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Urgence pour la santé des rugbymen

Pour la première fois dans l'histoire du rugby professionel, un Grenelle de la santé des joueurs a été lancé ce mardi, à l'initiative de la Ligue nationale de rugby. L'objectif est de mettre en place un plan de prévention des blessures des joueurs du Top 14 et de Pro D2. Même si sa nécessité n'est plus à prouver, le projet est menacé avant même son développement par un conflit entre la LNR et la Fédération (FFR).
Article rédigé par franceinfo
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La recherche du spectaculaire est mise en cause par les acteurs. (ROMAIN LAFABREGUE / AFP)

C'est une première pour le rugby professionnel. La Ligue nationale de rugby (LNR) a lancé son premier Grenelle de la santé des joueurs. Celui-ci se tiendrait toutes les trois semaines et réunirait une douzaine d'acteurs majeurs du rugby français (joueurs, entraîneurs, dirigeants, l'ancien sélectionneur du XV de France, Marc Lièvremont). Le but de ce projet est d'aboutir à la mise en place d'un plan de prévention des blessures des rugbymen de Top 14 et de Pro D2.

Des chiffres alarmants

Prévoir plutôt que guérir, c'est le mot d'ordre. "On ne peut pas manager les joueurs comme si on avait un parc automobile en se disant que tant que ça peut rouler on fera la maintenance et la vidange plus tard" s'est insurgé Robins Tchale-Watchou, président du syndicat Provale Rugby, sur les ondes de Franceinfo. Le monde du rugby a pris conscience des dangers liés aux commotions cérébrales, pouvant être responsables de séquelles irréparables.

Une progression de 35% des blessures recensées a été constatée par rapport à l'année précédente en Top 14, passant de 603 à 981 (étude de Tech XV). Un fait rendu particulièrement visible lors des phases finales. 19 protocoles commotion ont été déclenchés en 5 rencontres. Lors de la finale, 5 joueurs ont été sonnés en pleine rencontre. Le talonneur de l'ASM, Benjamin Kayser, avait alors déclaré avec fracas : "Le rugby devient complètement débile".

Le rugby spectacle mis en cause

Parmi les facteurs soulevés, il y a notamment l'importance croissante donnée au rugby-spectacle, au sensationnel. Le plaquage est particulièrement incriminé dans la mesure où il serait responsable de plus de la moitié des cas de blessures (54%). L'avènement du spectaculaire inquiète le président du syndicat Provale. "Le rugby pro ça casse, ça laisse des gens sur le bas-côté et surtout, ça ne laisse pas la possibilité à certains de finir leur carrière avec une intégrité physique" a tenu à marteler Robins Tchale-Watchou. 

Les blessures des joueurs ont quasiment doublé en cinq ans, passant de 600 en 2012 à 1100 en 2017. Une hausse peut-être en partie liée également à une prise de conscience du monde du rugby. Aussi costauds qu'ils soient, les rugbymen ne sont pas infaillibles et admettent désormais plus facilement de n'être pas au mieux. 

Des solutions évoquées

Cependant, une étude a révélé que 33% des joueurs commotionnés restent sur le terrain. Preuve de l'urgence d'un plan d'action et de prévention. Des mesures viennent tout juste d'être mises en place avec notamment la présence d'un assistant en tribunes, suivant à l'aide de la vidéo le match d'un joueur récemment commotionné. D'autres idées ont été soulevées comme l'augmentation du temps de repos entre les rencontres et surtout l'augmentation du nombre de remplacements autorisés en match.

Un projet déjà voué à l'échec?

Mais le lancement de ce Grenelle est entaché d'un conflit entre la LNR et la Fédération française de rugby (FFR), qui estime être plus légitime pour s'occuper de cette problématique. La FFR a décidé de n'envoyer aucun représentant fédéral (ni Directeur technique national (DTN), ni membre de la cellule de recherche) à cette première édition pour signifier sa désapprobation. Une confrontation bien malheureuse étant donnée l'urgence sanitaire dans laquelle sont plongés les joueurs du Top 14 et de Pro D2.

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