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Vendée Globe : imprévisibles et dangereux, les "ofnis", cauchemar des navigateurs

Ces "objets flottants non identifiés" peuvent être des bidons, des morceaux de bois, de plastique, ou des containers. Un choc peut entraîner de graves dégâts sur les bateaux des skippers.

Article rédigé par Jérôme Val - Édité par Noémie Bonnin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le skipper Jeremie Beyou de retour aux Sables d'Olonnes pour réparer son safran tribord, le 14 Novembre 2020. (OLIVIER BLANCHET / ALEA)

"Vous voyez ce que je vois ? C'est un gros bidon qui flotte ! Un cube jaune." Il y a quatre ans, lors du précédent Vendée Globe, Tanguy de Lamotte s'était fait une belle frayeur : "C'est le genre de chose qu'on préfère voir que toucher." D'autres navigateurs n'ont pas eu cette chance cette année : l'un des favoris, Jérémie Beyou, a été obligé de rentrer au port deux jours après le départ. Son monocoque a tapé un ofni, endommageant au passage l'un de ses safrans.

Ces ofnis, "objets flottants non identifiés", représentent un cauchemar pour les navigateurs en course. Ce sont des bouts de bois, des containers qui flottent, parfois entre deux eaux, mais aussi des cétacés, qui sont souvent les victimes collatérales de ces chocs. Cette année encore, ils ont fait quelques dégâts sur la flotte du Vendée Globe, le tour du monde à la voile en solitaire et sans escales. Une collision violente avec un ofni et c'est la fin de l'aventure.

De plus en plus de risques, de plus en plus d'outils

Avec les bateaux dernière génération, le risque s'est accru. "On a des bateaux qui vont de plus en plus vite, donc quand on tape, ça a de plus en plus de conséquences", explique l'un des concurrents du Vendée Globe, Kevin Escoffier. Qui plus est, "on a des bateaux de plus en plus larges, avec les foils, donc on va taper de plus en plus souvent", ajoute-t-il.

Alors pour réduire le danger, les bateaux embarquent de plus en plus de moyens technologiques, pour mieux détecter ces objets flottants. "On a des caméras têtes de mât, des 'pinger' dans le bulbe de la quille", décrit Kevin Escoffier. Ces outils "découlent un peu de la pêche, souvent ce qu'on met sur les chaluts pour éviter de pêcher des mammifères ou des cétacés. Donc on met ça sur la quille, parce que même si ça peut les perturber un petit peu, nous on ne fait que passer, et c'est toujours mieux de les perturber que de les taper."

Un "œil" du bateau qui avertit le skipper

Parmi ces innovations, il y a Oscar, "l'œil" du bateau : trois caméras, dont deux thermiques installées en haut du mât, qui peuvent détecter certains de ces ofnis. Le système équipe 18 des bateaux du Vendée Globe. "On peut détecter des petites bouées de pêche, on peut détecter des petits navires qui sont difficilement visibles, on peut détecter des billes de bois, en fait tout objet qui sort de l'eau", affirme Solenn Gouerou, cheffe de projet chez BSB Marine, la société bretonne qui a développé ce concept.

"On voit jusqu'à l'horizon, mais on prévient le skipper à partir de 600 mètres. Il est averti grâce à une alarme, après qu'Oscar a détecté et identifié l'objet flottant", poursuit Solenn Gouerou. Mais comme pour la météo, il y a une forte part de chance sur le sujet de ces ofnis et ça, aucune technologie ne pourra rien y faire.

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