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Sail GP à Saint-Tropez : sur les bateaux volants les plus rapides du monde, "c’est une musique très bien orchestrée"

Les Formule 1 des mers se retrouvent tout le week-end dans le Golfe de Saint-Tropez à l’occasion de l’étape française du Sail GP. Ces muticoques sont un concentré de technologies embarquées pour un spectacle sur et au-dessus de l’eau.

Article rédigé par Jérôme Val, franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Les catamarans volants engagés sur le Sail GP. (JEROME VAL / RADIO FRANCE)

À quelques heures du début des régates, samedi 10 septembre, c’est le temps des derniers réglages pour l’équipage français. Le vent a forci pour l’un des derniers entraînements et le bateau bleu-blanc-rouge prend son envol dans le Golfe de Saint-Tropez pour l'étape française du Sail GP, sous le regard de l’entraîneur tricolore qui se trouve à bord d’un pneumatique. "C’est une musique très bien orchestrée et il faut que tout soit huilé", explique Thierry Douillard, casque sur les oreilles et les yeux fixés sur un écran où défilent les chiffres de performances du bateau. "Ça fait partie de toute notre gamme à faire. Le déchet est de moins en moins acceptable et accepté."

On voit que le niveau de la flotte augmente incroyablement, il faut encore être plus précis sur tous les paramètres."

Thierry Douillard, entraîneur de l'équipe de France

à franceinfo

Car une navigation avec ce type de bateau est d’une précision rare. Les F50, ces catamarans de 15 mètres de long et d’un peu moins de 9 mètres de large, sont dotés d’une aile rigide en guise de voile qui peut aller jusqu’à 29 mètres de haut et des foils pour soulever le catamaran. Pour le manœuvrer : un volant tout rouge au centre duquel sont incrustés des boutons. "Ce n’est pas pour rien qu’on appelle ça des Formule 1 des mers, détaille Quentin Delapierre, le pilote du bateau français depuis un peu moins d’un an. On a classiquement une barre de voilier, sauf que j’ai dessus un twist grip, comme une poignée de moto avec laquelle je peux gérer la hauteur de vol du bateau : soit le faire décoller, soit le faire redescendre. Il y a ensuite plusieurs boutons mais le plus important est le petit bouton rouge. Quand j’appuie dessus, il y a une tonne en plus et le bateau accélère, entre 10 et 20 km/h plus rapide." Pas négligeable quand ces bolides dépassent régulièrement la barre mythique des 100 km/h.

Plus d'une centaine de capteurs embarqués sur les bateaux

Pendant les entraînements ou les courses, toutes les données du bateau sont traitées en direct dans un centre opérationnel. Il est installé dans un container posé sur un parking de Saint-Tropez. À l’intérieur : une vingtaine d’écrans où défile une longue litanie de chiffres. "Sur cette carte, on voit le bateau français en bleu bien sûr, développe David Rey, analyste de données pour Sail GP, l’organisateur de ce circuit mondial. Ils vont actuellement à une vitesse de 53 km/h dans du vent de 25 km/h, donc ils vont à deux fois la vitesse du vent en ce moment et ils volent à un mètre au-dessus de l’eau."

Le pilote Quentin Delapierre aux commandes du trimaran français. (JEROME VAL / RADIO FRANCE)

Mais ces données sur la navigation sont beaucoup plus précises. "Le plus important, c’est ce qui concerne la vitesse mais on a aussi des données sur l’angle par rapport au vent, poursuit David Rey. On mesure la force du vent, la hauteur de vol, la gîte. Il y a 125 capteurs sur ces bateaux qui donnent un milliard de points de données par jour et par bateau."

Une banque de données hallucinante ouverte à tous : chacune des neuf équipes en lice a accès aux paramètres de ses concurrents. Dans le Sail GP, il n’y a pas de secret industriel ! "C’est un plus, se félicite l’entraîneur tricolore Thierry Douillard. Je vais par exemple sélectionner le bateau anglais et australien et je vais être capable de comparer toutes nos données avec les leurs. C’est ce qui nous permet d’avoir une flotte très homogène."

Le centre de données de Sail GP peut analyser des milliards de paramètres par jour sur chaque bateau (JEROME VAL / RADIO FRANCE)

Mais le risque n’est-il pas de crouler sous les données et que la technologie prenne le pas sur la navigation ? "Effectivement, il y a beaucoup de paramètres sur le bateau, raconte Quentin Delapierre. Mais j’essaye de relier toutes ces nouveautés de gestion des données, de l’électronique et de l’hydraulique à mon sens de la régate et mon feeling à bord. Pour l’instant, je suis assez content du résultat."
Dans l’équipage français, on compte quand même plusieurs ingénieurs, dont un formé à l’École centrale de Nantes. Un apport précieux à l’heure de la voile 2.0.

Sail GP à Saint-Tropez : sur les bateaux volants les plus rapides du monde - le reportage de Jérôme Val

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