CARNET DE BORD. Tour de France femmes 2022 : dans la roue de la Tricolore Audrey Cordon-Ragot
Tout au long de la course, la championne de France raconte à franceinfo: sport sa découverte de la Grande Boucle. Premier épisode juste avant le départ à Paris, dimanche.
Disputer le Tour de France avec le maillot tricolore de championne nationale, ce n'est jamais anodin. Encore moins lorsque l'on parle d'une Grande Boucle féminine historique, enfin de retour, et qui ne se déroule pas en même temps que la course masculine. Audrey Cordon-Ragot s'est offert ce privilège fin juin à Cholet, en réalisant le doublé sur le contre-la-montre et la course en ligne. "Maintenant, je peux mourir tranquille", jubilait-elle à l'arrivée, en paraphrasant Thierry Rolland.
Egalement titrée en 2020, Audrey Cordon-Ragot se réjouit de prendre le départ de la course. Un rêve éveillé que la Française de la Trek-Segafredo racontera pendant toute l'épreuve sur franceinfo: sport.
"On a fermé les bouches de beaucoup de gens"
"Aujourd'hui, je peux courir tranquille. Je vais sur ce Tour avec beaucoup d'excitation, de joie, d'envie. J'ai envie de kiffer, d'être bien, d'avoir le sourire même s'il y aura des moments durs. On va avoir des journées galères, mais ce n'est rien par rapport à tout ce que ça va nous apporter à côté, et tout le plaisir qu'on aura."
"Honnêtement, je ne pensais jamais faire le Tour ou un Paris-Roubaix. Il y a encore trois ans, on nous disait que c'était impossible. Je répétais en boucle que j'arrêterais ma carrière le jour où l'on aurait un Paris-Roubaix féminin. Bon, j'ai changé d'avis du coup (rires). On n'y croyait plus. Puis on avait la Course by le Tour, on s'en contentait, ça nous a fait taire pendant quelques années. Finalement ils ont vu l'engouement autour du cyclisme féminin, à mon avis Paris-Roubaix a été un tournant. On a fermé les bouches de beaucoup de gens. Finalement, ce n'était pas si impossible que ça."
"Avec ce premier Tour féminin, on ne sait pas à quoi s'attendre. Le Tour, sa fourmilière, on n'a pas l'habitude de tout ça. Il ne faudra pas qu'on se perde (rires). Ça va être tellement différent de ce qu'on a l'habitude de connaître. On devra faire le tri dans les émotions qui nous traverseront pour bien profiter de l'instant."
"Depuis un an, l'essor du cyclisme féminin est énorme. C'est foudroyant en termes de médiatisation. On reçoit énormément de demandes, moi j'ai la chance d'être dans une équipe où on a des gens qui gèrent ça, mais je connais des filles qui ont été noyées. Ça peut griser comme ça peut déstabiliser. A l'image du départ depuis la tour Eiffel d'ailleurs. C'est le vrai symbole d'une France qui avance contre ses préjugés et qui pousse derrière un sport féminin plus présent à la télévision."
"Mais il va falloir vite entrer dans la course parce que cette première étape sera très difficile, dangereuse. C'est vraiment un circuit qui peut piéger. On ne va pas le courir comme les garçons en mode criterium, pépères. Tout le peloton sera en pleine forme avec des équipes déterminées à aller chercher la victoire et le premier maillot jaune."
Le premier Maillot Jaune @SANTINI_SMS du Tour de France Femmes ne pouvait se trouver ailleurs que sur la plus prestigieuse des arrivées de l'histoire du cyclisme. Rendez-vous dimanche sur les Champs-Élysées !#WatchTheFemmes pic.twitter.com/aSaUb4EiOz
— Le Tour de France Femmes avec Zwift (@LeTourFemmes) July 21, 2022
"Avec Elisa Balsamo au sprint, on peut prendre le jaune dès dimanche. Si c'est le cas, j'aurai un travail de coéquipière important pour le garder. C'est difficile de se projeter, mais je vous promets que si j'ai une opportunité, je la prendrai et l'équipe m'y encouragera. J'ai envie de briller avec mon maillot tricolore, même si je ne suis pas sur le Tour grâce à lui. C'était prévu depuis décembre pour aider nos leaders. A moi de montrer au public que je n'ai pas eu ma place gratuitement, que je suis importante dans l'équipe, que j'ai des qualités."
"D'ailleurs, mes coéquipières sont contentes que j'aie le maillot parce qu'elles ont un peu moins de sollicitations médiatiques que moi (rires). Mais niveau pression, on a la même. Le Tour, c'est l'objectif de l'année pour nous, on veut le gagner. En plus, les garçons [de la Trek-Segafredo] nous ont mis la pression parce qu'ils ont gagné une étape [la 13e à Saint-Etienne, avec Mads Pedersen]."
"On a envie de bien faire, c'est une pression qui repose sur nous et sur tout le staff. Le peloton du Tour sera plus fort, parce que beaucoup de filles n'ont pas fait le Giro pour se concentrer sur le Tour. Il y aura plus d'indécision, Van Vleuten aura plus de boulot pour gagner ce Tour, ça n'aura rien à voir avec le Giro qu'elle a plié en trois jours."
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