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Euro de volley: Jenia Grebennikov, l'ange gardien de la défense de l'équipe de France

A 29 ans, Jenia Grebennikov est l'un des meilleurs du monde à son poste. Libéro, ce n'est pourtant pas le rôle qui permet de briller de mille feux. Sauf que ce fils d'un volleyeur international de l'URSS, n'est pas devenu LA référence planétaire depuis hier. Cela fait bien longtemps qu'il est un monstre défensif.
Article rédigé par Thierry Tazé-Bernard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
 

Il a toujours ce visage poupin, juvénile, ce sourire enjoué, même sur le terrain. Ses 29 printemps ne semblent pas avoir de prise sur lui. Mais derrière cet ange se cache un guerrier, un acharné, LE grand patron de la défense. "Beaucoup me demandent comment je fais pour me prendre des parpaings", dit-il. "Mais, cela devient une habitude. Ca ne fait même plus mal de recevoir des boulets de canon. Il faut être un combattant. Et quand on ramène des gros smashs, il y a des regards avec l’adversaire comme pour lui dire : ‘Vas-y, frappe plus fort’.

Le meilleur libéro du monde

Jenia Grebennikov, ce n'est pas n'importe qui. Meilleur libéro des championnats du monde 2014, 2017, 2018, de l'Euro 2015, de trois Ligues de Champions entre 2015 et 2018, des Ligues mondiales 2016 et 2018... Bref, l'homme est le meilleur depuis plus de quatre années, en club comme en sélection. "Pour moi, c'est le meilleur libéro du monde", assène Laurent Tillie, le sélectionneur français. Quand le joueur décrypte son poste, on l'écoute: "Pour jouer libéro, il faut être parfait : une bonne lecture du jeu, une analyse de l’attaque adverse, du dynamisme, gérer le block, replacer ses coéquipiers…", énumère-t-il. Contre l'Italie, en quarts de finale, une partie du grand public l'a peut-être découvert avec cette défense incroyable pour ramener un ballon impossible, faisant lever une salle en extase. Il n'en est pas à son coup d'essai.

Pourtant, petit, il n'avait pas forcément perçu qu'il avait en lui une capacité à accéder à son rêve à ce poste, dans ce sport. "J’ai toujours voulu faire une carrière dans le sport de haut niveau. C’est fabuleux de vivre de sa passion, de s’épanouir et d’en vivre", glisse-t-il avec gourmandise. Enfant, il s'essaye au football, le basket, le hockey-sur-glace. Que des sports collectifs. "Le volley, c’était juste pour m’amuser avec mes parents, mon frère, sur la plage. Moi, j’étais plus hockey", se souvient-il. Sauf que son père a un certain CV: international de volley avec 35 sélections au compteur avec l'équipe d'URSS, Boris Grebennikov devient, en 2005, l'entraîneur du club de Rennes Volley 35. Son fils a alors 15 ans. "Ca a été le coup de pouce, le coup de chance car c'est très difficile de percer à haut niveau. Très jeune, je me suis entraîné avec les pros."

Son père, ancien international de l'URSS, le replace en libéro

Pas très grand (il fait aujourd'hui 1.88m, Ndlr), manquant de détente et de puissance, il pâtit de son physique. Son père le convainc de laisser de côté son poste de réceptionneur-attaquant pour passer libéro. Dans un tel poste, son passé de hockeyeur, avec notamment des appuis très bas et puissants, fait des merveilles. "J’avais déjà une bonne lecture du jeu. A 18 ans, après dix journées de championnat, j’ai joué libéro car on était en bas de classement et qu’il fallait tenter quelque chose. Je n’ai plus laissé ma place." Cinq saisons à Rennes, avant d'aller en Allemagne à Friedrischshafen pendant deux ans, puis direction l'Italie avec la Lube pendant trois saisons, puis rallier Trente, en 2018, il a voyagé. Et s'est perfectionné.

Un rôle de "booster"

Libéro, c'est un poste bien à part: un maillot de couleur différente de ses coéquipiers, mais aussi l'interdiction de smasher, de servir de faire des contres. "Ce n’est pas le poste qui fait rêver", sourit Jenia Grebennikov. Mais il est essentiel: "On est un des premiers à toucher le ballon en défense. Notre rôle est de bien lancer l’attaque, de bien commencer le point." Il n'est jamais à la conclusion d'une action, mais cela ne lui pose pas de problèmes. "La récompense collective est plus importante que la récompense individuelle", assène-t-il.

Habitué aux taches obscures, il est également déterminant lorsque le bateau tangue. "Quand il y a des moments difficiles, j’essaie de remotiver tout le monde, parfois en disant des 'conneries'."  En effet, il n'est pas rare de le voir sourire avec ses coéquipiers, et notamment Earvin Ngapeth, même après avoir perdu un point. "Sur le terrain, il dégage toujours une grosse envie de jouer", souligne Laurent Tillie dans la présentation officielle de ses joueurs."Tous les autres joueurs ont beaucoup de choses à penser, moi je n’ai que la défense", résume Jenia Grebennikov.

Le premier défenseur qui devient le premier attaquant de l'équipe de France, c'es ainsi que les Bleus ont conquis les trois premiers titres de l'histoire du volley français (Euro 2015, Ligue mondiale 2015 et 2018). L'été dernier, le sélectionneur l'a laissé au repos, loin de la Ligue mondiale, pour mieux le préserver pour cet Euro 2019, puis la campagne pour retrouver les Jeux Olympiques en 2020. C'est dire l'importance de ce joueur hors norme, au service du collectif.

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