Route du Rhum : La flotte n'en finit pas de faire "des auto-tamponneuses", tout va bien pour Gabart
Des 123 bateaux qui se sont élancés de Saint-Malo dimanche, direction Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe, pour le quarantième anniversaire de la prestigieuse course transatlantique en solitaire, à peine plus de la moitié - une grosse soixantaine - naviguaient jeudi après-midi. Si seulement trois abandons ont été officiellement notifiés à la direction de course (Josse, Davies, Burton), la liste va vraisemblablement s'allonger, trois autres bateaux ayant démâté, le dernier en date jeudi matin (Payen), en plus du chavirage mardi du maxi-trimaran d'Armel Le Cléac'h, un des favoris de la catégorie Ultime. Beaucoup d'autres marins, notamment ceux à la barre des bateaux les moins rapides, ont eux choisi de se réfugier dans un port, le temps d'y réparer des avaries mineures ou d'attendre des jours meilleurs.
"Montagnes russes et auto-tamponneuses"
Car, si la journée de jeudi leur a réservé une accalmie toute relative, une troisième dépression menace désormais la queue de la flotte (Multi 50, Class 40 et Rhum principalement), promise à une nouvelle nuit musclée, des Açores au Golfe de Gascogne, en passant par le large du Portugal. La suite devrait, enfin, être plus clémente et l'horizon du week-end, pour ceux en stand-by, être propice pour reprendre la mer. Une nouvelle accueillie avec soulagement par les skippers.
Nouveau venu en solitaire et à la barre d'un monocoque de 12 m (Class 40), le Breton Antoine Carpentier se réjouissait d'entrevoir "la sortie des montagnes russes et des auto-tamponneuses". "C'est un peu l'hécatombe. J'ai fait une capture d'écran de la situation de tous les bateaux hier (mercredi), c'était un peu n'importe quoi, il y avait des bateaux dans tous les sens. Tout le monde essaie de s'en sortir comme il peut. On a vraiment envie que ça s'arrête et de pouvoir redémarrer une course normale, faire de la régate plutôt que de la survie", a renchéri le Malouin Maxime Sorel, engagé dans la même catégorie.
Ambiance estivale pour Gabart
Loin de ces préoccupations, François Gabart, en tête de la flotte, est tout sourire : le skipper du trimaran géant Macif, aux commandes quasiment sans discontinuer depuis le départ, a encore étiré son avance sur Francis Joyon (Idec Sport), son dernier rival en Ultime après les complications précoces connues par leurs trois autres concurrents, Sébastien Josse, Thomas Coville et Le Cléac'h, tous victimes des terribles conditions des premières 48 heures. A la latitude des Canaries, ambiance estivale - soleil éclatant, ciel bleu et flots disciplinés - sur la machine volante de 30 m de long et 21 m de large de Gabart, lunettes de soleil sur le nez, selon sa dernière vidéo postée sur Twitter dans l'après-midi.
"Je suis hyper content de ce que j'ai fait cette nuit. Je me suis bien battu pour faire avancer le bateau. C'était un peu plus compliqué parce qu'on n'avait pas trop de vent", racontait dans la matinée le détenteur du record du tour du monde en solitaire. "Je ne vais pas me relâcher même si je vais veiller à ne pas perdre d'énergie inutilement, pondérait-il. Je ne vais pas faire n'importe quoi et attaquer comme un malade mais on va tenter de gagner par-ci par là quelques milles. Je vais essayer de gérer la fatigue et l'engagement. Ça demande encore beaucoup de concentration."
Hugo Boss en tête des Imoca
Autre catégorie phare de la Route du Rhum, celle des Imoca - les monocoques du mythique Vendée Globe - connaissait aussi une respiration bienvenue pour son peloton de tête, emmené au large de Madère par le Britannique Alex Thomson (Hugo Boss), devant Paul Meilhat et Vicent Riou. De quoi rendre "jaloux" l'Allemand Boris Herrmann, pointé deuxième au bénéfice d'une option beaucoup plus à l'Ouest qui risquait de lui coûter une nouvelle nuit mouvementée.
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