Route du Rhum 2022 : "On recommence pas mal de choses à zéro", expliquent les navigateurs, qui doivent s'adapter au report du départ
Tout était prêt, y compris la nourriture embarquée à bord pour la course. Avec ce report de trois jours, Louis Duc va devoir faire un peu de tri : "Il me restait des pommes, des poires... On va les manger ce soir, en équipe !" Jérémie Beyou va aussi tout revoir. Son monocoque tout noir était prêt à la perfection, paré pour affronter l’océan. Ce report va obliger le navigateur finistérien à modifier certains détails : "On recommence pas mal de choses à zéro. Cela va des logements jusqu'à la mission littoral, en passant par les réglages du bateau... Il faut tout refaire !"
La préoccupation majeure de tous maintenant, c’est bien sûr la météo. Comment va évoluer cette dépression qui a contrarié tous les plans ? Et quelle sera la nouvelle configuration au moment du nouveau départ ? François Gabart, l’un des sérieux candidats à la victoire, n’a pas perdu de temps : "Il va falloir vite se reconcentrer, se remettre dans sa bulle, préparer un nouveau départ. C'est une partie de la course, être capable de s'adapter et de se réorganiser avec toute l'équipe."
"J'ai déjà regardé ce que cela pouvait engendrer en termes de stratégie. Ma tête est déjà partie dans un nouveau départ."
François Gabartà franceinfo
Pendant ces trois jours supplémentaires, les skippers vont devoir s’occuper : du sport et du yoga pour certains, dormir plus longtemps que prévu pour d’autres… Sur la plage du Sillon à Saint-Malo, cette longue étendue de sable est la piste parfaite pour faire du char à voile. A l’heure où la course aurait dû partir dimanche, Jérémie Beyou, l’un des favoris en monocoque, occupait donc le temps en famille et avec son équipe. "Je me défoule, ça me détend ! Et comme on ne peut pas s'empêcher de faire de la voile en mer, on va faire un petit tour du char à voile. On décompresse un peu aujourd'hui", sourit-il.
Trois journées de plus à attendre, alors que tout était déjà prêt : une belle occasion pour penser à soi, se réjouit le skipper suisse Alan Roura. "On est parents d'une petite fille. Du coup, on n'a plus le temps d'aller au cinéma le soir, on ne peut plus vraiment. Donc là, on a deux jours pour profiter un peu de la vie !", philosophe-t-il. Certains en profitent même pour quitter Saint-Malo et rentrer chez eux, comme le confie Yohann Richomme : "Je rentre chez moi à Lorient voir mes filles et les déposer à l'école. Ce sera mon petit plaisir personnel".
S'adapter, se reposer, recharger les batteries... Ce qui est sûr, c’est que l’ambiance ne sera plus tout à la même d'ici mercredi, redoute Louis Duc, qui a déjà vécu cette situation : "J'ai vécu ça en 2013 sur la Transat Jacques Vabre. On devait partir un dimanche, et, de mémoire, on est partis le jeudi. Le village de course se transforme, il n'y a plus rien, plus personne, ça devient un peu glauque. Sur la ligne de départ, il y a beaucoup moins de monde que prévu... Mais cela fait des histoires, ce n'est pas commun !" Tous n'ont plus qu’une seule obsession : entendre enfin le nouveau coup de canon libérateur.
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