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Le TQO, chemin de croix des Bleus vers Rio

Vainqueurs de la Ligue Mondiale et de l’Euro cette année, soit deux des plus grandes compétitions du volley mondial, les Bleus de Laurent Tillie ne sont pas encore qualifiés pour les Jeux Olympiques de Rio. Une aberration, qui vient couronner un processus de qualification franchement nébuleux où l’argent prédomine, plus que les performances sportives.
Article rédigé par franceinfo
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Le joueur français Antonin Rouzier

"Il faut demander à la FIVB, car je ne suis pas un politique. Mon travail, c'est sur le terrain !". Laurent Tillie, le sélectionneur des Bleus, n’en démord pas contre la Fédération internationale de volley-ball. Lorsqu’elle a dévoilé le mode de qualification pour les JO de Rio en novembre 2014, les cerveaux ont fumé et ce lundi, au lendemain du premier titre européen de l’équipe de France, les critiques fusent. "Scandaleux", "incroyable", "incompréhensible", les joueurs tricolores sont dégoûtés, furieux que leur triomphe ne débouche sur aucun passe-droit.

Comment se fait-il qu’une équipe – l’équipe de France donc – qui a gagné l’Euro et la Ligue Mondiale cette année, soit deux des plus importantes compétitions internationales, n’ait pas encore son billet pour le Brésil ? "C’est une belle usine à gaz" avait prévenu Yves Bouget, le président de la Fédération française. On ne peut que lui donner raison ce lundi. Avec ses deux titres en 2015, l’équipe de France est sur la même ligne de départ pour les JO que les autres cadors européens qui n’ont rien gagné cette année. Toutes ces équipes européennes vont se retrouver lors d’un Tournoi de Qualification Olympique (TQO) qui aura lieu à Berlin du 5 au 10 janvier prochain.

Plusieurs chances avec les TQO

Comme pour le handball ou le basketball, les places pour les JO sont attribuées selon plusieurs critères : la pays-hôte évidemment (le Brésil), le vainqueur et le finaliste de la Coupe du monde (Les Etats-Unis et l’Italie) – qui est différente du championnat du monde –, le champion de chacune des cinq Confédérations (Asie ; Afrique ; Europe ; Amérique du Sud ; Amérique Centrale et du Nord) qui forment la Fédération Internationale. A ce titre, l’Argentine a déjà son ticket. Les quatre autres places seront attribuées lors des deux TQO prévus en 2016. Celui de Berlin va être un championnat d’Europe "bis", "un vrai chemin de croix", d’après Bouget. La liste des adversaires sera prestigieuse : la Russie, championne olympique en titre, la Bulgarie, la Serbie, la Pologne, championne du monde en titre, l’Allemagne, la Finlande et la Belgique. Une victoire et ça sera un ticket pour Rio, les deux autres places du podium donneront le droit à un TQO au Japon en juin 2016.

Ce deuxième TQO sera sûrement plus abordable – si les Bleus y sont – car il comprendra aussi la deuxième meilleure équipe de la confédération d’Amérique centrale et du nord, la deuxième meilleure équipe d’Amérique du Sud et les quatre meilleures nations asiatiques. Au Japon, trois billets pour Rio seront en jeu ce qui faisait dire à Yves Bouget qu’un podium à Berlin optimiserait les chances des Bleus : "au Japon, nos chances de qualifications deviendraient beaucoup plus grandes". C'est dans ce même tournoi que les Français s'étaient qualifiés pour la dernière fois pour les JO, en 2004.

Une question d’argent tout simplement

Ces aberrations du mode de qualification pour les JO ne sont pas les seuls problèmes auxquels sont confrontés les Bleus. Il y a d’abord un manque d’argent, nerf de la guerre pour la Fédération internationale qui offre les TQO ou les Coupes mondiales aux fédérations les mieux dotées. "Celles qui ont le plus d'argent vont organiser des tournois alors que les champions d'Europe ne sont pas qualifiés. Ca m'énerve!", lâche le pointu Antonin Rouzier, MVP (meilleur joueur) de l'Euro.

L’autre souci qui pointe est la préparation. Après ce sacre européen, les Bleus vont retrouver la routine de leurs clubs. Ils n’auront qu’une semaine avant Berlin pour se préparer. Un laps de temps très court où il faudra arriver en forme, sans petits bobos ou grosses blessures handicapantes. "On va bien bosser dans les clubs, parce que de toute façon on n'aura pas le temps de se préparer. La préparation, ce sera dans les clubs", dit Earvin Ngapeth, la star de Modène. Les Bleus, de toute façon, n’ont pas le choix. Ils devront passer par Berlin pour aller à Rio. "On ira en sachant qu'on peut battre tout le monde", assure le passeur et capitaine Benjamin Toniutti. "C'est ça le haut niveau. C'est oublier, faire abstraction de ce qui s'est passé pour repartir", conclut Laurent Tillie.

Les qualifiés pour les JO de Rio : Brésil, Argentine, Etats-Unis, Italie

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