Gabart, de l’or à la barre
La lutte finale entre François Gabart et Armel Le Cléac’h était d’ailleurs attendue, tant les deux skippers et leur navire ont des points communs. Le plus incroyable est qu’après trois mois de mer et la distance parcourue, les écarts sont véritablement infimes. C’est donc Gabart qui s’est montré le plus rusé, peut-être aussi le plus chanceux car les prévisions météorologiques ne sont jamais une science exacte. Lui-même charmé, Poséidon a sans doute donné un petit coup de pouce au skipper de 29 ans qui affiche toujours un sourire d’ange, et que beaucoup d’observateurs considèrent comme l’un des plus doués de sa génération.
Une ascension fulgurante
Outre son côté gendre idéal, avec sa chevelure blonde rouillée par les embruns, le Charentais a démontré au cours des dernières années qu’il ne voguait pas sur les mers pour y faire de la figuration. C’est en 2008 qu’il se fait remarquer en multipliant les victoires sur le circuit Figaro Bénéteau II. Désigné « Espoir Région Bretagne », Gabart est le mieux classé des novices de la Solitaire. En 2010, il remporte la sélection organisée par le groupe Macif et c’est alors le début d’une grande ascension. Bénéficiant des moyens qui lui sont mis à disposition, le jeune marin décroche alors le titre de Champion de France de course au large et en solitaire.
Les vents le poussent dès la fin de l’année à passer dans la catégorie IMOCA, et il y découvre alors les joies de la navigation à bord d’un 60 pieds. Insatiable, il démontre son savoir-faire en s’imposant dans la Transat B to B en 2011. Lors de l’Europa Warm’Up 2012, sorte de grande répétition avant le Vendée Globe, il se classe deuxième derrière un certain Vincent Riou (vainqueur de l’édition 2004-2005 du VG et contraint à l’abandon en novembre dernier). Déjà, certains le plaçaient parmi les favoris de cette édition 2012-2013, malgré les skippers plus expérimentés.
Un périple familial à l’origine de sa passion
S’il en est arrivé là, c’est aussi et comme bon nombre de ces mordus de la course à la voile parce qu’il a baigné depuis tout petit dans le monde de la navigation. Il le doit peut-être aussi à ce périple réalisé toute une année durant avec sa famille. Alors âgé de sept ans, le jeune François est à jamais marqué par cette expérience hors du commun. Même s’il ne lâche pas pour autant ses études et décroche un diplôme d’ingénieur INSA à Lyon, sa passion reste la voile comme l’attestent ses deux victoires dans le Tour de France à la voile étudiant.
Mais cette fois, Gabart vient assurément de réaliser le plus grand exploit de sa carrière. Pour sa première participation, le Charentais a su maîtriser toutes les subtilités et les dangers de l’Everest des Mers. A 29 ans, il est aussi devenu le plus jeune vainqueur du Vendée Globe, faisant mieux qu’Alain Gautier qui n’avait que 30 ans lors de son succès en 1993. Et lorsque l’on connaît le palmarès de Gautier, on peut sans mal prédire un avenir radieux pour celui qui vient de succéder à Michel Desjoyeaux. Une nouvelle légende de la voile est née.
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