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Sports : "On n’a pas fini d’entendre parler du wingfoil", assure une athlète de ce sport de glisse cousin du kitesurf

Le wingfoil, ce sport qui permet de voler au-dessus de l'eau parfois à plus de 50 kilomètres/heure, est arrivé en France il y a trois ans et se développe à grande vitesse.
Article rédigé par Jérôme Val
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5min
A l'image du kitefoil au programme de Paris 2024, le wingfoil espère candidater pour intégrer les Jeux olympiques à partir de 2032 (JEROME VAL / RADIO FRANCE)

Depuis trois ans, c’est la star des plages : le wingfoil, une planche, une voile que l’on tient à la main et un foil pour voler au-dessus de l’eau. Mais au-delà de la pratique loisir, c’est aussi un sport professionnel : les meilleurs spécialistes de la planète sont réunis jusqu’au 10 avril à Leucate (Aude) pour le Mondial du Vent. 

Pendant toute la durée de la compétition, c'est la même routine : la journée démarre avec les ultimes consignes et un point sur les conditions météo. Avec une attention particulière sur le vent qui joue à cache-cache ces jours-ci à Leucate. C’est alors l’heure de rejoindre la plage de la Franqui pour les 70 riders de 14 nationalités venus pour le 26e Mondial du vent, troisième étape du circuit mondial de la GWA (Global Wingfoil Association). Au programme : le slalom et le freestyle, deux des disciplines de ce sport (avec la race et la dernière-née, la vague) sur ce plan d’eau de Leucate, le spot de la glisse en France et futur site de préparation pour Paris 2024.  

Orane Ceris n'a découvert le wingfoil qu'il y a trois ans mais elle est déjà professionnelle au sein de l'équipe de France. (JEROME VAL / RADIO FRANCE)

Sur le sable, des dizaines de voiles sont déposées, des foils sont plantés. Ses larges lunettes de soleil sur le visage, Orane Ceris regarde la mer. La Française de 29 ans a découvert le wingfoil il y a trois ans à peine, après deux décennies à pratiquer la gymnastique. "Quand je suis arrivée en Nouvelle-Calédonie, j’ai tout de suite accroché avec ce sport, se souvient la jeune femme. Pouvoir voler au-dessus de l’eau, c’était super agréable. J’ai commencé à sauter, faire des figures et pousser un peu plus dans la discipline. C’est là que je me suis fait repérer par des sponsors. Je pense qu’ils ont eu raison de le faire car on n’a pas fini d’entendre parler du wingfoil."  

Le vent en poupe

En quelques années seulement, la discipline a envahi les plages et connait une croissance ultra-rapide. Ce sport de glisse est apparu en 2019, petit cousin du kitesurf mais plus accessible et moins contraignant sur le matériel. Aujourd’hui, le nombre de pratiquants explose. Les compétitions se structurent, plus de 300 en France rien que l’an dernier. "Le wingfoil a fait en trois ans ce que le kitesurf a réalisé en dix ans et la planche à voile en vingt ans", résume François Bovis, conseiller technique national pour le wingfoil à la Fédération française de voile.  

Et le mouvement s’internationalise avec cette coupe du monde GWA. Créée en 2021, elle prend son envol cette saison avec deux fois plus d’étapes que l’an passé. "C’est vrai que cette année, il y a énormément d’événements, souligne le Titouan Galéa, originaire de Nouvelle-Calédonie et le seul triple champion du monde de la discipline (deux fois en slalom, une fois en freestyle). C’est probablement trop : ça fait trop d’endroits, on ne sait plus où aller. Mais c’est quand même une bonne chose pour ce sport qui concerne de plus en plus de monde. Surtout des Européens et quelques Américains. C’est là qu’il y a tous les marchés, ce n’est pas étonnant."   

Le champion de wingfoil Titouan Galéa a déjà glané trois titres de champion du monde sur un circuit qui n'existe que depuis 2021. (JEROME VAL / RADIO FRANCE)

Face à cet essor, il a fallu organiser ce développement. Une équipe de France a vu le jour cette année. Elle compte sept sportifs de haut niveau (cinq hommes et deux femmes). "L’ambition est d’accompagner au mieux ceux qui ont réalisé des performances l’an passé, détaille son coordinateur, François Bovis. C’est une manière de les valoriser. C’est enfin un moyen d’accompagner ce nouveau sport dans le schéma nautique. Nous sommes le seul pays à le faire, nous sommes précurseurs et tant mieux. Nous avions fait cela pour le kitesurf et on voit les résultats des Français à l’heure actuelle. Cela fonctionne."    

Le wingfoil frappe à la porte des JO

Mais grandir trop vite a aussi son revers de la médaille pour ces sportifs 100% professionnels. "Ce n’est pas une année facile pour trouver des sponsors, même pour moi, se désole Titouan Galéa. Après le Covid, il y a eu énormément de ventes et par conséquent, il y a maintenant beaucoup de stocks dans les magasins et chez les grandes marques. Le marché a reculé et cela explique les difficultés."

La France reste l’un des pays les plus performants dans le wingfoil. Le sport frappe désormais à la porte des Jeux olympiques mais pas avant 2032. En 2024 à Paris (à Marseille pour être exact) et en 2028 à Los Angeles, c’est le kitefoil qui s’est fait une place au soleil des JO. En attendant cette échéance qui fait rêver tout le monde, reste le plaisir d’une glisse nouvelle, cette "sensation de liberté où on peut aller jusqu’à 30 nœuds (55km/h), parfois à un mètre au-dessus de l’eau", comme le résume, les yeux pétillants, Orane Ceris.

Le wingfoil a le vent en poupe : reportage de Jérôme Val

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