Euro 2017 : Le couac imprévu des volleyeurs Français
"Pendant un bon moment, on va essayer de savoir pourquoi. Mais je ne pense pas qu'il y ait de réponse", s'interrogeait le réceptionneur-attaquant Julien Lyneel, abasourdi par cette élimination surprise en barrage à Katowice (Pologne). La jeune (24 ans de moyenne d'âge) et talentueuse équipe tricolore a raté sa compétition sur toute la ligne. Au Spodek, la grande salle de Katowice, elle n'est tombée ni sur l'Italie, ni sur la Serbie, ni sur la Russie, trois des autres favoris de la compétition, mais contre une équipe sans prétention.
La République tchèque, en quête d'une première médaille dans une compétition majeure depuis l'Euro 1985 (argent sous la bannière tchécoslovaque), n'avait rien d'un ogre mais les partenaires de Michal Finger (19 points) se sont engouffrés dans la brèche offerte par les Français. "Je suis content pour eux mais pour nous c'est une catastrophe", estime le libéro Jenia Grebennikov. Pour lui, la "Team Yavbou 2.0" a renié les valeurs qui ont fait son succès en privilégiant trop la puissance: "Au lieu de faire jouer nos adversaires, on a voulu forcer comme si nous étions des machines capables de sauter plus haut et de taper plus fort."
Manque de cohésion, de confiance, frustration et impatience ont habité les hommes de Laurent Tillie durant tout l'Euro polonais entamé - déjà - par une défaite surprise contre les Belges (2-3). Les succès contre les Néerlandais (3-2) et les Turcs (3-0) n'avaient pas rassuré. Mercredi, c'était "(leur) pire match du tournoi" pour Grebennikov. Comment gagner quand on commet autant d'erreurs ? 33 dont 22 au service, quasiment un set ! C'est très loin du niveau qui leur avait permis de remporter la Ligue mondiale, en battant en finale le Brésil, champion olympique, chez lui, début juillet.
Programme surchargé
En 2015, les Bleus avaient réaliser le doublé Ligue mondiale/Euro, apportant alors ses deux premiers trophées au volley français. "Mais on n'arrive plus à enchaîner", note le capitaine et passeur Benjamin Toniutti, avec l'échec des JO 2016 encore en tête. L'an passé, les Français avaient décroché la médaille de bronze lors de la Ligue mondiale mais n'avaient pas franchi la phase de poules à Rio, usés mentalement et physiquement après une longue saison.
Cette année, le programme était encore surchargé. Après leur saison en club, les Bleus ont enchaîné avec le tournoi de qualification au Mondial 2018, remporté avec brio fin mai à Lyon, la Ligue mondiale puis l'Euro. Et ce n'est pas terminé... Ils joueront une quatrième compétition, la "World Grand Champions Cup", officieuse Coupe des Confédérations, du 12 au 17 septembre à Tokyo.
Revoir les priorités ?
"Ce n'est pas une excuse. C'est la même chose pour les autres équipes", estime la star des Bleus Earvin Ngapeth, 26 ans, dont le corps commence néanmoins à accuser le coup des saisons à rallonge. Blessé au dos, le meilleur joueur de la phase finale de la Ligue mondiale n'était qu'à 50% de ses moyens en Pologne. Pour Toniutti, ce n'est pas une excuse non plus. "Le vivier est assez large pour être performant sur plusieurs compétitions et ne pas être dépendant de la forme d'Earvin, parce qu'on avait gagné (presque) tous les matches de poule de la Ligue mondiale sans lui et sans Kevin Tillie."
L'an prochain, il faudra peut-être revoir les priorités. La Ligue mondiale doit-elle servir de simple préparation au Championnat du monde (10-30 septembre en Italie et Bulgarie) ? Économiquement, le choix s'annonce cornélien au regard des gains - 1 million de dollars (845272 euros) - obtenus grâce au triomphe des Bleus en "World League". La FFVB, une fédération française en manque de moyens par rapport à ses homologues du basket et du hand, en avait bien besoin.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.