Tour de France 2023 : quelle stratégie pour Gaudu, quelles étapes pour Pinot et Alaphilippe... Quatre questions sur la dernière semaine des Français
Offensifs mais sans réussite depuis la deuxième étape et la victoire du coureur de chez Cofidis Victor Lafay, les Tricolores ont encore un terrain de jeu séduisant pour espérer ramener une victoire d'étape. Pour le classement général, ils sont encore deux, David Gaudu et Guillaume Martin, à viser un top 10 depuis l'abandon de Romain Bardet. Voici quatre questions sur l'ultime semaine de ce 110e Tour de France pour le contingent français.
Que doit faire David Gaudu ?
Quatrième en 2022, David Gaudu avait annoncé avant le départ ne pas viser moins, et donc le podium. Au soir de la 15e étape, le Breton est loin du compte. Il est 9e, à plus de huit minutes de Carlos Rodriguez, actuel 3e derrière l'intouchable duo Jonas Vingegaard-Tadej Pogacar. Meilleur Français au général, juste devant Guillaume Martin (Cofidis), le grimpeur de la Groupama-FDJ est certes en deçà de son objectif, mais il n'a pas à rougir tant le rythme imposé par les formations UAE-Emirates et Jumbo-Visma est dévastateur et met tout le peloton au supplice.
David Gaudu, qui avait maintenu son cap de classement général jour après jour malgré ses difficultés, a ouvert la porte samedi à modifier sa stratégie. "On va continuer à s'accrocher car on est là pour jouer le classement général. Mais ça va peut-être nous laisser un peu de liberté pour se glisser dans une échappée. Et si le lendemain, on explose... ce sera comme ça."
Le Breton va devoir lutter pour maintenir sa place dans le top 10 en suivant les favoris, lui qui est fréquemment décramponné. A l'image de Guillaume Martin ou Thibaut Pinot, qui s'étaient replacés au général à la faveur d'une échappée, David Gaudu devra peut-être forcer sa nature et jouer à l'avant pour grappiller des secondes, car un top 5 "ce n'est pas ridicule. Dans un Tour de France aussi rapide, il ne faut pas cracher dessus", a défendu son coéquipier Thibaut Pinot.
Julian Alaphilippe va-t-il rentrer à Paris sans victoire ?
Depuis 2018, Julian Alaphilippe n'est jamais reparti du Tour de France sans victoire : deux cette année-là puis en 2019, et une en 2020 et en 2021. Absent en 2022, le Français revenait sur cette édition à un niveau intéressant après sa victoire d'étape au Critérium du Dauphiné. Il a beaucoup tenté jusqu'à maintenant, presque chaque jour, ne ménageant jamais ses efforts pour prendre l'échappée.
Le double champion du monde s'est aussi beaucoup dispersé, et n'a jamais été en mesure de jouer une victoire d'étape (10e comme meilleur résultat lors de la 10e étape). "Ça fait chier de se battre pour un top 10, j'aurais préféré pour la victoire mais je n'ai aucun regret", lâchait le Français ce soir là.
Va-t-il justement regretter dans la ligne droite finale ses efforts consentis, lui qui n'a gagné qu'une seule de ses six étapes du Tour en troisième semaine ? Il n'aura de toute façon plus beaucoup de cartouches à disposition, puisque le parcours lui convient moins, avec un contre-la-montre, deux étapes de montagne et trois sprints. Le parcours des 19e et 20e étapes sont sans doute celles qui lui correspondent le plus, même si la lutte sera féroce. Mais Julian Alaphilippe nous a habitués à gagner alors qu'on ne l'attendait pas.
Quelle étape pour Thibaut Pinot ?
Pour son dernier Tour de France, Thibaut Pinot avait annoncé vouloir soutenir son leader David Gaudu et qu'il saisirait sa chance si elle lui était offerte. Le Franc-Comtois a eu des fourmis dans les jambes à partir de la mi-Tour, et il avait fait une belle remontée au classement en échappée lors de la 12e étape. Dans les Alpes, où il avait déjà gagné à l'Alpe-d'Huez en 2015, Thibaut Pinot a été à l'avant samedi et dimanche, signe que la victoire n'est pas si loin.
Il lui reste désormais deux possibilités de quitter le Tour de France avec une quatrième victoire d'étape : mercredi au col de la Loze, le toit de cette édition (2 304 mètres), et samedi, sur ses terres dans le Jura. Mais il lui faudra être très fort : mercredi, les favoris voudront faire basculer le Tour, d'autant que Jonas Vingegaard n'a pas encore levé les bras. Samedi, à la veille de l'arrivée, ce sera la dernière opportunité pour tous de ne pas revenir bredouille à Paris. Une équation complexe pour le grimpeur de 33 ans.
Bryan Coquard peut-il bousculer Jasper Philipsen ?
A priori, Bryan Coquard va, comme chaque année depuis 2014, repartir sans victoire du Tour de France, lui qui bute toujours sur un os dans les sprints. Le sprinteur de la formation Cofidis, qui compte 26 top 10 sur la Grande Boucle, a pourtant des raisons de croire que cette année sera la bonne, car il est le sprinteur français le plus régulier sur ce Tour. "J'aimerais bien gagner mais c'est la course la plus dure du monde. Je fais pas mal de places mais un peu les places merdiques, il faut que mes coéquipiers m'expliquent comment faire pour gagner !", souriait-il au soir de la victoire de son coéquipier Ion Izagirre.
Avec Caleb Ewan et Fabio Jakobsen en moins, le Nazairien va pouvoir encore plus rôder autour de Jasper Philipsen lors des sprints, qui devraient être au nombre de trois cette dernière semaine (18e, 19e et 21e étapes). Il faudra néanmoins devancer le Belge et Mads Pedersen, ses deux concurrents au maillot vert, pour tripler la mise pour Cofidis, ce qu'aucune équipe française n'a réussi depuis Europcar en 2012 (Thomas Voeckler et Pierre Rolland).
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