: Interview "J'ai des petits cadeaux qui sont prévus" : en plein Vendée Globe, le skippeur Antoine Cornic va fêter son anniversaire seul sur son bateau
Antoine Cornic (Human Immobilier) est en train de vivre son rêve après lequel il courait depuis 20 ans. Deux décennies avant de pouvoir prendre le départ du Vendée Globe, ce tour du monde à la voile en solitaire et sans escales.
Antoine Cornic navigue actuellement dans le Pacifique Sud, très loin des leaders et de l’arrivée. Cet ancien restaurateur sur l’île de Ré va fêter son 45e anniversaire en mer, seul sur son bateau, le 4 janvier, comme d’autres l’ont fait depuis le départ des Sables d’Olonne. Il a répondu à franceinfo.
franceinfo : Comment allez-vous fêter cet anniversaire à part ?
Antoine Cornic : J’ai des petits cadeaux qui sont prévus et qui étaient dans le sac de Noël. Ça va être vite fait : je vais ouvrir deux ou trois trucs, et puis voilà ! Ce n’est pas très important pour moi. Je suis un épicurien, j'aime les gens et donc le fêter en famille ou avec des copains, oui. Mais quand tu es tout seul, ce n'est pas non plus essentiel. L’essentiel pour moi, c'est de faire ce tour du monde et revenir heureux. Ça sera mon plus beau cadeau d'anniversaire.
Après bientôt deux mois en mer, est-ce que le moral est au beau fixe ?
Le moral est là parce qu’on est toujours en course, malgré les diverses embrouilles. La terre ne me manque pas, bizarrement. Bien sûr que ma famille me manque, mes enfants, ma femme et les copains. Mais je suis bien en mer, je suis heureux d'être là et j'essaye d'en profiter vraiment un maximum. C'est quelque chose d'incroyable de faire ce tour, il faut absolument rentrer avec de belles étoiles dans les yeux.
Depuis le départ, y a-t-il eu des moments très compliqués ?
La perte de ma première voile, ce n'était pas très grave. Mais quand j'ai cassé le rail de grand-voile, tu vis un moment difficile mentalement qui est la peur de l'abandon (à la mi-décembre, Antoine Cornic a dû se dérouter vers l’île de Saint-Paul, dans le sud de l’Océan indien, pour trouver un endroit abrité afin de réparer). Il faut vite se rassembler, se poser, se calmer et réfléchir à des solutions pour éviter ce chemin-là. Il faut rester attentif parce que la route est encore longue et il y aura encore forcément des moments durs.
Effectivement, la route est loin d’être terminée. Alors que les leaders sont attendus aux Sables d’Olonne dans moins de deux semaines, est-ce que par moments, le temps est long ?
Là, on est pile-poil dans le sujet. Je suis bloqué entre un anticyclone et les dépressions derrière, ça ne bouge pas vraiment. Normalement, tu fais un tour du monde avec le vent plutôt derrière, mais pas là. Ça veut dire que les copains derrière ont du vent comme il faut, et donc ils te rattrapent. Ceux de devant ont du vent et toi, tu es bloqué dans cette situation de météo où tu as du mal à t'en sortir. Le temps est un petit peu long, c’est assez monotone.
Mais il fait relativement froid, je suis plutôt à l'intérieur et j'ai attaqué un petit livre. J'essaye surtout de faire beaucoup de microsiestes dans la journée. Je me fixe un objectif par objectif et pas une vision complète. Si je pense aux premiers qui sont attendus dans une quinzaine de jours, tu déprimes.
Est-ce qu’il y a des choses qui te manquent ?
Le corps humain est assez incroyable : quand tu n’as rien, tu n'as envie de rien. J'ai un super lit, je suis bien confort quand je dors. C’est sûr que je ne serai pas contre une bonne douche bien chaude. Je me suis habitué à rester dans mes vêtements, à me passer un coup de lingette. Mais sinon, il n’y a pas grand-chose qui me manque.
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