Nicolas Rossard : le volley, entre la lignée et les lignes (de code)
Chez les Rossard, le volley-ball a toujours été une histoire de famille. Son grand-père, Jacques, son père, Philippe, son oncle, Olivier, ont tous été internationaux. Ses cousins, Quentin (AMSL Fréjus) et Thibault (Toulouse) sont joueurs professionnels. Sa sœur Sophie actuellement aux Etats-Unis en Erasmus pratique le volley et le beach-volley. Pourtant, Nicolas Rossard, 25 ans, n’a pas tout de suite eu la fibre. "Si j’ai commencé très tôt le volley sur la plage, j’étais mordu de football et j’ai fait beaucoup de tennis avec ma grand-mère, précise-t-il, j’ai commencé le volley en minimes à Toulouse". Tout de suite, c'est le le coup de foudre.
Si le patrimoine génétique a facilité l’adaptation et contribué au talent du jeune homme, son environnement familial ne l’a pas poussé. Avec une telle famille, son arrivée au volley semblait pourtant obligatoire. Mais non. Le natif de Nîmes dément, si pression familiale il y a eu, elle était surtout mise sur les études. "Il fallait que je trouve ma voie", explique posément celui qui a beaucoup bougé dans son adolescence avant de se poser à Toulouse. "Je suis Toulousain", lance celui qui est passé par Grenoble, Saint-Etienne, Poitiers, avant de se fixer dans la Ville Rose en 1996 et où il a débuté sa carrière professionnelle en 2009.
"Futur geek"
Si le volley s’est imposé tardivement dans son esprit, c’est parce que Nicolas Rossard a pris ses études très au sérieux. "Au départ, je voyais le volley-ball comme une passion, pas forcément comme un métier. Je voulais avoir un vrai métier à côté". Sa voie, il va la trouver dans les lignes de code html. L’informatique, les ordinateurs, les geek… on est loin des parquets et des physiques de gladiateurs des volleyeurs modernes. A l’INSA de Toulouse, il suit des cours afin de devenir ingénieur en informatique. "Je suis peut-être un futur geek", sourit-il. Mais la réalité du terrain et les exigences d'une carrière de sportif professionnel l'ont rattrapé plus d'une fois. Entre son club et l’équipe de France, il joue beaucoup plus au volley qu’il ne fréquente les bancs de l’école. "C’est très dur, surtout quand on n’est jamais en cours. Je suis en quatrième année actuellement et avec toutes les échéances, cette quatrième année, je vais la faire en trois ans. Au départ, j’avais prévu qu’avec un match par semaine, je pourrai repartir à Toulouse, précise le joueur de Sète, mais maintenant qu’on joue tous les deux jours c’est impossible".
Nicolas Rossard n’a pas le choix, s’il veut atteindre son but, il doit trouver du temps pour travailler après les matches. "J’ai un énorme respect pour lui, avoue son coéquipier à Sète Franck Lafitte, il mène de front études et carrière. Je le chambre parce qu’il se couche à 22 heures tous les soirs, mais moi quand je rentre chez moi après un entraînement ou un match, je me repose, lui il bosse". Comme tout geek qui se respecte, Nicolas 'bidouille'. Pas au point de réparer les ordinateurs de ses coéquipiers – "je n’utilise pas encore mon fer à souder pour réparer un PC" -, mais au point de s’amuser à créer des logiciels, des applications, son rêve après sa fin de carrière de volleyeur. Pourtant, chez les Bleus, il a trouvé son maître, Thomas Bortolossi, le "monsieur stats" de l’équipe de France. Dernier arrivé au sein de cette "Team Yavbou", cet introverti qui aime s’isoler pour lire Game of Thrones ou les romans de science-fiction de Robin Hobb, s’est très vite intégré.
Remplaçant patient
Comme toute cette génération, Nicolas Rossard a fait ses armes aux CNVB (Centre National de Volley-Ball) dans l’Hérault. Il y a côtoyé les Ngapeth, Grebennikov, Toniutti qu’il a retrouvé chez les Bleus en décembre 2014 pour les Mondiaux. Il compte aujourd’hui 31 sélections en équipe de France mais doit apprendre la patience. Car devant lui, il y a une montagne, Jenia Grebennikov. "Libéro est un poste où on tourne peu et où il faut être constant. En match et aux entraînements. J’ai la chance d’apprendre à ses côtés. Il ne rate pas grand-chose, moi je suis encore irrégulier". S’il irait bien parfois "donner un coup de mains aux copains durant les matches", depuis le banc, il apprend et observe au contact du meilleur libéro du monde. Cadre à Sète, chez les Bleus, il s’investit dans son rôle de remplaçant en "mettant de la vie dans la groupe" ou "en maintenant la pression aux entraînements".
S’il mesure sa chance d’en faire partie, il sait que sa place dans le groupe n’est pas acquise. "Ca serait une erreur de penser que le groupe est fermé", prévient-il. Sa place au sein des Bleus passe par des performances en club, à Sète, où il ressent que "le regard des gens à changer depuis l’Euro". "On est plus reconnu", concède-t-il. En ces temps où l’exemplarité du sportif résonne dans l’actualité, notamment judiciaire, Nicolas Rossard insiste sur l’image que "nous les champions devons donner" et sur leur "mission de promouvoir le volley". Des mots auxquels il faudra lier des actes forts en se qualifiant notamment pour les JO de Rio, le rêve et l’objectif commun de toute cette génération.
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