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Kevin Tillie, si loin et si proche du père

Jusqu'au tournoi de qualification olympique (TQO) à Berlin (du 5 au 10 janvier 2016), nous vous faisons découvrir un peu plus les joueurs de l'équipe de France. A 25 ans, Kevin Tillie est devenu un cadre de la Team Yavbou entraînée par son père, Laurent. Son parcours l'a mené rapidement vers l'étranger, mais cet éloignement géographique n'altère en rien la proximité avec son père, qu'il doit néanmoins gérer chez les Bleus.
Article rédigé par Thierry Tazé-Bernard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
 

"Ce n'est jamais facile, mais on commence à s'habituer". Kevin Tillie l'avoue: avoir son père comme sélectionneur n'est pas évident. "Il y a parfois des situations délicates. Mais j'ai prouvé que je pouvais jouer." Et les deux hommes ont trouvé la distance qui convient: "Je n'essaie pas d'avoir plus d'affinités avec lui. J'arrive à différencier le père du coach. Pendant les entraînements, les matches, c'est le sélectionneur. Parfois, lors de déjeuners, il redevient mon père. Mais pour que le groupe vivre bien, qu'il n'y ait pas de jalousie, il faut rester à sa place." Ce positionnement est facilité par l'état d'esprit d'un groupe: "Le collectif aide, c'est sûr. On est tous copains, et il y a une très bonne ambiance", souligne ce diplômé en sociologie de l'université d'Irvine, aux Etats-Unis.

Un père international français, une mère internationale néerlandaise, la voie était toute tracée. Sauf que Kevin est le seul des trois frères à avoir emprunté celle menant au volley. Les deux autres sont basketteurs (Kim, l'aîné, évolue en Espagne au Saski Baskonia, Killian, le dernier, à l'université américaine de Gonzaga): "J'ai aussi fait beaucoup de basket au début. Mais j'étais le plus petit de mon équipe, et j'évoluais au poste de meneur. Finalement, je me suis tourné vers le volley, avec un groupe de copains", raconte-t-il.

L'étranger pour accélérateur de son développement

Passé, comme beaucoup, par le Centre national de volley-ball, Kevin Tillie n'a pas poursuivi son apprentissage en France. Il a mis le cap à l'ouest, vers le Canada, puis les Etats-Unis, suivant le chemin de son grand frère, Kim, passé par l'université américaine d'Utes d'Utah. "J'étais allé le voir plusieurs fois", se souvient le deuxième des trois frères Tillie. "C'est très difficile d'aller aux Etats-Unis directement par rapport au transfert des notes. Pendant deux ans, j'étais au Canada, puis j'ai voulu voir autre chose. En plus, la vie universitaire aux Etats-Unis, c'est la belle vie." Loin de la France et des inévitables comparaisons avec son père, membre de la première belle génération du volley tricolore (avec Fabiani, Mazzon...) fort de 406 sélections et de ses 8 titres de champion de France et réceptionneur attaquant comme lui,  Kevin Tillie se développe. "J'ai eu beaucoup de temps de jeu", remarque-t-il. "Cela s'est très bien passé et j'ai pu créer mon propre style. J'ai donc pu progresser physiquement. Et vivre tout seul à l'étranger, c'est difficile." Il s'est donc également forgé un caractère, et a bénéficié de l'apport du coach de la sélection américaine à l'université d'Irvine, avant de passer par l'Italie (Ravenne), puis la Turquie (Arkasspor Izmir) pour, cette année, poser ses valises en Pologne, au Kedzierzyn-Kozle. 

Toutes ces expériences lui ont permis d'ouvrir les portes de l'équipe de France, en plus d'assouvir une passion: "J'adore voyager". L'été dernier, au Brésil, puis en octobre, en Italie et en Bulgarie, il a activement participé à la conquête des deux premiers titres de l'Histoire du volley français. Avec ses copains, et son père: "On vit beaucoup de choses ensemble. C'est énormément d'émotions. Sur le terrain, j'espère qu'il est content. Je joue à fond pour le rendre fier. Quand on gagne, je suis encore plus content que si c'était un coach 'normal'". 

Les JO de Rio en famille ?

Détentrice de la Ligue mondiale et de l'Euro, l'équipe de France se sait attendue lors de ce Tournoi de qualification olympique à Berlin, début janvier. "C'est le tournoi le plus important", assure le joueur de 25 ans, qui précise: "Mais le plus gros défi, c'était de décrocher cette première médaille d'or, lors de la Ligue mondiale. C'était énorme. Et ça l'était encore plus avec la deuxième à l'Euro. Disputer les Jeux Olympiques, c'est l'objectif. On aura beaucoup de pression." Avec la Russie, championne olympique en titre, la Finlande et aussi la Bulgarie, 4e du dernier Euro disputé chez elle et que la France a éliminée en demi-finales, le parcours ne sera pas aisé. Il estime néanmoins que le plus gros danger des Français, "c'est nous-mêmes. Ces dernières années, on a réussi à hausser notre niveau sur les matches importants. On doit jouer notre jeu. C'est notre jeu qui décidera de notre avenir." La Team Yavbou a son destin en mains. Remporter ce TQO l'enverrait à Rio. Là-bas, les Tillie pourraient être trois, avec Kim, régulièrement appelé dans le groupe élargi de l'équipe de France. Ce serait une belle histoire de famille, mais pas des vacances chez les Cariocas. Nul doute que Laurent Tillie, présent aux JO-1988 et 1992 comme joueur, apprécierait l'aventure commune.

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