Route du Rhum - Victoire de Roland Jourdain en monocoque IMOCA
Agé de 46 ans, marié et père de famille (deux enfants), Jourdain alias "Bilou" s'était installé en tête des IMOCA il y a environ une semaine, ayant comme la majorité de ses concurrents directs choisi de contourner par le nord la zone sans vent de l'anticyclone des Açores. "Rarement, j'ai vécu une course aussi intense, toujours à fond 24 heures sur 24. Rater un seul petit truc entraînait une grosse bêtise se payant très chère au classement", notait la navigateur avant l'arrivée. Face à des vents instables et des grains réguliers, il a dû jongler, "presque d'heure en heure, avec toute ma garde-robe allant du ciré au string, comme avec toutes mes voiles, du gennaker au spi en passant par le solent", ajoute-t-il avec une pointe d'humour.
Son arrivée à Pointe-à-Pitre, sous grand voile haute et trinquette, a été particulièrement laborieuse en raison des vents faibles qui sévissent sur l'arc antillais depuis plusieurs jours. Les derniers milles, parcourus sous une voûte étoilée et avec une trentaine de bateaux à moteur dans le sillage, ont été épuisants nerveusement, le grand monocoque n'avançant pratiquement plus dans une mer d'huile. Dès la ligne franchie, à 06 heures 12 minutes et 56 secondes (heure de Paris), Roland Jourdain a levé les bras au ciel, manifestement heureux d'en avoir fini avec ce Rhum interminable. Le Quimpérois a franchi la ligne après 13 jours, 17 heures, 10 minutes et 56 secondes de traversée, cinq jours après le vainqueur des multicoques, Franck Cammas.
Il devance Armel Le Cleac'h (Brit Air). Ce dernier, après être resté encalminé plusieurs heures à proximité de la ligne d'arrivée, a finalement passé la ligne après un peu plus de 14 jours de course. Le Cleac'h, 33 ans, est l'une des étoiles montantes de la voile océanique française et a déjà remporté cette année la Solitaire du Figaro (3 victoires d'étapes sur 4) ainsi que la Transat AG2R avec Fabien Delahaye. Surnommé "le chacal" pour sa réputation de ne jamais rien lâcher, il avait terminé 2e du dernier Vendée Globe (le tour du monde en solitaire sans escale) en 2009 derrière Michel Desjoyeaux et 2e de la Transat anglaise en 2008.
Régatier polyvalent -il a couru en monocoque et en multicoque, en solitaire et en équipage-, Jourdain fait partie des meilleurs skippers français actuels. Il est sans doute aussi celui qui dispose du plus grand capital de sympathie. Tignasse de boucles blondes, oeil rieur et humour à fleur de peau ,il porte fièrement dans sa voile le numéro 29 de son Finistère natal. Il affirme s'être passionné pour la voile plus par amour de la nature que par celui de la compétition mais possède pourtant un palmarès impressionnant, en monocoque comme en multicoque. Coéquipier d'Eric Tabarly sur la Whitbread en 1985, Roland Jourdain a aussi participé trois fois au Vendée Globe, le tour du monde en solitaire sans escale.
Son palmarès -encore enrichi de cette deuxième victoire (après celle de 2006) dans la Route du Rhum- est l'un des plus enviables de la course au large, avec aussi deux Transats Jacques Vabre (1995 et 2001) et trois participations au Vendée Globe, la course en solitaire autour du monde sans escale et sans assistance (3e en 2001, abandons en 2004 et 2008). Cette année, pour gagner "le droit de démarrer l'hiver au soleil, de changer de saison en quelques jours", Roland Jourdain aura parcouru 3.957 milles à une vitesse moyenne de 12,02 noeuds.
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