"A mort l'arbitre !" : les chiffres du foot amateur
Les violences visant les arbitres de foot sont devenues suffisamment problématiques pour que les instances analysent statistiquement leur évolution.
Chaque week-end, ils sont plus de 215 000 à officier sur les terrains du pays. Les arbitres, parfois appelés officiels dans certaines disciplines, sont des éléments indispensables de la pratique sportive. Mais leur rôle et leur motivation sont de plus en plus menacés par la violence qui gangrène le sport. Pour 25 000 d'entre eux, les arbitres de football français, la situation semble inquiétante au regard des récents faits divers survenus sur les terrains amateurs.
Francetv info se penche sur la réalité chiffrée de cette violence qui vise les arbitres de football français, le ballon rond étant le seul à avoir travaillé statistiquement sur le problème.
La violence contre les arbitres de foot... diminue
C'est avec une certaine satisfaction que la Fédération française de football (FFF) a accueilli les résultats du dernier rapport de l'Observatoire des comportements dans le football. Pour la saison 2012-2013, le nombre d'incidents par match a diminué de 10,7%. Le niveau est même descendu en dessous des 5 000 incidents visant les arbitres, avec 4 870 incivilités enregistrées.
"En 2007, nous avons créé l'Observatoire des comportements pour mesurer l'ampleur de la violence sur les terrains et cibler les actions à mener, explique Eric Borghini, membre du comité exécutif de la FFF, chargé de la question de l'arbitrage. Nous sommes le seul sport à assumer le problème de la violence. Et aujourd'hui, les efforts commencent à payer."
Un constat pas toujours partagé par les arbitres sur le terrain, à l'image de Renaud Hocq, président de l'Union nationale des arbitres de football du Val-de-Marne : "Les statistiques du foot en progression ? C'est n'importe quoi ! Beaucoup d'arbitres ne font pas de rapport, pour ne pas avoir de problème avec des joueurs qu'ils croisent tous les week-ends. Et si je devais reporter toutes les insultes que j'entends pendant une rencontre, la feuille de match ne suffirait pas."
L'arbitre, cible numéro un
Mettre une défaite sur le dos de l'arbitre est un comportement souvent constaté sur les terrains de foot. Plus précisément, on voit que, selon les chiffres de la FFF, 42,5% des victimes d'incidents survenus sur un terrain en 2012-2013 sont des hommes en noir, les joueurs représentant la majorité avec 53,7% des victimes. Mais si l'on compare ces chiffres au nombre d'arbitres, qui ne représentent que 1,25% des licences, on comprend qu'un arbitre a beaucoup plus de risques de croiser la violence sur un terrain de football que n'importe quel autre acteur du jeu.
La panoplie de l'agresseur d'arbitre est large
C'est la force de l'Observatoire des comportements : il recense chaque incivilité, chaque coup, insulte, menace, crachat, vol signalé au cours d'une rencontre, quels que soient le niveau et la catégorie. En se penchant sur la nature de ces incivilités, on constate que les arbitres ont surtout à faire à une violence verbale, qui représente 85% des agressions les concernant. Mais en prenant cette observation à l'envers, il y a tout de même eu 422 agressions physiques d'arbitre (coup, tentative de coup, agression par arme ou bousculade), des gestes passibles d'une suspension à vie et d'une comparution devant un tribunal correctionnel.
Le joueur adulte est pointé du doigt, mais le jeune footballeur inquiète
Une large majorité des matchs de football entachés d'agression d'arbitres concernent les catégories adultes. Ainsi, plus de 85% des assaillants sont des hommes majeurs. Mais selon la fédération, qui s'est penchée sur les catégories adolescentes, les U19 (joueurs de 17-18 ans) inquiètent particulièrement. Avec 33 matchs sur 1 000 concernés par des incidents la saison dernière, cette catégorie est plus sujette à la violence que la catégorie "seniors" (adultes de plus de 21 ans), où des incidents ont été relevés dans 21 matchs sur 1 000.
Le nombre d'arbitres est en baisse
C'est le pendant des "bons chiffres" du foot attestant d'une baisse des incivilités. Selon le décompte des licences de la FFF, depuis 2005, la fédération a perdu près de 4 000 arbitres. Le niveau est aujourd'hui comparable à celui de la saison 2000-2001. En 2012-2013, la tendance s'est enrayée, avec une poignée d'arbitres en plus par rapport à la saison précédente. Mais la problématique qui inquiète les responsables de l'arbitrage, ce n'est pas le recrutement, mais le fait que les nouvelles recrues raccrochent très rapidement le sifflet.
Les arbitres ont toujours la cote
Les Français sont sensibles aux problèmes que rencontrent les arbitres. Selon un sondage TNS-Sofres publié en septembre 2013, ils sont 91% à considérer que le rôle de l'homme en noir est de plus en plus difficile. Et ce chiffre, en progression de 10 points en un an, prouve que la question inquiète le pays. Il faut dire que le juge du sport jouit toujours d'une cote de popularité incontestable, avec 75% d'avis positifs parmi les sondés, bien que cette bonne image soit légèrement sur le déclin ces deux dernières années.
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