Zahia : Ribéry et Benzema sauront jeudi

Le tribunal correctionnel de Paris doit rendre à 13H30 son jugement et dire s'il relaxe le milieu offensif du Bayern Munich et l'attaquant du Real Madrid, comme l'a requis le procureur la semaine dernière, ou s'il les condamne. Comme l'avait résumé l'avocat de Ribéry, Me Carlo Alberto Brusa, son client espère que ce jugement vienne marquer la fin d'un "cauchemar", d'un "calvaire"  qui laisse derrière lui "un champ de ruines familial, personnel". 

Dans cette affaire qui avait éclaté peu avant la coupe du Monde 2010, il est reproché à Ribéry d'avoir eu des relations sexuelles avec la jeune femme en 2009, Karim Benzema en 2008. Si Franck Ribéry, 30 ans, a reconnu avoir eu une relation sexuelle en 2009  à Munich avec Zahia, il a nié pendant l'enquête l'avoir rétribuée 700 euros, et même affirmé qu'il ignorait qu'il s'agissait d'une prostituée. Karim Benzema, 26 ans, a quant à lui contesté la relation que Zahia affirme avoir eue avec lui en 2008 à Paris. Pour le procureur Jean-Julien Xavier-Rolai, "la réalité même" de cette relation est pour "le moins douteuse". Et si le comportement de Ribéry est éloigné de celui d'un gentleman, il ne "pourra être condamné", étant donné qu'aucun élément ne permet d'établir qu'il avait connaissance de la minorité de  Zahia, qui a menti sur son âge.

Ni Ribéry ni Benzema n'ont assisté au procès, pas plus que Zahia, qui s'est désistée de sa constitution de partie civile. Depuis cette affaire qui lui a fait accéder soudainement à la notoriété, elle s'est lancée dans la création de lingerie haut de gamme.

"Franchement..."

 Mais au-delà des faits reprochés aux deux footballeurs et au beau-frère de Ribéry, cinq autres personnes sont jugées pour proxénétisme aggravé dans ce dossier. Le procureur a requis contre eux des peines allant d'un an de prison avec sursis à trois ans, dont la moitié avec sursis. Leurs avocats ont plaidé la relaxe. Le président Denis Couhé s'est évertué à leur expliquer que dans le code pénal, le proxénète n'est pas seulement celui qui force autrui à se livrer à la prostitution en ponctionnant l'argent ainsi obtenu, mais aussi celui qui par  "aide ou assistance" favorise la prostitution. L'enquête avait démarré sur des soupçons de proxénétisme dans un cabaret oriental proche des Champs-Elysées, le Zaman café - qui a depuis fait l'objet d'une fermeture administrative - après un renseignement anonyme visant  Abousofiane Moustaïd, ancien candidat de l'émission de télécrochet "La nouvelle star", accusé d'avoir joué le rôle d'entremetteur rétribué.

Lors de ces quatre jours d'audience, le tribunal s'est retrouvé confronté à un certain univers de la nuit. Un univers où se croisent filles de grande ou de petite vertu, des "star-fuckeuses", courtisanes qui écument les soirées pour ensuite se vanter auprès de leurs copines d'avoir "couché avec Brad Pitt ou Tartempion", "comme un CV", comme l'avait décrit "Abou", ou encore les "michetonneuses", filles qui livrent leur charmes pour de l'argent ou des cadeaux.

Tous les prévenus du dossier qui l'ont côtoyée ont en tout cas assuré qu'ils ignoraient que Zahia était mineure. Tout au plus ont-ils évoqué une "rumeur" qui la disait âgée de moins de 18 ans, mais qu'elle s'était efforcée de démentir. Un argument évoqué par l'un des prévenus a ainsi laissé le tribunal coi. Kamel Ramdani, ami de Ribéry qui a organisé l'escapade munichoise de l'escort-girl, et qui avait lui-même passé la nuit avec Zahia la veille du départ a lancé au tribunal: "franchement au lit, elle n'avait pas 17 ans".