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Une altercation qui fait tâche

Événement rare en athlétisme, deux athlètes en sont venus aux mains, vendredi, sur la piste du meeting de Monaco puis dans les entrailles du stade Louis II. Deux français en outre. Mehdi Baala et Mahieddine Mekhissi Benabbad ont échangé tentatives de coup de tête et coups de poing, dans le vide, sans doute parce que leurs jambes sont plus fortes que leurs bras, à la fin du 1.500 m. Le point de départ est un quiproquo mal géré.
Article rédigé par franceinfo
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Mehdi Baala (FABRICE COFFRINI / AFP)

"Voyant Mahieddine, mal après sa course où il fait onzième, j'ai voulu aller le saluer pour le réconforter ce qu'il n'aurait certainement, lui, jamais fait", a dit Baala dans sa version du début de l'altercation. "J'ai alors voulu lui donner une petite tape amicale sur la tête mais, il l'a mal pris." Le double champion d'Europe, en 2002 et 2006, médaillé d'argent aux championnats du monde de 2003 et de bronze aux Jeux olympiques de 2008, a certifié que Mekhissi lui aurait répondu: "Toi, je ne veux pas te parler." Le vice-champion olympique du 3000 m steeple n'a pas voulu confirmer.

Malgré l'interruption des commissaires du meeting, l'affaire n'en est pas restée là. Les deux athlètes se sont à nouveau affrontés dans les coulisses du stade. Sous les yeux d'une journaliste de Reuters, des autres coureurs du 1.500 m et de bénévoles du meeting, Mekhissi a giflé Baala dans la zone réservée aux athlètes près de la zone d'interviews. Se levant violemment de sa chaise, Baala s'est précipité sur Mekhissi, prêt à en venir aux mains. Des bénévoles ont empêché une nouvelle bagarre. Très remonté, Baala a lancé un "Fils de chien, je vais te casser en deux". Assis sur sa chaise, Mekhissi a baissé les yeux sans répondre devant son entraîneur Farouk Madaci et son agent qui tentaient de le calmer.

"Une salutation qui mal tourné"

Les deux athlètes ont recommencé à s'insulter en arabe avant que les journalistes ne soient priés d'évacuer la zone. Leurs entourages ont tenté de minimiser l'affaire. "C'est juste une salutation qui a mal tourné, les deux hommes sont sur les nerfs", a dit l'entraîneur de Baala, Jean-Michel Dirringer. Une vingtaine de minutes plus tard, Baala s'est présenté devant la presse. "Dans une telle occasion, devant un stade rempli, c'est dommage de donner une mauvaise image à l'athlétisme. On vient de donner un mauvais coup à l'athlétisme, de donner une mauvaise image des Maghrébins", a-t-il dit. "Pour finir, on va encore dire que ce sont les Arabes qui... Les Arabes qui.... C'est vraiment pathétique."

Avant de venir s'expliquer à son tour, Mekhissi a été longuement briefé par son entraîneur, mais il a eu bien du mal à trouver ses mots. "Je suis arrivé ici en fin de cycle d'entraînement, très fatigué, les jambes très chargées, les jambes sur les genoux. Qu'est-ce-qui s'est passé ? Je ne sais pas trop. Je ne sais pas trop ?", a-t-il dit. Son entraîneur l'a interrompu et lui a suggéré de parler de "quiproquo". Visiblement sonné, Mekhissi n'a pas réagi et a enchaîné: "Ce qui s'est passé sur la piste est du passé. Je n'ai pas vu qu'il me tendait la main et il a dû penser que je lui mettais un vent. Depuis, on s'est arrangé."

Côté sport, Baala, qui signait son retour après une blessure, a terminé neuvième en 3'33"69, temps qui le qualifie pour les championnats du monde. Mekhissi a fini 11e en 3'35"51. Tous deux ont été battus par un autre Français, Florian Carvalho, huitième, qui s'est également qualifié pour Daegu en 3'33"60.

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