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Route du Rhum : Hiroshi Kitada, un Japonais met les voiles vers le soleil couchant

Le skipper japonais Hiroshi Kitada, un chef d'entreprise de 54 ans, participe à sa première Route du Rhum sur "Kiho" un monocoque de Class40, sans viser le podium mais avec un objectif, "arriver au bout" pour susciter des vocations au Japon.
Article rédigé par franceinfo: sport avec AFP
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
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Le skipper japonais Iroshi Kitada (LOIC VENANCE / AFP)

Rien ne prédestinait ce patron d'entreprise devenu navigateur sur le tard, à 40 ans, à se lancer dans la course au large, si ce n'est son besoin un jour, de "se couper du monde des affaires". "Pendant dix ans, jusqu'à mes 39 ans, je n'ai fait que travailler, travailler tout le temps", explique ce cadre de la chimie avant de démarrer le moteur de son "Kiho", un Pogo S3 blanc de Class40 (12,18 m) accosté à la base de Lorient. En cette après-midi d'octobre, ses yeux scrutant l'horizon, le skipper hisse la grand voile grise frappée d'un grand disque rouge, avec en toile de fond l'ancienne base française de sous-marins.

Ce fils de pêcheur qui a grandi face à la mer ne cache pas sa fierté de mettre les voiles vers Pointe-à-Pitre le 4 novembre parmi les 53 skippers de Class40. Chose peu courante, le skipper autofinance entièrement sa participation à la 11e édition de la solitaire. Après avoir assisté au départ du Rhum il y a quatre ans, il a fait construire à ses frais, sans sponsor, son "Kiho" - "voiles précieuses" en japonais - en hommage à sa femme et à sa fille.

"Un monde entre nous"

Pourquoi la voile ? Kitada raconte être "resté très ému en voyant un bateau animé par la seule force du vent" pour la première fois. Il rejoint des courses par équipes, participe à sa première solitaire en 2016, la Transat anglaise Plymouth-New York. Il est le dernier à franchir l'arrivée après 23 jours mais devient le premier Japonais à terminer la course et peut se réjouir d'avoir mis moins de temps à traverser l'Atlantique qu'Eric Tabarly, vainqueur en 1964 avec son ketch Pen Duick II (27 j 03 h 56 min). "C'était une course dangereuse, dans des conditions très compliquées, avec plus de 50 noeuds de vent" et "je l'ai fait, j'y suis arrivé". "Arriver au bout est une sensation et une force extraordinaire", souligne Kitada.

"Il ira au bout quoi qu'il arrive, il a quand même déjà une transat dans les jambes", et peu importe qu'il ne termine pas sur le podium, il fera "figure honorable et ne finira pas dernier", assure Halvard Maguire, président de l'association Class40.  Avec tout juste sept participations à des courses, Kitada sait qu'il devra s'accrocher s'il veut rivaliser avec les plus grands de sa catégorie. "Je ne suis qu'un amateur, je vois ces champions de très loin, il y a un monde entre nous. Je suis content de les croiser mais il n'y aura pas de compétition entre nous", dit-il.

Très fort au niveau mental

Après deux ans et demi d'entraînement et de "préparation aux phases à problèmes" avec son coach français Jean-Cristophe Caso, Kitada se sent prêt. Le Rhum "ne peut pas être comparé à d'autres courses, mais j'ai la sensation que je peux le faire", assure-t-il. Malgré la barrière de la langue - Kitada ne parle pas anglais - les deux hommes ont appris à communiquer avec l'aide d'une interprête et des "codes" en anglais et japonais. "Il a bien progressé. Même s'il n'a pas la technique, il va s'habituer à la difficulté. Il est très fort au niveau mental". "S'il met entre 18 et 20 jours ce sera déjà une bonne performance", estime son coach.

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