François Gabart: "On repart de zéro dans le modèle économique"
Dans quelle situation vous trouvez-vous actuellement ?
François Gabart: "On a la chance d'avoir un bateau en construction, et cette construction est maintenue, donc quoi qu'il se passe dans les douze prochains mois, on va construire un magnifique bateau, un Ultim, un bateau qui vole, qui est capable d'aller à des vitesses extraordinaires uniquement avec le vent. A nous maintenant d'être bons pour que ce bateau puisse être mis à l'eau en juin 2021 avec des couleurs, un message à porter, des marques à défendre, et un but qui est de gagner des courses, tenter des records. C'est tout l'enjeu."
Quelles sont vos perspectives ?
F.G. : "Je dois racheter le bateau, moi ou avec un écosystème de sponsors, partenaires, mécènes autour de moi. Ca peut se faire dans le cadre d'un groupe ou pour fédérer des marques. C'est évidemment bien plus compliqué de partir sur ces modèles-là : il faut les fédérer en amont, à terre, autour d'un bateau qui (ne) peut naviguer (que) plus tard. Mais je pense qu'on peut aller plus loin. Le sponsoring doit se remettre en cause, se réinventer. On n'a pas le choix. On est dans une situation très propice à ça, nous en ce moment, d'un point de vue très concret, et d'une manière générale, le monde d'aujourd'hui."
Vous ne croyez plus au modèle classique de sponsoring ?
F.G. : "Si jamais il y a une marque (intéressée pour racheter le bateau, ndlr), je ne dirai pas non, il faut être réaliste. On a eu de superbes résultats, Macif le dit d'ailleurs, ils n'ont pas arrêté pour ça. Mais dire reprenons le même schéma et faisons un copier-coller, je n'ai pas envie et je n'y crois pas. On repart de zéro dans le modèle économique autour de ce projet-là, on est ouvert à tout et c'est nécessaire de se poser des questions : comment faire pour qu'un Ultim puisse répondre aux problèmes de société de demain ? Aux problèmes d'entreprises qui ont besoin de communiquer ? Mais pas que, ce bateau peut servir la société, l'environnement. C'est dans cette démarche qu'on est en train de reconstruire ce projet."
La situation économique rend-elle les choses plus difficiles ?
F.G. : "La situation économique est évidemment très difficile aujourd'hui, avec pas forcément beaucoup de visibilité pour l'avenir. Néanmoins elle est justement très sujette à cette remise en cause, à cette transformation de modèle. J'ai eu plein d'échanges, maintenant il faut arriver à nourrir ces échanges pour essayer de co-construire un nouveau projet. On est en plein dedans, ça avance plutôt bien mais je ne me fais pas d'illusions, ça va mettre du temps à se remettre en place. Il faut avoir une certaine patience."
Comment va-t-on convaincre des partenaires dans le contexte actuel ?
F.G. : "Ce n'est pas un exercice facile et ça ne le sera jamais. Mais ce n'est pas parce que c'est difficile que ce n'est pas possible. La conjoncture économique fait que c'est encore plus difficile, il y a des boîtes qui sont en difficulté, des boîtes qui peuvent aller bien mais qui n'ont pas forcément la visibilité nécessaire pour s'engager sur des projets à long terme. Mais la course au large a tous les ingrédients pour se transformer et répondre aux besoins de la société de demain et post-Covid."
Êtes-vous prioritaire pour le rachat du bateau auprès de Macif ?
F.G. : "C'est en discussion, on n'a aucune garantie. Si demain il y a une personne intéressée pour acheter ce bateau, de fait le bateau est libre. On a un avantage technique, un droit de préemption (il en est maître d'oeuvre via sa société Mer Concept, ndlr), mais qui n'empêchent pas le risque que le bateau puisse naviguer sous d'autres couleurs. Évidemment, ce serait terrible pour moi, pour nous. Mais le pire serait que le bateau ne navigue pas."
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