Sauvetage de Kevin Escoffier sur le Vendée Globe : le navigateur Yann Eliès salue le travail de Jean Le Cam "marin d'exception" et du directeur de course
Le consultant voile de franceinfo qui a lui-même vécu un grave accident sur le Vendée Globe en 2008 est impressionné par la "solidarité" qui règne entre les skippers de cette course en solitaire, "ça force le respect".
"Il faut vraiment saluer le travail d'un marin d'exception, Jean Le Cam, et de Jacques Caraës, le directeur de course", estime mardi 1er décembre sur franceinfo le navigateur Yann Eliès, après le sauvetage de Kevin Escoffier dans la nuit de lundi à mardi. "Quelle chance on a encore de récupérer nos marins sur ce Vendée Globe", a ajouté le consultant voile de franceinfo qui a lui-même connu un grave accident en 2008. Il a souligné l'esprit de "solidarité" qui anime traditionnellement les marins de cette course en solitaire.
franceinfo : En 2008, vous aviez eu un accident sur le Vendée Globe, il avait fallu des jours pour qu'on vous récupère. En apprenant l'épisode de la nuit dernière, avez-vous un peu revécu ce qui vous était arrivé ?
Yann Eliès : Non, pas spécialement, mais j'étais très inquiet pour Kevin. Dans un premier temps, on a eu l'information que Jean l'avait vu. Et puis ensuite plus rien, plus de nouvelles pendant un temps qui nous a paru interminable, on a compris que le sauvetage était beaucoup plus compliqué que ce qu'on espérait. Je pense à Kevin sur son petit radeau de survie qui est une tête d'épingle au milieu de l'océan, je pense à Jean qui a dû se dire "mince, j'ai raté peut-être la chance qui m'était offerte de le récupérer la première fois", et ces heures ont dû lui paraître interminables. La deuxième fois, quand il est tombé dessus, je pense qu'il n'a pas réfléchi, il a foncé dessus avec son bateau pour essayer de récupérer et heureusement, ça se termine bien. La tombée de la nuit, finalement, ce n’était pas si mal que ça puisque ça a permis à Jean de voir cette petite lumière apparaître à l'horizon. Mais quelle chance on a encore de récupérer nos marins sur ce Vendée Globe ! Il faut vraiment saluer le travail d'un marin d'exception, Jean Le Cam, de Jacques Caraës, le directeur de course aussi qui a manié ça de main de maître, j'imagine.
Dans un moment comme ça, la seule priorité pour tout le monde, c'est de récupérer le marin en détresse ?
Oui, tout à fait. Il faut aussi saluer le travail de trois autres marins, Sébastien Simon, Boris Herrmann et Yannick Bestaven qui, dès le premier coup de fil donné par la direction de course, n'ont pas réfléchi, et sont allés sur zone pour quadriller au mieux cet océan qui est infini et ont donc finalement réussi à le récupérer.
Ça a été une grosse opération qui se termine bien, mais on espère ne pas revivre ces moments-là.
Yann Elièsà franceinfo
Ce n'est pas fini le Vendée Globe, on n'en est qu'à 25% et les mers qu'ils vont affronter ces trois prochaines semaines sont encore difficiles.
C'est une course en solitaire, mais on a l'impression que finalement il n'y a pas plus solidaire comme épreuve ?
Quand on est en mer, on sait qu'on est loin de tout, qu'on est loin des secours et que le concurrent le plus proche c'est celui qui pourra venir vous chercher et vous secourir rapidement. Donc, il n'y a pas une seule seconde à réfléchir. On y va et on met sa course entre parenthèses. On sait très bien que n'importe qui fera ce geste-là. Ça force le respect cette solidarité. On aimerait bien que parfois, on ait ce même genre de geste pour les terriens. Je pense que les marins qui se sont déroutés vont mettre un peu de temps à se remettre de leurs émotions.
Après une telle épreuve, a-t-on du mal à remonter sur un bateau ?
Non, je ne crois pas, parce que ça fait partie de notre métier. On peut se dire qu'effectivement on a grillé une cartouche, on a grillé notre chance, mais on adore cette passion, c'est ancré en nous et Kevin est un marin d'exception, un roc de la Côte-Nord de Saint-Malo. Je suis sûr et certain qu'il va remonter sûrement sur un bateau le plus vite possible.
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