Vendée Globe : les skippers Thomas Ruyant et Sam Goodchild partenaires d'entraînements, adversaires sur la ligne de départ
Un bâtiment flambant neuf sur la base de sous-marins de Lorient, dans le Morbihan : c’est ici que s’est installée toute l’équipe de TR Racing (TRR), l’écurie de Thomas Ruyant, l’un des favoris à la victoire dans cette 10ème édition du Vendée Globe.
Pour son 3ème tour du monde, le Nordiste aura à ses côtés un concurrent pas comme les autres : le britannique Sam Goodchild, l’un des bizuths du Vendée Globe.
Inséparables, complices, des concurrents à part, ils ne se quittent plus d’une semelle depuis des mois. Même leurs deux montures ont été baptisées du même nom : "Vulnérable"."Il y a beaucoup de partage avec Sam"
"C'est un fonctionnement qu'on a décidé de monter il y a 2-3 ans", explique Thomas Ruyant qui s’élance sur un monocoque mis à l’eau il y a un an et demi. "Mon ancien bateau est une référence du circuit et on se disait que ce serait plus intelligent de le conserver proche de nous, alors que nous en construisions un nouveau. Il fallait mettre un bon marin dessus. C’est riche parce qu’il y a beaucoup de partage avec Sam", sourit-il.
Ce bon marin, c’est donc Sam Goodchild, 34 ans, et installé en France depuis 2011. Le natif de Bristol, au Royaume-Uni, rêvait depuis toujours de faire le tour du monde sur une machine performante. "J'avais envie de faire le Vendée Globe dans des conditions correctes", insiste le Britannique, qui renchérit : "Le fait d’être ici m’a fait gagner un temps précieux : je ne parle pas que du bateau, mais aussi de toutes les techniques, tout le savoir-faire autour."
Résultat : l’énorme hangar de Lorient accueille les deux monocoques et l’équipe s’est étoffée pour être à la disposition des deux skippers. Une trentaine de personnes travaillent pour TRR, ce qui en fait la plus grosse structure de ce Vendée Globe. "On a un fonctionnement d'entreprise, résume le directeur général de TR Racing Thomas Gavériaux. C'est une écurie de course qui a plusieurs projets et qui a la particularité de mutualiser l'ensemble des ressources dans toutes les phases de développement et de préparation des deux bateaux. C'est unique. C'est une très grande richesse."
"On fait vraiment tout à deux"
Forcément, l’aspect financier a pesé pour la structure qui fait des "économies d’échelle" comme l'explique Thomas Gavériaux : "On ne divise tout par deux mais on réalise de substantielles économies", en dépit d'un budget qui reste élevé, "autour de 7 millions d’euros pour faire fonctionner deux bateaux compétitifs".
Thomas Ruyant et Sam Goodchild ont fait leurs entraînements en commun, aucun secret n’est gardé. Une mutualisation qui détonne dans un monde qui aime bien l’art des cachotteries. "On s’est vraiment posé la question au départ, Qu'est-ce qu'on va partager ? Quel est notre cadre pour travailler ensemble ?" , avoue Thomas Ruyant. Des interrogations rapidement battues en brèche : "Très vite, on s'est dit qu’il fallait tout partager : nos briefings, nos formations, la météorologie... On fait vraiment tout à deux. Il s'appuie sur moi, je m'appuie sur lui. On échange même sur le nombre de paires de chaussettes ou de caleçons qu'on va prendre à bord du bateau ! Il y a une bonne entente, beaucoup d'estime".
Proches jusqu’à dimanche, Thomas Ruyant et Sam Goodchild seront concurrents lorsque le coup de canon libérateur retentira sur la ligne de départ : "Une fois que le départ sera donné, ça sera un concurrent comme un autre, assume Thomas Ruyant. Mais de pouvoir s'appuyer et d'échanger avec quelqu'un qui part sur le même défi que toi, il y a aussi un petit côté rassurant et très riche. J'en tire beaucoup de bénéfices".
Même son de cloche pour Sam Goodchild qui va découvrir les mers du Sud et le Cap Horn : "On ne vise pas tous les deux la même place. Et si Thomas gagne le Vendée Globe, je serai ravi pour l'ensemble de l'équipe, Thomas inclus !"
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