auprès des organisateurs ukrainiens qui n'ont pas à déplorer, pour l'instant, de tels débordements de violence. Devant de tels débordements, le ministère de la justice a annoncé des mesures drastiques pour l'Euro 2012, dont la mise en place d'une surveillance électronique des supporters interdits de stade, soit environ 1.800 personnes.
Les autorités polonaises s'inquiètent aussi de la proximité entre certains groupes de supporters et des groupuscules nationalistes à tendance raciste. Elles devront lutter également contre le développement par une frange de supporters d'activités criminelles, telles que la vente de stupéfiants ou la prostitution.
Une sécurité renforcée
En matière de sécurité, des militaires américains vont assister leurs homologues polonais pour les entraîner en vue d'assurer la sécurité de la compétition. "Des F-16 des forces aériennes de la Garde Nationale de Californie participeront en juillet 2011 aux manoeuvres 'Safe Skies' (ciels sûrs) dans le cadre de la préparation des forces de sécurité polonaises pour l'Euro 2012 de football", a annoncé un communiqué de la Maison Blanche publié en Pologne, où le président Barack Obama a achevé sa tournée européenne fin mai dernier.
Les grandes manifestations sportives constituent une cible potentielle pour des attentats terroristes et la sécurité devient donc une préoccupation majeure des pays organisateurs. La Maison Blanche n'a pas précisé si Washington fera également bénéficier l'Ukraine de son expertise en matière de sécurité.
A maintenant moins d'un an du début de l'Euro 2012 qui aura lieu en Ukraine et en Pologne, force est de constater que du retard a été pris sur la construction des stades, mais ils devraient tous opérationnels en début 2012 maximum a priori. Concernant le réseau routier et le hooliganisme, le problème semble loin d'être réglé. Pourtant, dans les hautes sphères de l'UEFA, on reste positifs et confiants.
"Il reste beaucoup de questions en suspens. Mais aucun signal d'alarme pour l'instant", avouait Martin Kallen, membre de la commission chargée de l'Euro 2012 au sein de l'UEFA.
Gianni Infantino, secrétaire général de l'UEFA, croit en les capacités ukrainiennes et polonaises. "Il ne fait aucun doute que la Pologne et l'Ukraine seront prêtes à organiser l'UEFA EURO 2012 comme il se doit".
Le coup d'envoi du premier Euro de football à se dérouler dans des pays de l'ex-bloc soviétique sera donné le 8 juin 2012 à Varsovie. La finale du championnat européen sera jouée le 1er juillet à Kiev, la capitale ukrainienne.
José CEPEDA
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