Les volleyeurs tricolores sont champions d’Europe!
Cette équipe de France revient de loin. De l’enfer de Sofia, plus précisément, où menée deux sets à rien samedi en demi-finale, face à l’hôte du tournoi, elle avait déjà su renverser une situation impossible – Kevin Tillie admettra qu’il n’a "pas cru à la victoire une seule fois de la rencontre". Ce dimanche, en finale de l’Euro, ils partaient favoris sur le papier, mais leurs quatre défaites en autant de qualifications à ce stade du tournoi (1948, 1987, 2003 et 2009) les obligeaient à la prudence et à l’application.
Seulement, la prudence, ce n’est pas le genre de la "Team Yavbou", assemblage de personnalités explosives que le sélectionneur, Laurent Tillie, a su transformer en machine à gagner, jamais résignée, depuis son arrivée à la tête des Bleus en 2012 (avec "une belle osmose, beaucoup d’humour et de respect", nous décrivait l’entraîneur il y a deux jours).
Le point fou de N'Gapeth
Lancés dans leur rencontre avec autant de sérieux et encore plus d’engagement, la bande de potes a su mettre la pression d’entrée sur la Slovénie (25-19 dans le premier set). Bien plus mal entamée, la deuxième manche a été le symbole de la force de caractère des Tricolores, celle-là même qui leur a permis de s’imposer deux fois (Italie et Bulgarie) après avoir concédé les deux premiers sets. En se reposant sur ses deux plus belles armes au service (Earvin N’Gapeth et Kevin Le Roux), ainsi que sur son meilleur finisseur du tournoi (Antonin Rouzier), les Bleus effaçaient cinq balles de match et convertissaient leur deuxième opportunité. Jamais résignés, on vous dit.
Le troisième set a mis du temps à livrer son verdict mais les Bleus, transcendés, y ont tout réussi ou presque, creusant rapidement l’écart (10-5). Ils n’ont plus jamais été repris. Après un dernier mano a mano étouffant, les Tricolores filaient vers leur premier titre continental de leur histoire, N’Gapeth parachevant le chef d’œuvre d’un dernier bijou de point, dos au filet, avec la classe des plus grands.
En attendant les Jeux...
C’est à Sofia que le ticket pour les Jeux de Londres s’était envolé, en 2012. C’est à Sofia, aussi, que la voie vers Rio s’est ouverte. Vainqueur de la Ligue mondiale, désormais champion d'Europe, le groupe va pouvoir se tourner vers l’objectif olympique. Les Tricolores ont les armes pour le remplir : cela passera par le TQO, en janvier à Berlin. En attendant, ils méritent de savourer et de fêter dignement ce succès, si beau, si rafraîchissant pour le sport français.
Réactions
Kevin Le Roux (central français): "On a réussi notre pari. Gagner la World League et les Europe derrière ça fait encore plus plaisir. Il va falloir revenir mi-décembre (en stage) pour une qualification pour les Jeux. Physiquement on se sentait bien aujourd'hui malgré les cinq sets d'hier contre les Bulgares. On voit que ce n'est pas pour rien que Laurent (Tillie) nous fait travailler dur."
Laurent Tillie (entraîneur français): "Il y a beaucoup de fierté. Gagner un titre, c'est beaucoup de travail, beaucoup de sacrifices et d'engagement. Quand on chante la Marseillaise on se dit +Qu'est-ce que ça valait le coup!+ Et pourtant il faut s'y remettre pour aller aux Jeux. C'est ça le haut niveau. C'est oublier, faire abstraction de ce qui s'est passé pour repartir."
Kevin Tillie (attaquant français): "Après beaucoup d'entraînements et de sacrifices pendant l'été, ça fait du bien de voir que ça paye. (Revenir dans les sets) ça nous arrive souvent. Même quand on est en train de perdre, on ne panique pas et c'est comme ça qu'on gagne les matches. Champion d'Europe, c'est énorme, mais on pense déjà à la qualification aux JO. Je pense à ma famille, à mon père. C'est fantastique de pouvoir gagner pour lui."
Benjamin Toniutti (passeur français): "Deux titres en un été, c'est monstrueux! On y croyait dur comme fer et on l'a fait. On a vraiment fait un tournoi parfait. On a passé tous les obstacles. On a battu l'Italie et la Bulgarie chez elles, la Serbie qui était en finale de la World League, la Slovénie qui pouvait être un match piège parce qu'elle arrivait sans pression. C'est beau pour le volley-ball français."
Rouzier MVP, N'Gapeth et Grebennikov dans l'équipe-type
Meilleur joueur (MVP): Antonin Rouzier (FRA)
Meilleur passeur: Simone Giannelli (ITA)
Meilleur pointu: Ivan Zaytsev (ITA)
Meilleurs réceptionneurs attaquants: Earvin N'Gapeth (FRA), Tine Urnaut (SLO)
Meilleur libéro: Jenia Grebennikov (FRA)
Meilleurs centraux: Viktor Yosifov (BUL), Teodor Todorov (BUL)
Vidéo: Le podium et la Marseillaise pour la France
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.