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America's Cup : grande Coupe, petite flotte

Après trois ans de grandes promesses, des projets aussi gigantesques que couteux, des renoncements et un mort, l'heure est venu de prendre la mer pour la Coupe de l'America dont les éliminatoires commencent lundi dans la baie de San Francisco. Le pari du milliardaire américain Larry Ellison de faire des catamarans AC72 les nouveaux montres de la Cup a pris l'eau. Ils ne seront que trois challengers à sa battre pour aller défier Oracle en septembre.
Article rédigé par Xavier Richard
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
L'AC72 d'Oracle dans la baie de San Francisco (EZRA SHAW / GETTY IMAGES NORTH AMERICA)

En Coupe de l'America, c'est le détenteur du trophée qui fixe les règles. Vainqueur des Suisses d'Alinghi en 2010, Larry Ellison, richissime fondateur du groupe informatique Oracle et propriétaire de l'équipe Oracle Team USA, avait opté pour une révolution à plus de 40 noeuds. Pour relancer la Coupe et garder l'Aiguière d'argent aux USA, Ellison décidait de se battre à coups de catamarans AC72 ultra-rapides, les formule 1 des mers, autour de la prison d'Alcatraz. Une excellente idée notamment pour la voile française, experte en la matière. Nombreux marins et sociétés ont ainsi apporté leur compétences dans la conception et l'utilisation des catamarans. Mais des quinze défis espérés au départ, seuls trois sont au départ et aucun français. Ces challengers sont les Suédois d'Artemis, les  Italiens de Luna Rossa et les Néo-Zélandais d'Emirates Team New Zealand. Leur secret ? Un soutien financier hors norme. Les coûts exorbitants de ces catamarans de 22 m tout carbone ont fait de  ces régates des courses de milliardaires. Ainsi, face à Ellison, figurent le milliardaire suédois Torbjörn Törnqvist, propriétaire de l'équipe Artemis, et  l'Italien Patrizio Bertelli, cofondateur et dirigeant de la marque italienne de  luxe Prada et propriétaire de Luna Rossa. Quatrième en lice, le Néo-Zélandais  Grant Dalton, dont l'équipe est, comme son nom l'indique, sponsorisée par la  compagnie aérienne des Emirats Arabes Unis, assise sur une fortune en pétrodollars.

Instabilité en mer

Les régates vont manquer de prétendants mais ne manqueront peut-être pas de sel. A cause de leur taille et leur vitesse, les AC72 font preuve d'une grande instabilité et sont susceptibles de chavirer. C'est malheureusement arrivé à Oracle et Artemis. Cela coûta la vie au Britannique Andrew Simpson, mort noyé en mai lors d'un chavirage dans la baie de San Francisco. Compte tenu de la complexité de ces machines, tout porte à croire  qu'Artemis ne pourra pas participer aux premières régates de la Louis-Vuitton  et ne rejoindra les autres challengers que fin juillet au plus tôt, ce qui  n'est cependant pas rédhibitoire pour espérer gagner le droit de défier le  "defender" Oracle Team USA. A la suite de ce drame, de strictes mesures de sécurité ont été adoptées et  le calendrier des courses a été révisé pour permettre aux Suédois de participer  à la Louis-Vuitton. Au grand dam du "patron" d'ETNZ Grant Dalton, pour qui les  organisateurs sont bien trop accommodants avec Artemis.

Crise dans les voiles

Quant aux promesses économiques pour San Francisco, elles pourraient ne pas être au rendez-vous. Si au départ l'événement promettait des retombées financières  alléchantes, il devrait se solder par un simple équilibre entre les dépenses et  les recettes engendrées, selon une étude récente. "Certains commentateurs ne sont pas contents et estiment que nous devrions  pouvoir tirer un profit", note Stephen Barclay, patron de l'organisation de la  Coupe. Mais selon lui, le fait que la ville puisse au moins rentrer dans ses  frais est la preuve d'une promesse tenue. Selon l'Institut de conseil économique de la Baie, qui a revu ses  prévisions à la baisse, la "Cup" ne devrait apporter que 900 millions de  dollars (690 millions d'euros), avec plus de deux millions de visiteurs et  6.500 emplois. En temps de crise, la voile ne fait plus recette. Même chez les milliardaires.

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