Florence Arthaud, une vie d'aventurière
La navigatrice est morte, avec neuf autres personnes, dans un accident d'hélicoptères sur le tournage de l'émission "Dropped", de TF1.
"Flo" ressemblait "à la marée, sur les cailloux de Saint-Malo", chantait Pierre Bachelet. Florence Arthaud est morte lundi 9 mars, en Argentine, dans un accident d'hélicoptères, sur le tournage d'une émission de téléréalité pour TF1. A 57 ans, même si elle ne participait plus aux grandes courses nautiques, la "petite fiancée de l'Atlantique", aux boucles sauvages et au regard insolent, était l'une des plus grandes navigatrices au monde.
C'est la Route du rhum qui l'avait fait entrer dans la légende de la voile. En 1990, elle remporte la plus prestigieuse des transats en solitaire, entre Saint-Malo et Pointe-à-Pitre, et réalise deux exploits en un. Alors que son pilote automatique et sa radio l'ont lâchée en route, elle devient la première femme à remporter la mythique traversée et explose le record de son prédécesseur Philippe Poupon, en 14 jours, 10 heures et 10 minutes, seule à la barre du Pierre Ier, un trimaran de 18,28 m.
"Je n'ai pas eu de vie de femme. J'ai eu une vie de patachon et d'aventurière", résumait celle qui ne voulait pas être décrite comme courageuse. Il en a fallu, pourtant, du courage, à la jeune femme qui a plusieurs fois côtoyé la mort. Un spectaculaire accident de voiture l'avait plongée dans le coma, à 17 ans, et lui avait valu deux ans de convalescence. Une épreuve qui lui donne la force de quitter le domicile familial pour prendre le large.
"C'est tout ce que je pouvais faire"
"Ça m’a sortie de mon milieu, et de ce qui m’était destiné", racontait cette fille d'une famille bourgeoise parisienne. "Je n'avais le droit de rien faire, ni au niveau des études parce que je n’étais pas très vive intellectuellement, ni au niveau sportif, sauf le bateau, c’est tout ce que je pouvais faire", racontait-elle en 2000, à Thierry Ardisson.
Et du courage, elle n'en a jamais manqué sur l'eau. En 1986, par exemple, elle s'était déroutée pour porter assistance au Français Loïc Caradec. C'est elle qui avait retrouvé le multicoque retourné, sans son skipper. En 1990, elle termine la Route du rhum malgré une hernie cervicale qui l'oblige à porter une minerve et une fausse couche, évoquée seulement au détour d'une phrase dans ses mémoires. A l'époque, elle décrit une hémorragie, et certains lui reprochent de faire du cinéma.
En octobre 2011, elle avait encore échappé de peu à la mort, après être tombée de son bateau en pleine nuit, au large du Cap Corse. Equipée d'une lampe frontale et d'un téléphone portable étanche, elle avait réussi à alerter sa famille, qui avait prévenu les secours. Deux heures après son appel, elle avait été récupérée saine et sauve par un hélicoptère, consciente mais en hypothermie. "Ce n'était pas mon jour, il y a eu de vrais miracles", avait-elle alors lâché à son retour chez elle, à Marseille.
Un projet de course destinée aux femmes
"Flo" faisait partie de cette génération de marins surdoués et passionnés qui ont accumulé les succès sur l'Atlantique et autour du monde à partir des années 1970, inspirés par le maître Eric Tabarly, à l'instar d'Olivier de Kersauson, Alain Colas et leurs équipiers. "On n'avait rien, on n'avait pas de maison, on vivait sur nos bateaux. On avait une bande de copains qui était notre famille", avait-elle encore raconté à l'AFP.
Eloignée des grandes courses en solitaire dans les années 1990, à cause d'un sponsor plombé par la crise immobilière, Florence Arthaud souffrait de ne plus naviguer, mais fréquentait toujours les ports et suivait les courses en spectatrice. A 57 ans, mariée et mère d'une fille d'une vingtaine d'années, elle n'était pas décidée à s'éloigner des vagues. Son dernier projet : lancer une course destinée aux femmes, un tour de la Méditerranée, dont le départ est prévu à l'été 2015, selon Le Monde. "Je serai aussi concurrente", avait-elle promis.
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