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Un jour, mon capitaine de Coupe Davis viendra

Après le départ de Guy Forget, le bal des prétendants au poste de capitaine de l'équipe de France de tennis a commencé. On est plus proche des intrigues de palais que de la compétition sportive.

Article rédigé par Pierre Godon
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
L'équipe de France de Coupe Davis quitte le terrain après sa défaite contre l'équipe américaine, le 8 avril 2012, à Monaco. (REMY DE LA MAUVINIERE/AP/SIPA / AP)

"Choisir un capitaine pour l'équipe de France de Coupe Davis, ce n'est pas comme choisir un vendeur de pop-corn, ça prend du temps", résume le directeur technique national de la Fédération française de tennis, Patrice Hagelauer, sur RTL. Titulaire du poste depuis treize ans, Guy Forget a finalement rendu son tablier le 8 avril après la défaite des Bleus en quarts de finale contre les Etats-Unis. Le choix de son remplaçant est attendu dans quelques mois. Mais les grandes manœuvres ont débuté. Revue des prétendants.

Amélie Mauresmo

Amélie Mauresmo (C) assiste à un match de Michaël Llodra, qu'elle coachait alors, le 18 juin 2010 à Wimbledon (Royaume-Uni).  (MATTHEW STOCKMAN / GETTY IMAGES EUROPE)

• Les plus de sa candidature :

- Elle a déjà coaché avec succès un tennisman, Michaël Llodra. En perte de confiance, ce dernier s'était tourné en 2010 vers cette autre spécialiste du gazon avant Wimbledon. Résultat : une victoire au tournoi d'Eastbourne, en Angleterre. L'effet Mauresmo avait pleinement marché, sachant que le joueur n'a remporté que cinq tournois dans sa carrière. "Elle peut me transmettre la gagne", avait expliqué le joueur français à Eurosport.fr en juin 2012. Pourquoi pas à l'équipe de France toute entière ?

- La tenniswoman possède le plus gros palmarès du tennis français depuis les Mousquetaires avant-guerre (René Lacoste, Jean Borotra...). Chez les hommes comme chez les femmes. 

• Les moins

- C'est une femme. Culturellement, c'est très rare que des femmes encadrent des hommes dans le sport. Ça arrive en patinage artistique, mais c'est rarissime dans les sports moins confidentiels. Quand, en Italie, une ancienne joueuse entraîne quelques semaines une équipe de 3e division au milieu des années 90, ça fait un sujet au JT français. Même l'équipe de Fed Cup, l'équipe de France féminine de tennis, a privilégié les capitaines hommes aux sélectionneuses. Pas évident que les joueurs acceptent de se faire remettre en place sur le bord du court par une femme. Mais il faudra bien un jour qu'un sport français saute le pas en confiant la fonction d'entraîneur suprême à une femme.

- Même si elle s'est déclarée "intéressée" pour le poste, elle ne mène pas campagne. Il faut dire que les joueurs de l'équipe de France, principaux décisionnaires quoi que la Fédération en dise, n'ont jamais mentionné son nom. "Tout le monde sait qu'elle est prête, mais il faut qu'elle sente une envie", témoigne son ancien entraîneur, Loïc Courteau, dans Le Parisien (article payant).

Sébastien Grosjean

Sébastien Grosjean, entraîneur de Richard Gasquet, lors du tournoi d'Indian Wells (Californie), le 16 mars 2011.  (GABRIEL BOUYS / AFP)

• Les plus

- Il a déjà remporté la Coupe Davis, a gagné des tournois majeurs (Bercy en 2001) et a été n°1 français au début des années 2000.

- Il entretient de bons rapports avec Guy Forget et Yannick Noah, les deux anciens capitaines, et avec le groupe actuel qui compose l'équipe de Coupe Davis. Il se murmure qu'il est le favori de Jo-Wilfried Tsonga, pilier de l'équipe.

• Les moins

- Il entraîne Richard Gasquet, qui ne traverse pas la meilleure période de sa carrière.

- D'un naturel réservé, on ne le voit pas élever la voix pour recadrer un joueur. La même remarque était valable pour Guy Forget, à qui on a souvent reproché d'avoir du mal à redresser une rencontre mal engagée. Sébastien Grosjean l'a reconnu lui-même dans L'Equipe repris par le site We Love Tennis : "Je suis un peu comme Guy dans l’état d’esprit." Peut-être que les joueurs voudront rompre avec un entraîneur tiède.

Arnaud Clément

Arnaud Clément lors d'un match à l'Open 13 de Marseille, le 16 février 2011.  (VILLALONGA KARINE/SIPA)

• Les plus 

- C'est le favori logique : il est très apprécié des joueurs, a un caractère bien trempé, a un esprit "Coupe Davis" irréprochable.

• Les moins

- Il est encore joueur. Cependant, le problème pourrait se résoudre rapidement : "On peut être capitaine-joueur, mais il faut être meilleur que ce que je suis actuellement, commente-t-il sur RTL. Dans mon cas, si ça se présente, ma carrière se terminera à la fin de la saison." Sans doute après Wimbledon.

Nicolas Escudé

Nicolas Escudé, capitaine de l'équipe de France de Fed Cup, encourage Amélie Mauresmo (de dos), en février 2009, à Orléans, lors du tour contre l'Italie. (REMY DE LA MAUVINIERE/AP/SIPA / AP)

• Les plus

- Il  est l'actuel capitaine de l'équipe de France de Fed Cup. On ne pourra pas lui reprocher de ne pas avoir l'expérience du poste.

- Patrice Dominguez, une voix qui compte dans le tennis français, cité par RMC, a exprimé son soutien : "Nicolas Escudé, capitaine de la Fed Cup, qui a gagné [en tant que joueur] la Coupe Davis, pourrait glisser en Coupe Davis et Amélie Mauresmo, par exemple, pourrait rentrer comme capitaine de la Fed Cup." Jeu de chaises musicales.

• Les moins

- Le fait qu'il soit capitaine de l'équipe de France de Fed Cup. Le moins qu'on puisse dire, c'est que celle-ci n'a pas atteint les sommets sous son règne. Ses Bleues n'ont pas un bon ratio de victoires sur les rencontres disputées et ont frôlé la descente en 3e division mondiale. Certes, la génération dorée Mauresmo-Pierce-Dechy a raccroché les raquettes mais le niveau des joueuses actuelles vaut mieux qu'une place dans les oubliettes du classement mondial. 

Des outsiders ?

• Henri Leconte : Il fait dorénavant plus parler de lui pour sa participation à des shows télé que pour des raisons tennistiques. Mais il s'est déclaré candidat. "Il y a dix ou quinze ans, je n’étais pas facile à saisir. J’étais tout feu  tout flamme, reconnaît-il sur 20minutes.fr. Aujourd’hui, je suis plus posé. Plus mûr. Je suis prêt pour ce poste."

• Cédric Pioline : Quand il était joueur, on le disait individualiste et peu intéressé par la Coupe Davis. Les stéréotypes ont la vie dure : même s'il s'est reconverti en dirigeant de tournoi, on le voit mal être capitaine des Bleus.

• Lionel Roux : Eternel entraîneur adjoint, il se dit intéressé par le poste si on le lui propose. "Je ne ferai pas campagne, ça n'est pas dans ma nature", indique-t-il sur le site We love tennis. Grosse cote.

Qui décidera ?

Officiellement, c'est la Fédération française de tennis. Dans les faits, il s'agit des joueurs. Un peu comme pour les conciles précédant l'élection d'un pape, rien ne dit qu'un outsider ne réunira pas les suffrages sur son nom au détriment de favoris qui auront échoué à rassembler. Ce que résume Cédric Pioline : "J'aimerais bien être une petite souris quand les joueurs vont discuter du choix. Cela m'étonnerait qu'un seul nom fasse l'unanimité." Décision attendue vers le mois de septembre.

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