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Volley : Barthélémy Chinenyeze, central de l'équipe de France, raconte son quotidien confiné en Italie et son voyage en minibus pour la France

Il y a une semaine, il était encore en Italie avec son club de Vibo Valentia, une petite ville au sud du pays. Depuis Barthélémy Chinenyeze, 22 ans, est rentré en France. Le central de l’équipe de France de volley-ball est confiné dans le Nord de la France avec ses proches. La fin, peut-être, d’une première saison complète à l’étranger marquée par le Covid-19 et la suspension de la Superlega, le championnat italien.
Article rédigé par Benoit Durand
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
 

Comment se sont déroulées vos dernières semaines en Italie ?
Bathélémy Chinenyeze : "On a joué notre dernier match à huis-clos à Ravenne le 4 mars. Il faut imaginer un match de volley dans une salle vide. J’entendais les consignes du coach adverse, on entend tous les joueurs se parler. C’était une expérience étrange. Quand ils ont commencé à tout fermer en Lombardie, nous dans le sud du pays on a pu s’entraîner encore pendant 2 ou 3 jours. C’était au tout début du mois de mars. Ils prenaient notre température quand on arrivait à la salle, on avait interdiction de se taper dans la main, on devait se tenir à 1m les un des autres pour l’échauffement. Il n’y pas de contact physique avec l’adversaire au volley, mais dans le jeu, ça devenait impossible.

Et puis, ils ont suspendu le championnat et les entraînements. Le confinement total a débuté dans la foulée. La plupart des joueurs habitent dans la même résidence. Heureusement pour moi, il y a deux autres Français dans l’équipe, Timothy Carle et Swan Ngapeth. On se soutenait mutuellement en attendant de pouvoir rentrer chez nous en France. On avait juste le droit d’aller faire les courses en Italie, avec des distances de sécurité à respecter et un filtrage à l’entrée du magasin. Il n’y avait pas d’autres exceptions. On n’avait pas le droit d’aller faire un footing par exemple."

Vous avez passé 9 jours confiné dans votre appartement de 30m². Comment gère-t-on cette période en tant que sportif de haut niveau ?
B.C.: "
Le plus dur c’était de trouver le sommeil avec le manque de dépense physique. Je faisais un peu d’exercices mais d’habitude on avait deux entraînements par jour, de la musculation... Là on ne faisait presque plus rien. Je marchais un peu dans la résidence. A minuit, j’étais en pleine forme et c’était pareil à deux heures du matin. Je me couchais à 4 h voire 6 h du matin. Il y avait un mélange de tout entre le trop plein d’énergie, le stress de la situation et l’envie de rentrer en France. Je me mettais au lit mais j’étais réveillé comme en plein jour. Je me suis retrouvé à faire des pompes et des montées de genoux dans ma cuisine à deux heures du matin pour essayer de me fatiguer. Et là tu te dis : 'mais je fais quoi là ?!' (rires) Et le pire c’est que cela ne fonctionnait pas (rires). Mon boulot c’est de faire du sport donc ça me faisait vraiment bizarre. C’était la même chose pour mes coéquipiers. C’est un phénomène qu’on n'avait pas imaginé."

Un voyage de 2800km en 24h

Et puis en début de semaine dernière, vous avez obtenu le feu vert de votre club pour quitter l'Italie. Vous aviez le droit de partir mais il n'y avait plus de train ni d'avion. Comment avez-vous fait ?
B.C.:
"On avait obtenu l’autorisation et l’attestation de notre club la veille de notre départ. On a eu le temps de louer un minibus et on est partis tous les trois avec Swan et Tim. Sans oublier mon chat ! On s’est relayé au volant, on s’arrêtait juste pour faire le plein, même pas pour manger. On faisait tout pour ne croiser personne. On avait toutes les attestations, tous les documents français et italiens avec nous. On a respecté toutes les règles sanitaires.

La première étape, c’était chez Tim Carle près de Toulon. On est repartis tous les deux avec Swan quelques minutes plus tard direction Poitiers. C’est là que je l’ai quitté. On a rendu le minibus, j’ai loué une autre voiture et j’ai fait la route seul jusqu’à Dunkerque pour retrouver mes proches. Il y avait de la fatigue mais à la fin, j’étais motivé. Dans ma tête je me disais 'je veux rentrer, je veux être avec mes proches'. Le périple aura duré presque 24h et près de 2800 kilomètres pour moi ! Je suis arrivé en fin de soirée chez ma maman et j’avoue que nous étions tous soulagés."

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Maintenant, vous êtes confinés près de Dunkerque en famille. Comment voyez-vous la suite de la saison ?
B.C.:
"On sait tous qu’il y a plus important que le volley en ce moment. La santé avant tout. Après, si la saison reprend, on retournera en Italie pour s’entraîner et jouer. Pour l’instant, le championnat italien n’est pas annulé officiellement. Je me dis que ma prochaine compétition, ça risque d’être les Jeux Olympiques. Je commence à y penser un peu mais tout cela me parait très loin pour l’instant."

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