Tour de France 2023 : comment Tadej Pogacar a raté trois fois l'occasion de porter l'estocade à Jonas Vingegaard
Le combat des chefs entre Tadej Pogacar et Jonas Vingegaard continue. Il a encore battu son plein, samedi 15 juillet, dans la dernière ascension du col de Joux Plane, théâtre du final de la 14 étape. Après la surpuissante attaque du Slovène vendredi, c'est cette fois le Danois qui en est sorti vainqueur, récoltant une petite seconde au jeu des bonifications. Si Tadej Pogacar ne compte que dix secondes de débours avant la dernière étape du triptyque alpestre dimanche, il a raté plusieurs occasions samedi de décoller une bonne fois pour toutes le vainqueur sortant de son sillage.
15 km : lâché, Jonas Vingegaard revient sur Tadej Pogacar
Après un énorme travail de la formation Jumbo-Visma toute la journée, marquée par de nombreuses chutes et l'abandon de Romain Bardet, c'est UAE-Emirates qui est allée au charbon. La formation de Tadej Pogacar a essoré les Jaune et Noir Wout van Aert puis Sepp Kuss, pour ne laisser qu'Adam Yates en compagnie du maillot jaune et du maillot blanc. Après un dernier relais du Britannique, c'est à 15,7 km de l'arrivée, et 3,6 du sommet du dernier col, que Pogacar a décidé de se dresser sur les pédales.
Mètre après mètre, le Slovène a une nouvelle fois décroché le Danois de sa roue, mais samedi, il était loin de l'arrivée. Il n'a pas réussi à creuser un écart de plus de huit secondes, avant de voir le Danois finalement recoller à 1,7 km du sommet. "C'est dur. Aujourd'hui, les Jumbo ont vraiment fait du très bon travail. J'ai essayé à la fin, mais Jonas était assez fort pour revenir", a constaté le Slovène à l'arrivée.
Jonas Vingegaard, placide comme à son habitude, ne s'est pas affolé, grappillant les secondes courbé sur sa machine derrière les coups de tête soucieux de Pogacar. "J'avançais à mon train, je ne voulais pas me mettre dans le rouge et j'ai fait ce que je pouvais. Et heureusement, j'ai pu le rattraper", s'est félicité le Danois. Sa formation connaît désormais le scénario, elle a parfaitement comblé le trou. "Ce n'est pas ce que nous souhaitions, bien sûr, mais je n'étais pas inquiet. Il s'est vraiment bien battu pour revenir, et il l'a finalement fait. Donc ça fait 1-1", renchérit le directeur sportif Frans Maassen.
12,5 km : la moto gêne l'attaque de Pogacar
C'est sans doute l'action déterminante de cette journée. A 12,5 km de l'arrivée, et à 530m du sommet, Tadej Pogacar a placé une accélération fulgurante, qui a surpris et décroché Jonas Vingegaard. Mais, dans une foule compacte, le Slovène a dû couper son effort en raison de la présence de motos très près, et qui l'ont empêché de passer. Un épiphénomène pas si anodin dans une course qui se joue à des secondes ? "Oui c'est possible bien sûr, car dans la tête, il avait ce matin cette attaque, il avait gardé un peu de jus. Ce qui s'est passé s'est passé, maintenant il faut regarder devant. Cette moto photographe ne devait pas être là, elle a toute la montée pour faire des photos. Mais tout le monde est là pour faire son travail, qu'est-ce qu'on peut faire ?", a tempéré son manager Mauro Gianetti.
"J'ai essayé d'y retourner, je me suis dit que je voulais faire un effort à fond d'une minute, mais il y avait les motos. Voilà, j'ai tiré une cartouche à blanc, c'est comme ça. On réessaiera plus tard", a enchaîné le Slovène, jamais favorable à s'apitoyer sur les faits de course. Son directeur sportif Joxean Fernández Matxin était lui un peu plus énervé : "La règle de l'UCI est de 25m lors des contre-la-montre pour des voitures à l'arrière. La moto était deux mètres devant, c'est inacceptable", a pesté le directeur sportif espagnol, rejoint par Adam Hansen, président du syndicat des coureurs. "Depuis toujours, les motos ont une influence sur les courses et aujourd'hui elles ont volé des secondes."
12 km : Jonas Vingegaard surprend Tadej Pogacar au sommet
Le sommet du col de Joux Plane comportait des bonifications, avec 8, 5 et 3 secondes offertes, et comportait donc un réel intérêt pour les favoris. Sans doute un peu désorienté par l'épisode de la moto, Tadej Pogacar, pourtant bien plus rapide au sprint que son rival, s'est fait surprendre, ratant les huit secondes. "Après la moto, il est devenu un peu nerveux, c'était un sprint de 50m et il l'a raté. Je pense qu'il était perturbé aussi mentalement par l'attaque qu'il voulait mettre. Quand on est sur le vélo à 200 pulsations/minute, ce n'est pas évident. On le sait, Tadej est bien, mais la différence est minimale", a observé son manager Mauro Gianetti.
Côté Jumbo-Visma, le bilan comptable est finalement très bon, alors que l'addition aurait pu être bien plus lourde après avoir mené le train toute la journée. "Jonas disait qu'il se sentait bien, et nous avons bien couru même si c'était une journée très dure. C'est bien qu'il soit rentré sur Pogacar et qu'il ait réussi à prendre les bonifications au sommet", a rappelé Sepp Kuss au bus, luisant de transpiration mais avec le sourire des bonnes journées.
Pour Tadej Pogacar, ce sont trois coups d'épée dans l'eau, mais il lui reste une dernière chance dimanche, avec une nouvelle arrivée au sommet à Saint-Gervais Mont Blanc. "Pour les bonifications, ça aurait été formidable, comme la victoire d'étape. Mais si on doit faire le bilan, je me suis senti bien toute la journée. L'équipe était vraiment très forte, on peut partir avec beaucoup de confiance pour les journées à venir", a conclu le Slovène.
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