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Un Ghana de gala

Le Ghana a battu les Etats-Unis en huitième de finale de la Coupe du monde à Rustenburg (2-1 après prolongations) et affrontera l'Uruguay en quart de finale. Les Black Stars deviennent le troisième pays africain à atteindre ce stade de la compétition après le Cameroun en 1990 et le Sénégal en 2002.
Article rédigé par Julien Lamotte
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 6min
Le Ghanéen John Paintsil lève les bras après le but de Boateng contre les USA (PEDRO UGARTE / AFP)

Le Ghana est toujours là. Sans faire de bruit, les Black Stars sont en quart de finale et la perspective d'un affrontement avec l'Uruguay peut laisser envisager l'espoir d'intégrer le dernier carré d'une Coupe du monde, un exploit sans précédent pour une équipe africaine. Ce ne sera pas facile. Comme il n'a pas été facile de terrasser la vaillante équipe des Etats-Unis.

Entre deux formations qui avaient illuminé la première phase par leur fraîcheur et leur insouciance, il ne fallait pas s'attendre à des politesses. Les USA frappent les premiers par leur chef de meute, Donovan, puis par Dempsey, mais la contre-attaque du Ghana est explosive et saisit les Américains comme un uppercut au foie. Il suffit d'un ballon intercepté au milieu de terrain pour que Kevin-Prince Boateng, sans conteste l'une des grandes révélations de cette Coupe du monde, s'enfuie à grandes enjambées, dépose deux défenseurs et décroise son tir pour ouvrir le score (1-0, 5e) ! C'est le premier but inscrit par les Black Stars sur une phase de jeu depuis le début de la compétition après deux pénalties. Il tombe à point nommé pour les joueurs africains, dont la puissance physique met au supplice les US Boys, étonnamment passifs après ce premier but. Eux dont on vantait la capacité de réaction subissent la loi africaine et Gyan (18e), puis Asamoah (37e) sont tout près de doubler la mise. Entre-temps, Finlay a bien tenté de sonner la révolte mais il bute sur Kingson, impérial (35e). Les Etats-Unis, qui n'ont jamais battu le Ghana en compétition officielle avant le coup d'envoi et qui avaient perdu leur unique confrontation en Coupe du monde en phase de poule 2006 (1-2), rentrent donc aux vestiaires la tête basse. Image rare.

Certainement remontés par le discours de Bob Bradley, les Américains ont retrouvé leur visage guerrier à la reprise. Ils ne mettent que quelques secondes à joindre les actes à l'apparence, Feilhaber échouant d'un rien dans son face-à-face avec Kingson (46e). La délivrance est toutefois proche. Sur une magnifique accélération plein axe, ponctuée d'un petit pont au passage, Dempsey est "découpé" par Mensah dans la surface ghanéenne : penalty aussi indiscutable qu'impeccablement transformé par Landon Donovan auteur de sa 3e réalisation depuis le début du Mondial (1-1, 62e). Dans la foulée, des Yankees galvanisés et euphoriques cherchent à exploiter le gros coup de pompe des Black Stars mais ni Bradley, ni Altindore, ne parviennent à faire entendre raison à l'excellent Kingson. Les joueurs de Rajevac peuvent remercier leur portier, c'est lui qui les emmène tout droit en prolongations, les premières de cette Coupe du monde.

Gyan qui rit

Alors que les joueurs de l'Oncle Sam semblent beaucoup plus frais que les adversaires, ce sont les derniers représentants africains qui redonnent espoir à tout un continent sur un but éclair dès l'entame de ces prolongations : bien lancé en profondeur, Gyan contrôle parfaitement de la poitrine, résiste à la charge de Bocanegra, son partenaire de club à Rennes !, et fusille Howard d'une somptueuse frappe du gauche (2-1, 93e) ! Troisième but pour l'attaquant ghanéen dans cette Coupe du monde et confirmation qu'il fait partie de la trempe des plus grands attaquants de cette compétition. Cette fois, en dépit de tous leurs efforts, les Américains ne reviendront pas. Le Ghana tient son exploit et ferme la boutique jusqu'au coup de sifflet final. Les Black Stars, qui affronteront l'Uruguay en quart de finale, rejoignent dans la légende du foot africain les Lions du Cameroun de 1990 et les Eléphants de Côte d'Ivoire, seules formations à avoir atteint ce niveau jusque-là. Sauf que pour le Ghana, l'histoire est en marche.

Déclarations :

Asamoah Gyan (attaquant du Ghana, auteur du but de la victoire): "Je vais vous dire quelque chose: je suis l'homme le plus heureux du monde ! On était arrivé en 8e en 2006, et maintenant on progresse d'une étape supplémentaire. On est le seul pays africain à s'être qualifié pour les tours à élimination directe, et maintenant on ne représente pas seulement le Ghana, mais l'Afrique tout entière".

Bob Bradley (sélectionneur des Etats-Unis): "J'ai pensé à 1-1 qu'on aurait notre chance, mais on n'avait pas assez de fraîcheur, contre toute cette force du Ghana. On a pourtant fait un bon boulot en pressant. Pour le moment, je suis déçu. On savait que le Ghana était une bonne équipe. Gyan a créé des ennuis, physiquement il est très fort. On a un groupe super, on est fier mais aussi déçu de ne pas avancer plus loin".

Andre Ayew (milieu du  Ghana): "Ce fut un match très difficile, il a fallu se battre. On était fatigué,  on avait joué mercredi. On s'est battu pour le continent et pour le Ghana.  L'Afrique est fière et on a donné du bonheur à de nombreux Ghanéens. Ma  suspension n'est pas importante. Je serai derrière mes partenaires. On peut  continuer à rêver. Avec l'esprit de corps que nous avons, on peut aller loin. Si  on continue de se battre, il y a des choses à faire. On est très fatigué. On a  cinq jours pour récupérer. L'Uruguay est une grosse équipe avec de bons  attaquants. Mais tout est possible. On était très déçu d'être la seule équipe  africaine qualifiée. Maintenant qu'on a la chance d'être encore là, on doit  aussi se battre pour ces équipes. Je suis certain qu'ils nous soutiennent.  L'Afrique est derrière nous."

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