Un jour, un club : Sergio Goycochea, l'éclair de Brest
L'histoire retiendra que le dernier coup du "Père Noël de Brest" est intervenu lors de l'été 1991. Ce surnom, c'est celui d'Ahmed "Charly" Chaker, un sulfureux mécène et ancien homme d'affaires en relation avec le Moyen-Orient, qui a injecté un an plus tôt près de 30 millions de francs (4,5 millions d'euros) dans le Stade Brestois pour permettre à son président François Yvinec de réaliser son rêve de rivaliser avec les plus grands clubs français. Stéphane Guivarc'h et David Ginola font partie de l'effectif de cette équipe qui évolue alors en division 2 après avoir été rétrogradée administrativement la saison précédente pour des déficits budgétaires.
Pas inquiet de cette première sanction, le club signe un dernier coup de maître durant l'intersaison en 1991. Symbole de la folie des grandeurs des personnes qui dirigent le Stade Brestois, c'est Sergio Goycochea qui débarque en grandes pompes sur la côte pour remplacer un certain Bernard Lama.
Le mur albiceleste
Le gardien argentin sort alors de deux années folles qui vont le propulser parmi les meilleurs portiers de la planète. Alors joueur de Millonarios en Colombie, il fait partie, à la surprise générale, de la sélection argentine qui dispute le Mondial en 1990 en qualité de numéro deux en remplacement de Luis Islas, furieux de devoir jouer les faire-valoir pour la deuxième Coupe du monde de suite. Mais dès le deuxième match de poules face à L'URSS, le numéro un Nery Pumpido se casse la jambe. Sergio Goycochea voit sa destinée changer.
Véritable mur dans les buts de l'Albiceleste de Maradona, il se crée une réputation de spécialiste des penaltys. Lors des quarts de finale, il stoppe (presque) à lui tout seul la Yougoslavie en bloquant les tirs aux buts de Faruk Hadžibegić et Dragoljub Brnović. En demies, les Italiens Roberto Donadoni et Aldo Serena voient leur tir à leur tour repoussés par l'infranchissable portier argentin dans une séance irrespirable. Goycochea cèdera finalement face à l'Allemand Andreas Brehme en finale... sur un penalty. Fort d'un titre de meilleur gardien de la compétition, il remporte l'année suivante la Copa America avec l'Argentine et brille encore dans les buts.
L'éclair de Brest
Fraîchement titré, il débarque ainsi à Brest et fait figure de cerise sur un gâteau dont la date de péremption est déjà bien entamée. Considéré comme l'un des meilleurs gardiens de sa génération, sa venue est entourée d'un filet d'opacité qui ne sera jamais dissipé. Il est cependant bien présent dans les buts au début de la saison 1991-1992. Il jouera en tout et pour tout... onze matchs avec le Stade Brestois.
Malgré ses nouvelles performances dans les buts, c'est en coulisses que son avenir se joue. En effet, le club breton est mis en liquidation judiciaire le 6 décembre 1991 et est exclu du championnat de division 2. Tous ses résultats depuis le début de la saison sont en outre annulés. Le passif du club est estimé à 150 millions de francs (23 millions d'euros) et ne peut être repris par des entrepreneurs bretons qui se proposaient. De son côté, Sergio Goycochea quitte Brest par la petite porte et va au Paraguay au Cerro Porteno. Il ne reviendra plus jamais en Europe. Mais il brillera encore en sélection nationale en remportant une nouvelle Copa America en 1994. Il ne restera qu'un éclair dans la cité brestoise, comme une gourmandise trop belle pour être vraie.
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