"Il faut juste croiser les doigts pour passer au travers" : quand le spectre du Covid s’invite dans le peloton du Tour de France 2024

Plusieurs coureurs ont quitté l'épreuve ces derniers jours, touchés par le virus. Une situation qui inquiète le peloton.
Article rédigé par Maÿlice Lavorel - envoyée spéciale à Saint-Lary-Soulan
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 3 min
Jonas Vingegaard, masqué, avant le départ de la 13e étape du Tour de France, à Agen, le 12 juillet 2024. (MARCO BERTORELLO / AFP)

A entendre les discussions dans le paddock ces derniers jours, on pourrait se croire de retour en 2020 ou 2021. Avec plusieurs abandons sur maladie en quelques jours, la 111e édition du Tour de France est touchée par l’ombre du Covid. Samedi 13 juillet, avant le départ de la 14e étape entre Pau (Pyrénées-Atlantiques) et Saint-Lary-Soulan (Hautes-Pyrénées), l’équipe Ineos Grenadiers a annoncé le forfait de Tom Pidcock, qui présentait des symptômes de la maladie. La veille, c’est Juan Ayuso (UAE Team Emirates), précieux équipier de Tadej Pogacar, qui quittait la course après avoir contracté le virus.

Une situation avec laquelle les coureurs doivent désormais composer. "Dans le peloton, il y a quand même quelques malades, donc il faut faire attention, mais c'est la course. On ne sait pas qui est contaminé ou non, a expliqué le Français Bruno Armirail au départ à Pau. On peut très bien parler aujourd'hui avec quelqu'un qui a le Covid, et demain, c'est nous qui l'avons. Il faut juste croiser les doigts pour passer au travers." "Je sais que certains roulent avec le Covid", a également soutenu Mark Cavendish jeudi dernier.

Le retour des masques et des gestes barrières

Pour tenter de se protéger de la contamination, les équipes ont resserré leurs règles de protection, notamment autour des gestes barrières. "On suit les recommandations de notre médecin, d'être très attentifs, notamment d'éviter de faire des bises, de donner des poignées de main, et on se lave systématiquement les mains", liste Vincent Lavenu, directeur général de Décathlon-AG2R. "Dans l'équipe, on porte le masque dans les endroits clos. Tous ceux qui se sentent un peu malades, même s'ils ne sont pas testés positifs, on les met un peu à l'écart", assure le coureur Cofidis Axel Zingle.

Les masques ont également refait leur apparition au moment où les coureurs sont exposés à la foule, notamment au départ des étapes. A Pau, samedi matin, tous les coureurs de l'équipe EF Education-EasyPost se sont présentés masqués à la signature, tout comme le maillot blanc Remco Evenepoel. Jonas Vingegaard avait, lui, déjà ressorti le sien ces derniers jours. Quelques Ineos Grenadiers seulement avaient le leur, alors que l'équipe venait de déclarer un cas symptomatique.

Dimanche, le Tour de France a annoncé rendre obligatoire le port du masque pour tous les acteurs de la course "en contact avec les coureurs et les membres des équipes cyclistes" (organisation, journalistes, invités...) avant et après les étapes.

"Ça peut être vite dangereux"

Les discussions autour du Covid étaient déjà présentes au grand départ en Italie, après que Tadej Pogacar a annoncé qu'il était tombé malade quelques jours plus tôt. "Nous avons commencé bien avant le Tour avec de la prévention, nous avons demandé aux gens du staff de ne pas avoir de contacts dans les dix jours avant de venir sur le Tour. Chaque coureur a sa chambre, nous avons un soigneur pour chaque coureur. Et si un coureur est touché, son soigneur rentre également à la maison", a ainsi assuré Mauro Gianetti, directeur sportif de la formation UAE Team Emirates, samedi matin.

"C'est vrai que ça commence un peu à interroger le peloton, car on voit qu'il y a notamment des coureurs de valeur qui ne partent pas", poursuit Vincent Lavenu. D'autant que l'épidémie ne s'arrêtera sans doute pas là. Coéquipier de Tom Pidcock chez Ineos Grenadiers, Geraint Thomas, vainqueur de l'édition 2018, a dévoilé qu'il n'était pas non plus dans sa meilleure forme, et qu'il était suivi de près par les médecins de l’équipe. "Ça va serrer les fesses dans certaines équipes, voire chez nous", prévenait le manager de Groupama-FDJ, Marc Madiot, au pied de son bus samedi. "Il ne faut pas que ça rentre dans la maison, sinon ça peut vite être dangereux."

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