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Une 4e place pleine d'espoirs pour les volleyeurs Bleus

Passée tout près de vaincre le triple tenant du titre brésilien en demi-finales, l'équipe de France a raté la médaille lors du Championnat du monde en Pologne, en s'inclinant contre l'Allemagne. Mais elle a montré, avec une équipe très jeune, qu'elle faisait de nouveau partie du gotha mondial. Demain, c'est l'Euro (8-19 octobre 2015), et à l'horizon, ce sont les Jeux Olympiques en 2016, objectif majeur de cette génération. Depuis Athènes en 2004, la France ne s'est plus qualifiée en volley pour les JO.
Article rédigé par Thierry Tazé-Bernard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 6min
Earvin N'Gapeth à genoux avec derrière lui Benjamin Toniutti, Antonin Rouzier face à l'Allemagne

Des résultats

Les Français ont surfé toute l'année sur une belle vague. En Ligue mondiale, d'avril à mai dernier, l'équipe de France n'a connu en phase de poules que deux défaites (une contre l'Allemagne, une contre l'Argentine), à chaque fois à domicile, pour six victoires en terre étrangère. C'est une preuve de sa capacité à faire face à la pression. Elle est ensuite tombée (16-14) au 5e set face à l'Australie dans l'ultime match avant le Final Six de la Ligue mondiale. Au championnat du monde, elle était dans le groupe "de la mort". Mais sur les 13 matches disputés en trois semaines, elle ne s'est inclinée qu'à quatre reprises: au 1er tour contre les vice-champions d'Europe italiens, au 2e tour contre les futurs champions du monde polonais, puis en demi-finale contre les triples tenants du titre brésiliens et dans la finale pour la 3e place face aux Allemands. Au total, sur les 30 matches disputés en 2014, les hommes de Laurent Tillie ont connu huit revers, dont 6 au tie-break. La dynamique facilite l'évolution de cette équipe.

Rouzier face à Wallace

Un groupe uni

"Le truc, c’est qu’on s’amuse. On bosse en s’amusant. C’est plus facile quand tu t’entends bien avec les mecs, quand tout se passe bien. C’est ce qu’il se passe avec ce groupe, on est une bande de potes." Ces paroles sont celles d'Earvin N'Gapeth. Voici quatre ans, lors du dernier Mondial, il avait été exclu par Philippe Blain de l'équipe de France pour son comportement. Quatre ans après, sous la houlette de Laurent Tillie, il est devenu l'image de cette formation: du talent, des résultats, et un peu de folie pour arborer cette crête rouge au sommet de son crâne durant le Mondial. Ce n'est pas un hasard si, à l'issue de la défaite contre le Brésil (15-12) au 5e set en demi-finale, il attendait chacun de ses partenaires pour lui taper dans la main. Si N'Gapeth a été l'un des leaders, il n'a pas été seul. Lors du dernier match du 2e tour contre la Pologne, Laurent Tillie a laissé ses cadres au repos, et les remplaçants ont poussé l'équipe hôte au 5e set, dans le sillage d'un Mory Sidibé auteur de 21 points à lui seul au poste de pointu. Hier, cette même Pologne est devenue championne du monde. Dans ce Mondial, Nicolas Le Goff a ainsi formé, avec Kevin Le Roux, une doublette impressionnante en central (2.05m pour le 1er, 2.09m pour le 2e), Yoann Jaumel a bien supplée Toniutti à la passe, Nicolas Maréchal et Franck Lafitte faisant des apparitions remarquées.

Une force de caractère

En Ligue mondiale, la France est revenue du Japon, d'Argentine et d'Allemagne sans la moindre défaite. Dans une ambiance hostile, les Bleus ont donc fait face. Au Mondial en Pologne, la première défaite, contre l'Italie, a marqué une prise de conscience. Ce jour-là, à la sortie du terrain, Benjamin Toniutti, le capitaine, disait: "On est très très déçus car quand vous menez 2 sets à 0 vous ne devez pas perdre." La suite, ce sont des victoires probantes, une défaite contre la Pologne avec une équipe remodelée, et un passage à la moulinette de l'Allemagne dans le premier match du 3e tour (3-0). En fait, seule la défaite ultime contre les Allemands peuvent laisser des regrets: "Nous sommes fatigués et déçus mais je suis aussi très fier car nous avons fait 11 matchs superbes", reconnaissait Toniutti. "C'est une aventure magnifique que nous venons de vivre. Nous venons de nulle part.  Mais on a imposé notre style et le respect. Il va falloir que les joueurs assument ce nouveau statut", a résumé Laurent Tillie. Luc Marquet, l'un des adjoints de Tillie, loue le fait que les joueurs "n'hésitent pas à se dire les choses quand ça ne va pas". Le symbole de cette équipe de France, c'est Jenia Grebennikov, élu meilleur libéro de la compétition alors qu'il s'était retourné un doigt au dernier match du 1er tour contre la Belgique. Jusqu'à la fin du 3e tour, il s'est donc contenté de manchettes, ne retrouvant sa passe haute que face à la Pologne. Malgré cela, malgré la douleur qui l'a accompagné jusqu'au bout, il a été le meilleur du monde à son poste.

Du talent à perfectionner encore

Cette équipe de France est jeune. Imaginez que le plus vieux, Samuele Tuia, n'a que 28 ans, comme Antonin Rouzier. Parmi les 14 joueurs de ce Mondial, neuf ont 25 ans et moins, parmi lesquels le capitaine Benjamin Toniutti (24 ans), Kevin Tillie (23), Nicolas Le Goff (22), Kévin Le Roux (25) et Jenia Grebennikov (24), sans oublier N'Gapeth 23. Cela veut donc dire que dans deux ans, à Rio de Janeiro, pour les JO, il n'y aura pas beaucoup de trentenaires. Laurent Tillie, successeur de Philippe Blain depuis deux ans, a reconstruit un collectif après les départs des Antiga, Henno, Kieffer et consorts. En Pologne, Antonin Rouzier a fini 2e meilleur marqueur du Mondial, NGapeth 4e, Tillie 10e, Le Goff 14e, Le Roux 17e, ces deux derniers étant par ailleurs 5e et 6e meilleurs bloqueurs, tandis que Jenia Grebennikov a été élu meilleur libéro de l'épreuve. Avec l'expérience de ce championnat du monde, et l'année prochaine un Euro où ils viseront le dernier carré voire mieux (seul le vainqueur se qualifie pour les JO), cette équipe devrait être encore mieux armée pour jouer les premiers rôles en 2016. Mais il faudra se qualifier d'abord. Les Français ont fini le Mondial sur les genoux, totalement vidés physiquement. C'est une leçon qui pourra servir dans les mois à venir, individuellement comme collectivement.

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