Tour de France 2023 : entre mouvements nationalistes et grèves, les Basques profitent de la Grande Boucle pour faire entendre des messages politiques
Des dizaines de drapeaux basques, quelques drapeaux palestiniens, mais aucun drapeau espagnol. Lors de la présentation des équipes du Tour de France à Bilbao, jeudi 29 juin, de nombreux spectateurs ont profité de l’événement et de sa médiatisation pour faire passer des messages politiques. Plusieurs corps de métier ont également choisi de se mettre en grève pour le passage de la Grande Boucle, afin d’attirer l’attention sur leurs revendications.
Elle a beau être la seule formation espagnole à prendre le départ du Tour de France, Movistar n’en a pas reçu plus d’applaudissements. Sur le podium de la présentation des équipes, jeudi, les coureurs basques ont naturellement été ovationnés, tout comme les grandes stars du peloton, alors que la montée sur scène de l’équipe espagnole n’a pas suscité de réel engouement. "Movistar est une équipe espagnole, et pour moi ça ne signifie pas plus que si c’était une équipe belge ou italienne. C’est une équipe de Navarre, mais qui ne compte aucun coureur navare, ils n’ont pas le même sentiment d’appartenance que nous avec nos équipes", explique Acier Gainza, venu dans le public avec un drapeau basque floqué du slogan "Les Basques décident".
100 000 bannières ainsi floquées vont être distribuées dans les jours à venir par Gure Esku Dago ("C’est entre nos mains"), un mouvement citoyen basque. "On revendique le droit de choisir si nous souhaitons être un bout d’Espagne, de France, ou indépendant", poursuit Acier Gainza.
"Le bon moment pour se faire entendre"
A quelques mètres de lui, un mat pointé vers le ciel mêle le drapeau basque à celui de la Palestine. Les deux sont mélangés, agités dès la montée sur scène de l’équipe Israel-Premier Tech, dont le propriétaire, le milliardaire israélien Sylvan Adams, souhaite "utiliser le sport pour créer des liens et porter l’image du pays". Les militants pro-palestiniens présents entonnent un slogan : "Boycott Israël, liberté pour la Palestine", avant de repartir sans assister à la fin de la présentation des coureurs. "Historiquement, le peuple basque est très solidaire de la Palestine et lutte contre la colonisation. Avec tous les médias présents aujourd’hui, c’était une bonne occasion de faire passer notre message", justifie Amaia Herrero, qui fait partie du mouvement international "Boycott, désinvestissement et sanctions", contre Israël.
Cette mise en lumière grâce au Tour, c’est aussi ce que sont venus chercher les policiers basques, en grève pour réclamer plus de moyens, et postés le long du cortège jusqu’à la scène. Comme eux, une partie du personnel hôtelier de Bilbao s’est lui aussi mise en grève, jeudi et vendredi, pour demander une augmentation des salaires et une évolution de la convention collective, gelée depuis 2020 alors que l’inflation grimpe. "Il faut bien comprendre que ce ne sont pas des grèves et des manifestations contre le Tour, mais nous avons déjà fait beaucoup de protestations sans avancées concrètes. Le Tour de France, c’est le bon moment pour se faire entendre et on espère que le patronat acceptera enfin de s’asseoir à la table des négociations", explique Pilar Minguez, femme de chambre et déléguée auprès du syndicat ELA, qui a mené des manifestations devant plusieurs hôtels de luxe jeudi.
Si les syndicats profitent de l’événement pour mettre en lumière leurs revendications, ils assurent n’avoir aucune intention de bloquer le Tour de France lors des trois étapes au Pays basque.
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