Voile : tout ce qu'il faut savoir sur la Transat en Double
Après un départ retardé, la course va s'élancer mercredi. Les 36 marins en lice rêvent d'ajouter leur nom à un palmarès déjà prestigieux.
Cette fois, elle va enfin prendre le large. Trois jours après un départ avorté, dimanche 9 mai, le comité de course va lancer la 15e Transat en Double Concarneau - Saint-Barthélémy mercredi 12 mai à 17 heures. Les 18 duos engagés ont hâte de retrouver la mer mais tous ont des motivations différentes pour affronter l'océan et avoir le plaisir de boire un tie-punch à l'arrivée. Voici tout ce qu'il faut savoir avant le départ de cette épreuve.
Une course prisée des grands noms de la voile
Créée en 1992, la course s’appelle alors la Transat AG2R. Elle part de Lorient, puis de Concarneau à partir de 2006, à 3890 milles nautiques (6260 kilomètres) de Saint-Barthélémy. La Transat a la particularité de se courir en double et fête cette année sa 15e édition. Pour la première fois des bateaux à foils, les Figaros 3, vont effectuer cette traversée.
Michel Desjoyeaux, qui la qualifie de course énergivore, est le premier à avoir inscrit son nom au palmarès, en 24 jours. Le double vainqueur du Vendée Globe (2000-2001 et 2008-2009) faisait alors équipe avec Jacques Caraës, actuel directeur de course du... Vendée Globe.
Lionel Lemonchois, Jean Le Cam, Roland Jourdain, Alain Gautier, Kito de Pavant et Armel le Cléac'h (par deux fois) ont également inscrit leur nom au palmarès. Le record de l'épreuve a été établi en 2018 par Adrien Hardy et Thomas Ruyant (6e du dernier Vendée Globe) en 18 jours, 11 heures, 48 minutes et 22 secondes.
Une épreuve exigeante pour savoir si on "aime prendre le large"
Coéquipier de Yann Eliès sur Gardons la vue, Martin Le Pape en est à sa quatrième participation sur l'ex-Transat AG2R. Une course exigeante qui va jusqu'à interroger les navigateurs sur leurs envies.
"J’aime cette course parce c’est un crash test, je m’explique, c’est une course qui vous dit vraiment si vous aimez prendre le large ou pas. Quand on arrive à Saint-Barthélemy après vingt jours de mer dans ce petit bateau, soit on n’a qu’une seule envie c’est de repartir, soit on arrête tout au niveau de la course au large. C’est révélateur."
Si Le Pape en est à sa quatrième participation, c'est donc que le voyage vers "Saint-Barth" ne lui a pas déplu. "Moi j’ai été happé par l’appel du large, alors tous les deux ans j’y retourne. Si j’y vais avec un marin plus expérimenté que moi c’est que j’ai besoin aussi de m’appuyer sur lui de par mes lacunes, mais mes qualités font qu’il a besoin, lui aussi de s’appuyer sur moi."
Le choix du binôme est déterminant
Comme son nom l'indique, la Transat en double se déroule par binômes, loin de l'aventure solitaire d'un Vendée Globe. "Il y a d'abord une part d'aventure, on ne sait pas si le bateau va tenir jusqu'à Saint-Barthélémy. Donc il y a un peu d'aléatoire d'autant que le bateau n'est pas top en matière de confort, il y a beaucoup de bruit à l'intérieur", décrypte Fabien Delahaye, vainqueur en 2010 avec Armel Le Cléac'h.
"Une transat ça se gagne sur la prise de décision à des moments clés de la course qu’il ne faut pas rater. Avec Armel en 2010 c’est ce qui a marché, il faut savoir doser humainement à bord"
Fabien Delahaye
Onze ans plus tard, il reprend la mer avec Anthony Marchand sur Groupe Gilbert. Pour Delahaye, la synergie entre les deux marins est donc primordiale. "La recette pour gagner ? Si c’était simple... Un bon binôme qui fonctionne bien et une bonne collaboration pour aller chercher le petit détail qui fait la différence."
Éric Peron, le vétéran de la Transat
Au départ avec Miguel Danet sur L'Égoïste-Cantina Saint Barth, Éric Peron est tout sauf un novice dans l'exercice de la Transat en double. Le Breton en est à sa huitième participation, un record.
"Pourquoi j’y reviens ? C’est vrai que cette course est particulière même si elle se refuse pour l’instant à moi [deux podiums en 2008 et 2012]. Oui je suis Breton je suis têtu et j’assume ! C’est un de mes points forts autant que mon point faible peut être mon obstination."
Lever enfin les bras sur cette Transat pourrait ouvrir des portes au marin, qui compte sur son expérience pour briller. "Avoir du métier est certainement un plus à bord. Le fait de savoir où on met les pieds, ça affine la réflexion et je ne me pose plus de questions ou presque. J’ai appris de mes erreurs et pour moi, une victoire peut provoquer un déclic, pour passer peut être à une vitesse supérieure, une Route du Rhum en multicoques, un beau défi."
Un départ dans des conditions difficiles
Ce n’est pas un pèlerinage pour aller se recueillir sur la tombe de Johnny. "Non c’est une colonie qui part sur l’eau en course et qui va fêter ça à Saint-Barth", comme le décrit si bien Fabien Delahaye. En effet, il faudra affronter quelques dépressions avant d’envoyer le spi et de filer vent arrière.
"On va tout de suite partir après une dépression, avec des grains et du vent foireux, ça va être hyper complexe, c’est la partie d’échec tout de suite. Les phénomènes météo sont hyper durs à prévoir"
Éric Peron
L’alizé sera-t-il établi ? "Pas sûr, on est un mois plus tard par rapport à une date de départ classique, peut être va-t-on devoir aller chercher l’alizé profond au niveau du Cap Vert et faire une route Africaine", précise Yann Eliès. "La météo dicte tout, il faut arrêter de se dire que ce sera plus rapide car on a des foils. On a vu des éditions se gagner en 21 ou en 18 jours", ajoute Fabien Delahaye.
Pour les 36 pirates des Caraïbes, l’envol pour le petit paradis est prévu à 17 heures ce mercredi. Arrivée prévue au tout début du mois de juin à Gustavia, port d’attache de Miguel Danet, le seul local à effectuer cette Transat. "J’en ai rêvé, j’ai tout appris à l’école de voile, j’ai fait un podium, et j’aimerai passer le flambeau à des plus jeunes car cette course est ancrée en nous à Saint-Barth", confie-t-il.
Un lien si fort avec Saint-Barthélémy qu’il en a même décoré une de ses voiles d’avant avec sa silhouette pour cultiver une certaine différence sur un bateau qui s’appelle… l’Égoïste.
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