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Valérien Ismaël : Comment le foot autrichien et allemand vit la crise sanitaire

A la fin des années 90, Valérien Ismaël est un défenseur solide, efficace et promis à un bel avenir. Avec Strasbourg et Lens, il remporte deux Coupes de la Ligue. Pourtant, fin 2003, il choisit de s’exiler en Allemagne. Au Werder de Brème, où il éclate. Un doublé Coupe-Championnat, et le Bayern de Munich le recrute. Après encore quelques titres avec le club bavarois, il finit sa carrière à Nuremberg. En 2011, il obtient la nationalité allemande. Voici son regard sur le foot allemand et le foot autrichien (depuis le début de la saison, il entraîne le club du LASK Linz) en situation de crise, comme partout en Europe.
Article rédigé par Claude Eymard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 3 min
  (JOSEF BOLLWEIN / APA-PICTUREDESK)

Comment ça va, Valérien, et où êtes-vous pendant ce confinement ? 
Valérien Ismaël :
"Je suis, depuis 5 semaines, avec ma famille, chez moi, à Erding, une petite ville près de Munich. Tout le monde va bien. J’ai réussi à revenir d’Autriche juste avant le confinement pour être près des miens. Je passe mes journées à m’occuper de mes filles, mais aussi de mes joueurs… Nous leur avons envoyé, dès le début, des programmes d’entraînement, que nous augmentons régulièrement, basés sur des sprints et des courses intensives, afin qu’ils gardent un minimum de forme. De plus, avec mon analyste vidéo, nous leur fournissons régulièrement des programmes vidéos, avec des extraits de nos matchs afin d’étudier des situations, comme des principes défensifs, c’était le thème de la première semaine, ou offensifs, ou les caractéristiques de nos adversaires. Nous pouvons voir leurs réactions sur ce qui fonctionne bien ou pas. Ce sont en quelque sorte des « devoirs » à la maison. Et comme nous sommes en visio-conférence, cela permet de garder les joueurs en éveil au niveau tactique, et d’échanger en ayant un visuel avec eux."

Alors parlons tout d’abord de la situation en Autriche. Vous avez terminé la saison régulière en tête du championnat avec Linz. Mais reste à présent les play-offs à disputer (les 6 équipes de tête se rencontrent en matchs aller-retour pour déterminer le champion). Peuvent-ils se faire ?
VI :
"En fait une réunion doit avoir lieu, entre la fédération, la Ligue, les instances politiques et les clubs dans les jours prochains, pour savoir si les championnats à tous les niveaux vont reprendre ou pas. Le problème en Autriche, et à la différence des autres pays européens, c’est que les contrats des joueurs s’arrêtent fin mai. La question est de savoir ce que l’on fait avec les joueurs en fin de contrats et qui va les payer après le 31 mai. J’espère que nous serons fixés à la fin de la semaine. Si on rejoue, c’est sûr que ce sera sans spectateurs. Mais quand ? Fin juin, début juillet ? Plusieurs scénarios sont possibles."

Tous les clubs vont perdre de l’argent. En France, en Angleterre, partout en Europe. J’imagine que c’est la même chose en Autriche ?
VI :
"En Autriche, sans doute moins que dans d’autres pays, car les droits télé sont moins importants. Les clubs vivent grâce à d’autres revenus : la billetterie, les loges, le sponsoring et les transferts."

Et en Allemagne, pays que vous connaissez bien ?
VI :
"En Allemagne, ça va être terrible si le championnat ne reprend pas. Il y a des clubs, dans toutes les divisions qui vont faire faillite. C’est pour cela qu’ils veulent reprendre début mai, ou au plus tard à la mi-mai, même si c’est à huis clos. En fait, eux aussi, attendent des décisions gouvernementales en fin de semaine pour une reprise complète. J’ai eu de nombreux entraîneurs au téléphone. Leurs joueurs ont déjà recommencé à s’entraîner en groupes, de maximum 6 personnes, et avec des mesures d’hygiène très très strictes, il y a une semaine, et pourraient, selon ces décisions, reprendre très vite les entraînements collectifs.
En fait, les clubs ont pu établir cette stratégie d’entraînement par groupe, car ils possèdent des infrastructures importantes, avec plusieurs terrains d’entraînement, et des chambres pour loger les joueurs de manière isolée. 
Et ce sont les régions qui ont décidé cette reprise, car ce sont elles qui régissent cela de manière politique et autonome."

D’un point de vue football, à quoi servent des entraînements par petits groupes ? Est-ce efficace ?
VI :
"C’est complètement différent des programmes que les coachs établissent pour le confinement à la maison. Ils sont basés surtout sur des exercices physiques. Là, au stade, cela permet aux joueurs de rechausser les crampons, de retoucher le ballon, de frapper au but, d’avoir à nouveau des sensations. Et puis, à partir d’un groupe de 4 joueurs, on peut intégrer des éléments tactiques, et travailler plus des situations dans les détails, chose que l’on ne fait pas avec un groupe plus important. Au niveau positionnements défensifs, au niveau finition, au niveau centres et placements dans la surface… Ça permet vraiment de travailler des points que l’on ne fait pas d’ordinaire. D’autant plus avec la pression des matchs. Donc maintenant, il n’y a plus qu’à espérer que le championnat reprenne en mai, comme ils le souhaitent. Nous aurons la réponse d’ici peu."

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