Route du Rhum : un "final haletant" que "même Hitchcock ne parvient pas à imaginer", selon Francis Joyon et François Gabart
Le vainqueur et de la Route du Rhum et son dauphin sont revenus sur l'incroyable arrivée de la course transaltantique en solitaire à la voile.
Francis Joyon, 62 ans, a remporté dimanche 11 novembre la 40e édition de la Route du Rhum, en devançant François Gabart, 35 ans, avec seulement 7 minutes d’avance, après l'avoir rattrapé deux heures avant. Malgré la défaite, le jeune skipper souligne le "privilège pour un compétiteur" de vivre un tel moment alors que Francis Joyon retient surtout une "traversée dure et forte". Les deux hommes se sont livrés sur franceinfo, mardi 13 novembre.
franceinfo : François Gabart, comment avez-vous vécu cette fin de course ? Le moment où vous avez senti la victoire vous échapper ?
François Gabart : Je me suis rendu compte dans les dernières secondes que c’était perdu. C’est terrible et cruel mais en même temps, c’est la compétition. Elle est belle quand elle a cette intensité jusqu’au bout. Je pense que ça devait être sympa pour les spectateurs. Mais ça l’était aussi pour les acteurs. Je suis peut-être l’acteur malheureux mais quelque part, je suis très heureux d’être arrivé et d’être si proche de la victoire. Je suis ravi de cette course.
Vous avez perdu cette course importante mais vous restez positif. Avez-vous déjà digéré cette défaite ?
François Gabart : Parmi nos copains, certains ont cassé leur bateaux et se sont arrêtés en Europe. Moi j’ai eu cette chance, malgré les avaries qui ont affecté les performances du trimaran Macif, d’avoir un bateau qui continuait à flotter et j’ai pu traverser l’Atlantique et jouer la compétition jusqu’au bout. C'est un privilège pour un compétiteur. L’issue est terrible et cruelle mais c’est le jeu. Quand on joue, parfois on gagne et parfois on perd. De toute façon, c’est fait.
Francis Joyon, si vous vous mettez à la place de François Gabart, est-ce que vous le prendriez aussi bien ?
Francis Joyon : François est un grand sportif et j’espère l’être autant que lui. Nous avons eu, tous les deux, une traversée extrêmement dure et forte, dont l’arrivée est l’aboutissement heureux. Si j’avais été deuxième, j’aurais été heureux, comme l’est François. Moi-même, j’étais prêt à le féliciter s’il avait gagné en lui disant que j’avais animé sa course et que j’étais très heureux d’avoir pu le faire. J’ai fait des centaines d’arrivées de course, jamais je n’ai vécu un final aussi haletant.
François Gabart : Même Hitchcock ne parvient pas à imaginer ce genre de scénario. On traverse l’Atlantique en bateau. Il nous arrive plein de choses et on se retrouve l’un et l’autre à quelques secondes de la ligne d’arrivée. Les bateaux étaient presque à touche-touche. C’est extraordinaire. Encore une fois, c’est un privilège de pouvoir vivre ce moment-là parce qu’il n’y en a pas beaucoup dans une vie de marin. C’est fabuleux d’avoir cette chance.
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